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L’avenir des emplois aux États-Unis s’annonce complexe, alors que le pays doit s’éloigner des fantasmes d’une industrie manufacturière florissante. La réalité économique actuelle exige de repenser les métiers peu qualifiés qui ont longtemps assuré un revenu décent à la classe populaire.
Fantasmes autour de la réindustrialisation
Depuis plusieurs années, la perte d’emplois manufacturiers est associée à la stagnation des salaires et à divers problèmes sociaux. Dans les années 2000, près de 6 millions d’emplois ont disparu dans ce secteur. Ces postes offraient autrefois une certaine stabilité financière, notamment dans des villes comme Pittsburgh, surnommée « Steel City ». Aujourd’hui, les politiques, y compris celles de Joe Biden, nourrissent le désir de restaurer ces emplois perdus, témoignant d’un rêve partagé entre les différentes administrations.
L’érosion naturelle des emplois manufacturiers peu qualifiés
Cependant, même si l’industrie manufacturière devait se redresser, les anciens emplois ne reviendront pas. Les usines produisent davantage avec moins de main-d’œuvre, une tendance similaire à celle observée dans l’agriculture. Les postes qui attiraient autrefois les travailleurs dans les usines ont pratiquement disparu. Les métiers d’électricien, de mécanicien ou de policier représentent désormais des alternatives offrant des salaires décents sans nécessiter de diplôme.
Actuellement, moins de 4 % des travailleurs américains sont directement employés dans des usines, et cette situation n’est pas unique aux États-Unis. D’autres pays comme l’Allemagne et le Japon constatent également un déclin de ces postes, tandis que la Chine a supprimé plus de 20 millions d’emplois dans les usines entre 2013 et 2023.
Le coût de la relocalisation
Un effort de relocalisation pour réduire le déficit commercial américain de 1 200 milliards d’euros n’améliorerait que marginalement la situation de l’emploi. Selon les estimations, même si cette relocalisation créait 3 millions d’emplois, cela n’augmenterait que très légèrement la part de la main-d’œuvre dans le secteur manufacturier. De plus, cela pourrait engendrer un coût de 600 milliards d’euros supplémentaires, soit 200 000 euros par emploi « sauvé ».
Des emplois plus tellement rémunérateurs
Les emplois en usine ne sont plus aussi attractifs qu’auparavant. Dans les années 1980, les travailleurs de l’industrie manufacturière gagnaient 10 % de plus que dans d’autres secteurs. Aujourd’hui, ces emplois sont souvent moins bien rémunérés que ceux du secteur des services. La prime salariale pour les travailleurs non diplômés dans le secteur manufacturier a complètement disparu, tandis que la productivité ralentit.
Des cols-bleus de plus en plus rares
Obtenir un emploi dans l’industrie est devenu plus difficile. Les usines modernes sont principalement gérées par des ingénieurs, et la main-d’œuvre traditionnelle a considérablement diminué. Le taux de syndicalisation a également chuté, rendant ces emplois moins sécurisés qu’auparavant.
Quels équivalents aujourd’hui ?
Pour identifier des alternatives modernes aux emplois manufacturiers, il faut se tourner vers des métiers comme mécaniciens, techniciens de maintenance et agents de sécurité. Plus de 7 millions d’Américains travaillent dans des métiers manuels qualifiés, généralement bien rémunérés et avec une syndicalisation supérieure à la moyenne.
Cependant, ces nouveaux emplois ne créent pas la même dynamique économique que les anciennes usines, car ils ne sont pas concentrés dans des « villes industrielles ». Malgré cela, ces secteurs représentent une part cruciale de l’économie moderne.
Un avenir pour les travailleurs sans diplôme
Les perspectives pour les travailleurs sans diplôme semblent se diriger de plus en plus vers des secteurs en croissance comme la santé et les services à la personne, prévoyant des augmentations d’emplois significatives. Il est essentiel de se concentrer sur l’amélioration de la productivité dans ces domaines, notamment par l’intégration de nouvelles technologies.