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Alors que la dernière décennie a offert des rendements exceptionnels aux investisseurs, dopés par une liquidité abondante et des taux bas, le vent semble tourner en 2025. Entre l’explosion de la dette publique mondiale et le resserrement des politiques monétaires, l’analyse des facteurs macroéconomiques suggère une normalisation imminente des marchés financiers.
Une décennie dorée pour les actifs à risque
Les dix dernières années resteront gravées comme une période faste pour la finance mondiale. Les investisseurs ayant opté pour des produits diversifiés à haut risque ont bénéficié de performances remarquables. À titre d’exemple, l’indice S&P 500 a généré un rendement annuel moyen d’environ 14 %, tandis que l’immobilier américain affichait une progression de 7 %, hors revenus locatifs.
L’année 2025 s’inscrit, pour l’instant, dans la continuité de cette euphorie. Le cours de l’or a bondi de 52,7 % depuis le début de l’année, et les marchés boursiers chinois et grecs surperforment. Même les obligations américaines à 10 ans, traditionnellement considérées comme des valeurs refuges à faible risque, affichent un rendement de 7,3 %. Pourtant, cette dynamique repose sur des fondamentaux macroéconomiques qui s’effritent.
Le rôle moteur de la dette publique américaine
L’un des principaux catalyseurs de cette croissance des marchés a été l’expansion massive de la dette publique. Aux États-Unis, première puissance économique mondiale, la dette est passée de 8 500 milliards de dollars en 2005 à près de 35 000 milliards de dollars (environ 32 300 milliards d’euros) en 2024. Le ratio dette/PIB a ainsi doublé pour atteindre 120 %.
Cette injection massive de liquidités dans l’économie a mécaniquement augmenté le revenu disponible et la capacité d’investissement, propulsant les marchés boursiers. La corrélation est frappante : entre 2005 et 2007, période de stabilité de la dette américaine, le S&P 500 ne progressait que de 8,6 % par an, contre 14 % lors de la dernière décennie d’expansion budgétaire.
L’Europe et la Chine face au mur de la dette
Cette tendance à l’endettement n’est pas isolée. La Chine a vu sa dette exploser, passant de 600 milliards à 16 500 milliards de dollars (environ 15 200 milliards d’euros) pour soutenir son marché immobilier et son expansion géopolitique. Bien que sa marge de manœuvre reste supérieure à celle des États-Unis, elle se réduit dangereusement avec un ratio dette/PIB dépassant les 95 % en 2025.
En Europe, la situation est contrastée. Seule l’Allemagne a réussi à maintenir une relative stabilité de sa dette sur vingt ans. À l’inverse, la dette de la France a plus que doublé et celle du Royaume-Uni a triplé. La France se trouve d’ailleurs dans une position délicate, peinant à résorber ses déficits budgétaires massifs, rejoignant l’Italie et le Royaume-Uni dans le club des nations dont la dette excède largement 100 % du PIB.
Vers une normalisation des rendements
La macroéconomie mondiale entre dans une nouvelle ère. Les liquidités qui ont alimenté la hausse des actifs risqués pourraient se tarir. Les États-Unis amorcent une réduction de leur déficit fiscal via des tarifs commerciaux et des coupes budgétaires, ce qui devrait freiner les flux financiers vers les marchés.
Parallèlement, l’époque des taux zéro est révolue. La Banque centrale européenne maintient ses taux autour de 2 % et les marchés n’anticipent pas de changements majeurs avant 2026. Cette nouvelle donne monétaire signifie que les gouvernements surendettés ne pourront plus se financer à coût nul.
En conséquence, les rendements des investissements devraient se normaliser. Les produits à haut risque pourraient voir leurs performances s’éroder, tandis que les placements à faible risque, soutenus par des taux d’intérêt plus élevés, retrouvent une compétitivité qu’ils avaient perdue depuis longtemps.