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Les Guerres du blé : Une nouvelle histoire des céréales

by Chia

Les liens entre le commerce des céréales et l’histoire, selon Alessandro Stanziani

Dans un essai captivant, le chercheur Alessandro Stanziani se penche sur les relations complexes entre le commerce des céréales et les événements marquants de l’histoire humaine. En tant que spécialiste de l’histoire du capitalisme, il remet en question certaines idées reçues qui ont longtemps prévalu dans notre compréhension des dynamiques économiques et sociales.

Une nouvelle perspective sur le blé

Directeur d’études à l’EHESS et également chercheur au CNRS, Stanziani explore ici le blé et plus largement les céréales, des sujets souvent traités mais rarement examinés sous un nouvel angle. Il s’oppose aux interprétations traditionnelles qui affirment que la culture céréalière a été à l’origine de la formation des empires, comme ceux de la Mésopotamie, de l’Égypte, de la Chine ou de l’Inde. À ses yeux, ces récits ont obscurci les nombreuses alternatives agricoles qui existaient et qui ont été efficaces sans recourir à une production centralisée.

Le blé, un enjeu stratégique

Dans son ouvrage Les Guerres du blé (publié chez La Découverte), l’auteur présente une version alternative de l’histoire. Selon lui, c’est à partir du XVIIe siècle que les États ont commencé à organiser la production céréalière pour alimenter des métropoles croissantes et des armées en expansion. Cette période voit également l’émergence d’une classe de négociants qui profitent de la spéculation sur le commerce des grains. Ainsi, les famines ne relèvent pas uniquement des fluctuations de l’offre et de la demande, mais aussi des défaillances des États et des marchés, une réalité qui perdure aujourd’hui, notamment en Afrique.

Colonialisme et stratégies globales

Stanziani met également en lumière l’expansion coloniale des XVIIIe et XIXe siècles, qui vise non seulement à conquérir de nouvelles terres céréalières en Amérique et en Asie centrale, mais aussi à compenser la baisse des rendements agricoles. Les famines et pénuries, comme celles ayant touché l’Allemagne durant la Première Guerre mondiale, ont prouvé que la domination des puissances céréalières était aussi liée à des stratégies géopolitiques. Les totalitarismes du XXe siècle ont, quant à eux, émergé en réaction à l’effondrement des empires, imposant un contrôle étatique accru sur la paysannerie.

Une mondialisation marquée par la spéculation

La mondialisation contemporaine est indissociable des semences hybrides et des OGM, produits par des multinationales opérant dans un cadre de marchés dérégulés. Les changements socio-politiques récents, tels que les « printemps arabes », sont le fruit non seulement de luttes pour la démocratie, mais également d’une spéculation inquiétante sur les marchés des céréales. De plus, l’invasion de l’Ukraine par la Russie soulève des enjeux géopolitiques, énergétiques et céréaliers majeurs, mettant face à face deux des plus grands producteurs mondiaux de blé.

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