Home ActualitéBusinessEconomie et financeL’insolite saga du capitalisme : un autre regard sur l’histoire

L’insolite saga du capitalisme : un autre regard sur l’histoire

by Sara
France, USA, Chine

Cette sélection d’articles propose une autre lecture du capitalisme, en rappelant que les forces moteur des changements économiques n’ont pas toujours été celles qu’on croit : moulins à eau médiévaux, comptoirs asiatiques, révolutions technologiques royales et pétroles américains figurent tous dans un récit qui bouscule les idées reçues.

Les Français et le capitalisme dans la sélection de L’Histoire

La version revisitée de l’histoire économique rassemblée par Valérie Hannin et Guillaume Malaurie, respectivement directrice de la rédaction et directeur éditorial adjoint de L’Histoire, met en lumière des propositions souvent surprenantes sur l’émergence du capitalisme. La sélection réunit « des morceaux d’anthologie, signés de grandes plumes, qui ont bousculé la discipline » ; ces textes réexaminent des ruptures et des continuités dont la portée dépasse les frontières nationales.

Le lecteur de Challenges ne peut se désintéresser de tels sujets, même si Michel Winock, membre du conseil scientifique et cofondateur de L’Histoire, est là pour nous rappeler l’étrange relation qu’entretiennent les Français avec l’économie en général et le capitalisme en particulier. L’ouvrage interroge ainsi non seulement des faits économiques, mais aussi la manière dont les sociétés racontent leur propre développement.

Des origines inattendues, du Xe au XXIe siècle

Plusieurs contributions de la sélection avancent que des mutations décisives se sont produites bien avant la révolution industrielle britannique classique. On souligne, par exemple, le rôle des moulins à eau autour de l’an mil : pour certains auteurs, cette dynamique locale peut être considérée comme une « révolution industrielle » comparable à celle provoquée par le métier à tisser mécanisé en Angleterre.

La mondialisation n’y apparaît pas non plus comme un phénomène purement occidental. La sélection rappelle que des puissances d’Asie ont donné le coup d’envoi de mises en relation économiques à grande échelle, et que la version « occidentale » de la mondialisation — incarnée par le colonialisme — peut être lue comme une parenthèse historique plutôt que comme un point de départ unique.

Sur la longue durée, les trajectoires mentionnées vont des comptoirs asiatiques aux innovations soutenues par des dynamiques politiques et royales, en passant par l’essor du pétrole américain et des industries qu’il a alimentées : autant d’étapes qui montrent des chemins multiples vers l’accumulation et la diffusion du capital.

XXe et XXIe siècles : transferts de puissance et nouvelles cartographies

Les auteurs sélectionnés rappellent aussi des basculements géopolitiques qui ont façonné l’économie mondiale : la transformation du Royaume‑Uni en puissance industrielle au XVIIIe siècle, le déplacement du centre de gravité économique vers les États‑Unis après les guerres du XXe siècle, et l’ascension de la Chine au XXIe siècle. Ces constats sont présentés comme des lectures historiques des évolutions économiques plutôt que comme des certitudes immuables.

La montée de la Chine est évoquée à travers des formulations médiatiques repérées par les auteurs : ainsi, The Economist qualifie Pékin de « maître du capitalisme cool », expression conservée telle quelle dans la sélection pour souligner une lecture contemporaine et provocatrice des transformations actuelles.

Ce que propose la sélection : interroger les récits établis

L’ensemble des textes rassemblés par Valérie Hannin et Guillaume Malaurie a pour ambition de pousser le lecteur à remettre en cause quelques récits dominants. Plutôt que de suivre une trajectoire linéaire — invention, industrialisation, domination occidentale puis déclin — la sélection met en évidence des ruptures locales, des retours et des influences croisées.

En proposant des angles variés, ces articles invitent à replacer des phénomènes comme la mondialisation, la démocratie et les révolutions techniques dans des temporalités et des espaces plus larges : des institutions de la Grèce antique aux conquêtes portugaises du XVe siècle, en passant par des innovations souvent marginales mais décisives.

Ce regard instructif ne prétend pas neutraliser les débats, mais il rappelle que l’histoire économique accepte plusieurs récits possibles et que l’étude du capitalisme gagne à être enrichie par des perspectives multiples et parfois inattendues.

source:https://www.challenges.fr/economie/linsolite-saga-du-capitalisme-une-autre-version-de-lhistoire_621352

You may also like

Leave a Comment