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Pêche à Brest : Les Pêcheurs Face aux Problèmes d’Obus
« C’est plus possible, il faut que nous nous mettions tous autour de la table pour essayer de trouver des solutions. Et nous avons des idées, nous sommes tous disposés à causer ; la porte est ouverte ! » Ce cri du cœur provient de Philippe Perrot, vice-président du comité des pêches du Finistère nord et vice-président du Parc naturel marin d’Iroise, sur le port de pêche de Brest. Il est frustré par les démarches administratives complexes liées à son activité de marin-pêcheur.
Des Engins Explosifs en Mer
Philippe Perrot pêche la coquille Saint-Jacques depuis 2007. Son navire, Le Ménestrel, basé dans le port de Brest, remonte régulièrement des engins explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale pendant la saison de pêche. « La rade en est particulièrement constellée », affirme-t-il. En effet, le secteur où il travaille, situé entre la base navale de Lanvéoc et Brest, est le théâtre d’un passé historique tragique qui a laissé des vestiges sous-marins.
Un Protocole Long et Coûteux
Lorsqu’un engin est découvert, un protocole de sécurité s’applique. Le pêcheur doit alerter les autorités maritimes, ce qui entraîne une immobilisation du navire jusqu’à trois heures supplémentaires. « On travaille tôt le matin. Il faut techniquement les appeler à 11 heures, et ils arrivent souvent à 14 heures. Pour ce signalement d’engin, on est payés 300 euros. Mais souvent, nous recevons ce paiement un an après, et avec trois heures de gazole en attente, ce qui représente plus de contraintes que d’avantages », explique Philippe Perrot. Il défend ainsi les intérêts des 20 à 25 coquilliers de la rade touchés par cette situation, parmi les 33 navires de ce type basés à Brest.
Des Cas Judiciaires Controversés
La situation prend une tournure plus préoccupante, car en septembre 2023, deux patrons-pêcheurs ont été jugés pour « escroquerie à l’obus ». Accusés d’avoir sous-déclaré des engins découverts pour bénéficier indûment du système d’indemnisation, ils ont écopé de six mois de sursis, d’une amende de 5 000 euros et d’une interdiction d’exercice de la profession pendant six mois. Ce verdict a suscité une vive indignation au sein de la profession.
Une Diminution des Engins Remontés
Parallèlement, les données montrent une baisse préoccupante des obus remontés ces dernières saisons. D’après les informations relayées par « Le Télégramme », seulement une dizaine d’engins auraient été récupérés durant la saison 2023-2024, bien loin des chiffres des campagnes précédentes. Philippe Perrot souligne que bien que les chasseurs de mines et les drones sous-marins soient déployés pour sécuriser la façade atlantique, les aides financières pour les pêcheurs restent dérisoires par rapport aux coûts engagés.
Appel à la Concertation
Face à cette situation alarmante, les pêcheurs de Brest attendent une réunion officielle avec les autorités compétentes avant le début de la nouvelle saison de la coquille Saint-Jacques, prévue en octobre. La préfecture maritime de l’Atlantique a confirmé qu’elle souhaitait organiser cette rencontre afin de discuter des enjeux et des solutions possibles.
Les pêcheurs espèrent qu’une meilleure collaboration pourra améliorer leurs conditions de travail et réduire les coûts liés à la découverte d’obus en mer.