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L’éducation, clé de la paix mondiale face aux conflits armés
Les dirigeants politiques se rassemblent à Doha pour le Forum sur la promotion de la paix mondiale, un événement crucial à une époque où le monde n’a jamais connu un tel nombre de conflits armés depuis la Seconde Guerre mondiale. Des guerres en cours à Gaza, en Myanmar, au Soudan, en Ukraine et au Yémen, pour ne citer que quelques exemples, soulignent la gravité de la situation.
Les conséquences des conflits armés
Les victimes de ces guerres terribles sont innombrables. Cependant, je suis venu à Doha pour mettre en lumière une victime souvent négligée, considérée comme un dommage collatéral, mais qui est en réalité essentielle pour bâtir un monde plus pacifique : l’éducation.
Les conflits ne se contentent pas de ravager des vies, ils privent également les survivants de leur espoir d’un avenir meilleur par le biais de l’éducation. Prenons Gaza comme exemple : environ 44 % des victimes sont des enfants, et bientôt, il pourrait ne rester aucune école, car 90 % d’entre elles ont été détruites ou endommagées depuis octobre 2023.
Les enfants et l’éducation
Au Soudan, le conflit a contraint jusqu’à 17 millions d’enfants à abandonner l’école, tandis que la guerre civile au Yémen a privé 4,5 millions d’enfants d’éducation. De manière générale, l’éducation de un quart de milliard d’enfants a été affectée par des conflits à travers le monde.
Les filles sont deux fois et demie plus susceptibles que les garçons de ne pas avoir accès à l’éducation dans les pays touchés par des conflits, tandis que les enfants réfugiés ont cinq fois moins de chances d’aller à l’école que les autres enfants. Les conséquences de cette situation peuvent être dévastatrices.
Le rôle de l’éducation dans la paix
Lorsque la guerre ferme les portes des écoles, les enfants sont privés des compétences et des connaissances nécessaires pour participer efficacement à la société et à l’économie à l’âge adulte. Les effets des conflits sur l’éducation ne touchent pas seulement l’individu, mais affectent également toute la communauté, déstabilisant davantage la situation et alimentant de nouveaux conflits.
L’éducation, loin d’être seulement une victime de la guerre, est cruciale pour prévenir les conflits futurs. Des recherches menées par la Partenariat mondial pour l’éducation et l’Institut économique pour la paix montrent un lien clair entre l’éducation et la paix. Les pays où un grand nombre d’enfants achèvent leur éducation primaire et secondaire connaissent moins de conflits internes.
Exemples inspirants
Un exemple pertinent est celui du Népal, qui a adopté un nouveau constitution en 2015 et a établi un système démocratique après une guerre civile prolongée. Au cours des deux dernières décennies, le Népal a doublé les dépenses par habitant en éducation, améliorant ainsi la qualité de l’éducation. Avec l’augmentation des taux de scolarisation, le Népal a progressé de 30 places dans l’Indice de paix mondial et de huit places dans l’Indice de paix positif.
Appel à l’action pour l’éducation
J’ai voulu dire aux décideurs politiques à Doha que l’éducation représente simplement la forme de dépense défensive la plus efficace. Pourtant, le monde est loin d’investir suffisamment dans l’éducation comme rempart contre l’instabilité, avec un déficit d’environ 100 milliards de dollars par an pour offrir à tous les enfants du monde l’éducation de qualité dont ils ont besoin pour construire un avenir plus équitable et pacifique.
De plus, l’éducation n’est plus une priorité, sa part dans l’aide internationale ayant chuté de 9,3 % à 7,6 % entre 2019 et 2022. Si nous ne changeons pas cette tendance, des centaines de millions d’enfants dans les pays à revenu faible et moyen se retrouveront sans les compétences nécessaires pour bâtir leur futur.
L’espoir d’un avenir meilleur
Au Yémen, Mohammed, qui a un an de moins que la guerre qui a dévasté son pays, souhaite un avenir meilleur malgré les horreurs de son enfance. Il dit : « Bien qu’il n’y ait pas d’électricité à l’école, j’y vais parce que j’apprends quelque chose de nouveau chaque jour. Je veux un jour devenir pilote ».
La distance entre les contributions insuffisantes de la communauté internationale et les ambitions croissantes des enfants dans les zones de conflit n’a jamais été aussi grande. Mohammed mérite que ses rêves se réalisent, mais le manque de financement et les conséquences dévastatrices de la guerre le privent, lui et des millions d’autres enfants, de la chance d’atteindre leur plein potentiel.
Vers un avenir de paix
Les investissements que nous faisons aujourd’hui peuvent nous rapprocher d’un avenir plus pacifique ou nous plonger davantage dans les crises. Écarter l’éducation des priorités de l’aide internationale est un choix à courte vue qui ne fera que rendre la paix et la sécurité mondiales plus inaccessibles.
Bien que l’année 2024 présente un horizon sombre pour la paix mondiale, nous pouvons raviver l’espoir en investissant dans l’éducation des enfants. Les décideurs politiques présents au Forum de Doha ont la responsabilité collective d’offrir à chaque fille et garçon l’opportunité d’accéder à l’éducation dont ils ont besoin pour nous aider à construire un avenir pacifique.