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Les dirigeants du Canada et du Mexique ont vivement critiqué la récente augmentation des tarifs sur l’acier et l’aluminium imposée par le président des États-Unis, Donald Trump. Ce dernier a en effet fait passer les droits d’importation sur ces métaux de 25 % à 50 %, provoquant une onde de choc internationale dès l’entrée en vigueur de la mesure mercredi matin.
Réactions unanimes contre les hausses tarifaires américaines
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a qualifié ces nouveaux tarifs d’« injustifiés » lors d’un point presse. Il a dénoncé leur illégalité et souligné leur impact négatif non seulement sur les travailleurs et l’industrie américaine, mais aussi sur le secteur industriel canadien.
De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé son intention de prendre des mesures en représailles si Washington ne revenait pas sur cette politique. Elle a averti que ces taxes auraient un effet « énorme » sur les industries de l’acier et de l’aluminium mexicaines. Elle a précisé que leurs actions viseraient à protéger emplois et industries, sans toutefois détailler les mesures envisagées.
Le Canada appelle à une riposte ferme
L’annonce de la hausse des tarifs remonte à vendredi dernier, lors d’un rassemblement organisé par Donald Trump près de Pittsburgh, en Pennsylvanie, région emblématique du déclin industriel américain, surnommée le Rust Belt. Le président américain avait promis d’utiliser ces taxes pour ramener emplois et investissements dans cette zone.
Initialement fixés à 25 % en mars, ces tarifs avaient été menacés d’être doublés spécifiquement pour les importations canadiennes, avant que Trump semble reculer temporairement sur ce point. Ces menaces ont néanmoins tendu les relations entre Washington et Ottawa, le Canada étant le premier fournisseur d’acier aux États-Unis, suivi du Brésil et du Mexique.
En ce qui concerne l’aluminium, le Canada représente environ 40 % des importations américaines, devant les Émirats arabes unis, la Russie et le Mexique. Le gouvernement canadien a promis des mesures de rétorsion tant que ces tarifs resteront en vigueur.
Le syndicat Unifor, l’un des plus importants au Canada, a exhorté le gouvernement à agir immédiatement, y compris par une restriction des exportations de métaux critiques vers les États-Unis. Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, province industrielle majeure, a quant à lui appelé à une réponse à la hauteur, suggérant d’appliquer un tarif supplémentaire de 25 % sur l’acier américain, portant le total à 50 %.
Les défis du commerce international et des accords commerciaux
Les hausses tarifaires américaines affectent durement l’économie intégrée de la région, notamment les secteurs automobiles qui dépendent de chaînes d’approvisionnement transfrontalières. Le traité USMCA, qui remplace l’ALENA, a été conclu durant le premier mandat de Trump (2017-2021), mais celui-ci souhaite renégocier ce pacte pour obtenir des conditions plus favorables pour les États-Unis.
L’augmentation des tarifs sur l’acier et l’aluminium aura aussi un impact global dépassant largement l’Amérique du Nord. L’Union européenne, par exemple, se prépare à réagir : le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, a rencontré le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, lors d’une réunion de l’OCDE. Ils ont affirmé maintenir le dialogue et avancer rapidement.
Le Royaume-Uni, en voie de finalisation d’un accord bilatéral post-Brexit avec les États-Unis, a indiqué que ses importations d’acier ne seraient pas soumises à ces augmentations. Un porte-parole britannique a souligné cet avantage issu de l’accord commercial récent.
Un contexte juridique complexe et des négociations difficiles
Cette nouvelle hausse intervient quelques jours après qu’une cour fédérale a jugé illégaux les tarifs dits réciproques imposés par Trump, qui avaient ciblé presque tous les partenaires commerciaux des États-Unis avec des taxes personnalisées. Malgré cette décision, les tarifs restent en vigueur en attendant la suite des procédures judiciaires.
Parmi les plus affectés figure la Chine, dont les exportations vers les États-Unis ont subi des taxes atteignant jusqu’à 145 % plus tôt cette année. Le gouvernement américain tente cependant de trouver un accord pour mettre fin à cette guerre commerciale, avec un entretien prévu entre Trump et le président chinois Xi Jinping dans la semaine.
Cependant, ces négociations s’annoncent compliquées. Trump s’est montré prudent sur les chances d’un accord rapide, qualifiant le président chinois de « très dur et extrêmement difficile à négocier ». De son côté, Pékin maintient sa position stable et cohérente sur le développement des relations sino-américaines.