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CEDEAO en Guinée-Bissau : médiation après le coup

by Sara
Guinée-Bissau, Nigeria, Sierra Leone, République du Congo

Une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est rendue en Guinée-Bissau pour engager des pourparlers de médiation avec les dirigeants militaires à la suite du coup d’État intervenu après une élection fortement contestée.

La mission, conduite par le président de la CEDEAO et chef d’État de Sierra Leone, Julius Maada Bio, est arrivée lundi pour demander aux autorités militaires une « restauration complète de l’ordre constitutionnel ». Les discussions se veulent intensives alors que la pression régionale monte sur les putschistes.

Objectifs et déroulement de la mission

La délégation visait plusieurs objectifs immédiats :

  • exiger le rétablissement de l’ordre constitutionnel;
  • protéger les responsables politiques et candidats menacés;
  • ouvrir un canal de dialogue entre les parties en conflit.

Le ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone, Timothy Musa Kabba, a décrit les rencontres comme « très fructueuses », ajoutant que « les deux parties ont exprimé leurs différentes préoccupations ». Le ton resterait diplomatique mais ferme.

Position des autorités transitoires

Joao Bernardo Vieira, nommé récemment ministre des Affaires étrangères par les nouvelles autorités de transition, a assuré que « la CEDEAO ne quittera pas le pays pendant cette période difficile ». Il a précisé que les échanges avec l’organisation allaient se poursuivre.

En parallèle, les autorités militaires ont renforcé les mesures de sécurité sur l’ensemble du territoire, interdisant les manifestations et les grèves afin de prévenir toute escalade.

Contexte : l’élection du 23 novembre et le coup

Le coup d’État est survenu trois jours après l’élection présidentielle du 23 novembre, un scrutin très serré dont les résultats provisoires n’ont pas été publiés.

Les deux principaux candidats, le président sortant Umaro Sissoco Embalo et l’opposant Fernando Dias da Costa, avaient chacun revendiqué la victoire avant l’annonce de quelconques résultats officiels.

Destin du président déposé et nouveaux noms au pouvoir

Lors de la prise de pouvoir, Umaro Sissoco Embalo a déclaré à la presse française par téléphone avoir été renversé et arrêté. Il a ensuite rejoint Brazzaville, la capitale de la République du Congo. (Voir le reportage original : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/29/guinea-bissaus-deposed-president-travels-to-congos-brazzaville-reports)

Les militaires ont nommé l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Horta Inta-A, à la tête d’un gouvernement de transition d’un an. Samedi, ce dernier a annoncé un nouveau cabinet de 28 membres, composé en grande partie de personnalités proches du président déposé.

Demandes de protection et présence nigériane

Le Nigeria a informé la CEDEAO que son président, Bola Tinubu, avait ordonné la protection de l’opposant Dias da Costa, évoquant une « menace imminente » contre sa vie.

Selon une lettre du ministre nigérian des Affaires étrangères envoyée à la CEDEAO, Fernando Dias da Costa se trouverait actuellement à l’ambassade du Nigeria à Bissau. Le Nigeria a demandé le déploiement de troupes de la CEDEAO pour assurer la sécurité du candidat de l’opposition.

Situation des partis d’opposition et allégations d’atteintes

Le principal parti d’opposition, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), a déclaré que son siège avait été « illégalement envahi par des groupes de milices lourdement armés » dans la capitale.

Le PAIGC avait été interdit de présenter un candidat lors de l’élection du 23 novembre, une décision critiquée par des groupes de défense des droits civils qui y voient une répression plus large des dissidences.

Réactions institutionnelles et pressions internationales

La CEDEAO, organisation régionale à 15 États membres, a réagi en suspendant la Guinée-Bissau de toutes ses instances décisionnelles « jusqu’au rétablissement d’un ordre constitutionnel plein et effectif ». Cette suspension vise à isoler les autorités putschistes et à accroître la pression diplomatique.

Au plan international, la condamnation s’est amplifiée. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s’est dit profondément préoccupé et a dénoncé la prise de pouvoir militaire.

Guterres a appelé au « rétablissement immédiat et inconditionnel de l’ordre constitutionnel » et à la libération de tous les responsables détenus, y compris des autorités électorales et des personnalités de l’opposition.

Mesures prises sur le terrain et points de vigilance

Sur le terrain, plusieurs éléments restent à surveiller :

  • la sécurité des candidats et des responsables électoraux détenus;
  • le respect des libertés publiques malgré l’interdiction des manifestations;
  • l’évolution des pourparlers entre la CEDEAO et les autorités militaires;
  • le calendrier et la nature de la transition annoncée par les putschistes.

La situation demeure fragile et les prochaines heures seront déterminantes pour savoir si un accord politique peut être trouvé ou si la crise s’enlise.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/1/ecowas-delegation-visits-guinea-bissau-for-talks-after-military-coup

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