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Richesse maritime d’Afrique : enjeux et accords avec l’Europe

by Sara
Afrique, Europe

Richesse maritime d’Afrique : enjeux et accords avec l’Europe

L’Afrique est dotée d’une richesse maritime exceptionnelle, avec des eaux régionales regorgeant de ressources halieutiques qui sont essentielles pour l’économie locale et la sécurité alimentaire. Cependant, cette richesse fait face à des défis considérables qui menacent sa durabilité.

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les poissons représentent une source alimentaire précieuse pour les populations pauvres et constituent une pierre angulaire de la sécurité alimentaire en Afrique. Ils répondent à environ 22 % des besoins en protéines alimentaires des habitants de la région subsaharienne, soulignant leur importance pour un avenir alimentaire durable.

Richesse maritime en Afrique

Accords de pêche

L’Afrique contribue à environ 7 % de la production mondiale d’organismes marins, mais de nombreux pays africains, particulièrement ceux à faible revenu, n’exploitent pas pleinement leur potentiel dans ce domaine. L’année dernière, la production a atteint environ 14,4 millions de tonnes, avec 1,8 million de tonnes supplémentaires provenant de l’aquaculture.

La pêche traditionnelle est au cœur de ce secteur, tant dans les eaux maritimes que douces, et elle constitue la principale source de revenus pour des millions de personnes, représentant environ 10 % des emplois en Afrique.

Actuellement, plusieurs pays africains sont liés à environ 12 accords avec l’Union européenne, visant à organiser les activités de pêche, notamment par le biais d’accords pour la pêche au thon et d’accords de pêche mixte, qui incluent plusieurs espèces de poissons.

Inégalités dans les accords

Les périodes des accords varient selon les pays, la plupart d’entre eux expirant entre 2026 et 2029. Par exemple, la Guinée-Bissau a récemment renové son accord de pêche avec l’Union européenne, permettant aux navires espagnols, portugais, italiens, grecs et français de pêcher dans ses eaux pendant cinq ans, en échange de 85 millions d’euros, montant qui pourrait atteindre 100 millions avec les frais de licences.

Selon Rashid Soumila, professeur à l’Université de Columbia, les pays africains obtiennent des « accords injustes », recevant des retours dérisoires comparés à la valeur réelle de leurs ressources maritimes. Il souligne que les communautés de pêche en Afrique de l’Ouest perdent leurs richesses sans bénéficier d’investissements dans des projets de développement.

Exploitation des ressources

Les pays africains sont également confrontés à des défis liés à l’épuisement des ressources maritimes et à la dégradation des stocks de poissons. Cela constitue une menace pour les moyens de subsistance des communautés locales, car les quantités de poissons disponibles diminuent, rendant difficile la capacité des pêcheurs locaux à générer un revenu durable.

Aliou Ba, directeur de la campagne océanique chez Greenpeace, met en garde contre l’exploitation insoutenable des ressources maritimes à travers ces accords « injustes », qui exacerbent les inégalités sociales et économiques, poussant de nombreuses personnes à l’exil.

Un autre problème est la pêche illégale, pratiquée par des navires commerciaux qui exploitent les eaux territoriales des États sans licences appropriées.

Pêche illégale

Pertes économiques

Un rapport de l’Alliance pour la transparence financière estime que l’Afrique perd environ 11,5 milliards de dollars par an à cause de la pêche illégale et non régulée, la rendant la région la plus touchée au monde par de telles pratiques. Ce phénomène menace les stocks de certaines espèces de poissons et les moyens de subsistance de près de 5,2 millions de personnes travaillant dans la petite pêche.

Le rapport avertit des « conséquences sociales et économiques majeures » résultant de l’épuisement dû à la pêche non réglementée par des navires industriels, étant donné que l’Afrique de l’Ouest dépend fortement de la pêche comme source de revenus.

Selon la Banque mondiale, la pêche illégale et les activités de pêche non régulées coûtent à l’Afrique des pertes dépassant 1,3 milliard de dollars par an.

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