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Le Doliprane, un incontournable de l’industrie pharmaceutique française, est sur le point de changer de mains. Le groupe Sanofi a récemment annoncé qu’il entrait en négociation exclusive avec le fonds d’investissement américain CD & R pour la vente d’une participation majoritaire d’Opella, sa branche dédiée à la fabrication de ce médicament emblématique, mais aussi d’une centaine d’autres produits.
Une vente controversée
Cette annonce ne passe pas inaperçue et suscite des réactions vives. Eric Coquerel, député de La France Insoumise, a exprimé son indignation sur les réseaux sociaux en soulignant que le Doliprane, autrefois introuvable sur le marché, ne devrait pas être abandonné à un investisseur étranger. Le choix de Sanofi de vendre à un fonds américain, après avoir envisagé un rachat par des fonds français, soulève des questions sur la souveraineté et l’avenir de la production pharmaceutique en France.
Des chiffres à considérer
Sanofi a mis en avant l’activité florissante d’Opella, qui a réalisé une croissance des ventes de 6,3 % en 2023. Avec un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros et une rentabilité de 20 %, certains experts estiment que la séparation de cette division pourrait s’avérer risquée pour l’entreprise. Frédéric Bizard, économiste spécialiste des questions de santé, considère que c’est une décision risquée, car elle implique de se défaire d’une source de revenus stable et lucrative.
Qui est CD & R ?
Le fonds d’investissement CD & R, fondé en 1978 à New York, est connu pour sa solidité financière et ses investissements diversifiés, y compris dans des entreprises françaises comme Mobilux. Il aurait proposé environ 15 milliards d’euros pour acquérir Opella, dépassant ainsi l’offre d’autres investisseurs potentiels. Les ministres de l’Économie affirment que ce partenariat pourrait apporter des bénéfices au développement d’Opella et à la préservation des sites en France.
Impact sur l’emploi
La vente suscite des inquiétudes concernant les 11 000 employés d’Opella, dont 1 300 en France. La CGT Sanofi a exprimé sa colère face à ce qu’elle considère comme une marchandisation des travailleurs. Les ministres ont tenté de rassurer en promettant des engagements pour maintenir les emplois et les activités en France, mais des doutes subsistent quant à la pérennité de ces promesses dans un cadre de propriété partielle par un investisseur étranger.
Souveraineté industrielle : un enjeu critique
La question de la souveraineté industrielle en matière de médicaments est mise en avant, surtout dans le contexte de la crise sanitaire récente. Les experts, dont Frédéric Bizard, soulignent que des modèles alternatifs de gestion de la production de médicaments pourraient aider la France à maintenir son indépendance. Le manque d’initiatives pour soutenir les entreprises pharmaceutiques nationales pourrait mener à une désertification de l’industrie, un phénomène alarmant pour un pays qui était autrefois le leader dans ce domaine.