Le fonds souverain norvégien, plus grand fonds de richesse au monde, fait face à une controverse grandissante au sujet de ses investissements dans plusieurs entreprises israéliennes. Ces sociétés sont accusées, notamment par des voix politiques et médiatiques, de soutenir des opérations militaires à Gaza ainsi que des activités dans les colonies de Cisjordanie occupée.
Avec un portefeuille mondial d’environ 1,9 trillion de dollars réparti dans près de 8 700 entreprises, le fonds détient des parts dans 65 entreprises israéliennes, pour une valeur totale de 1,95 milliard de dollars à la fin de l’année 2024. Cette situation soulève un débat intense en Norvège, à quelques semaines des élections nationales prévues le 8 septembre.
Le ministre norvégien des Finances, Jens Stoltenberg, a annoncé vendredi dernier qu’une décision serait prise mardi prochain concernant l’ajustement des investissements en Israël. Il a toutefois précisé qu’il ne s’agirait pas d’un retrait total de toutes les entreprises israéliennes, car cela équivaudrait à retirer des investissements uniquement à cause de leur nationalité. Il a toutefois insisté sur la nécessité d’agir rapidement sur les mesures possibles à court terme.
Cette révision accélérée fait suite à des enquêtes médiatiques en Norvège révélant que le fonds possédait des actions dans la société israélienne Motors Bit Shemesh. Cette entreprise fournit des services à l’armée israélienne, notamment la maintenance d’avions de combat. Cette découverte a déclenché une vive polémique politique à quelques semaines des élections et conduit le conseiller éthique externe du fonds à reconnaître qu’il aurait fallu envisager le retrait des investissements dans cette société. De son côté, Motors Bit Shemesh a choisi de ne pas commenter cette affaire.
Le fonds avait précédemment vendu l’intégralité de ses parts dans des sociétés opérant dans les colonies israéliennes.
Jens Stoltenberg a expliqué qu’un des débats en cours entre le ministère des Finances et le fonds concerne le rôle des gestionnaires d’investissements externes dans ce type de décisions. Il a expliqué que l’investissement dans Motors Bit Shemesh avait été réalisé via un gestionnaire externe dont l’identité n’a pas été divulguée. Le fonds fait appel à trois gestionnaires israéliens externes pour gérer une partie de ses actifs en Israël.
Par le passé, le fonds souverain avait déjà pris des mesures similaires :
- En mai dernier, il a vendu toutes ses parts dans la société israélienne Baz, spécialisée dans le carburant, à cause de stations situées dans les colonies.
- En décembre, il avait également liquidé ses actions dans l’opérateur télécom Bezeq pour le même motif.
Actuellement, une évaluation est en cours pour la vente des parts du fonds dans cinq banques israéliennes. En juin, le parlement norvégien avait rejeté un projet de loi demandant au fonds de retirer tous ses investissements dans les entreprises actives dans les territoires palestiniens occupés.
Par ailleurs, le gouvernement norvégien mène une révision approfondie des relations du fonds avec les activités économiques israéliennes, en particulier dans le contexte de la guerre à Gaza. Cette démarche porte un accent particulier sur le respect des directives éthiques établies par le parlement, notamment sur l’investissement dans les zones de conflit et d’occupation militaire.
Cette dynamique reflète une pression politique croissante en Norvège et un doute grandissant quant à l’engagement du fonds envers ses propres normes éthiques. Si ce dernier a montré sa volonté de vendre ses parts dans les cas liés aux colonies, il conserve cependant des investissements liés directement au secteur militaire israélien, ce qui alimente les débats nationaux sur la cohérence de sa politique d’investissement.