En Chine, Noël est célébré dans la banlieue de Tianjin, à environ 80 kilomètres de Pékin, mais sous une vigilance étroite des autorités. Sur place, quelque 500 fidèles se sont levés avant l’aube pour la messe de Noël dirigée par Monseigneur Melchior Shi Hongzhen, âgé de 96 ans. Cet évêque, autrefois clandestin, a été reconnu par le régime en 2024, alors que son Église demeure sous surveillance policière et administrative.

Pour encadrer la célébration, un poste de police provisoire a été installé devant l’église et une dizaine d’agents contrôlaient l’accès tandis que des forces de sécurité restaient visibles à l’intérieur. Une caméra amovible a été posée pour filmer tout ce qui se dit et se fait dans le bâtiment, reflétant l’attention constante du pouvoir sur les rites religieux.
Dans l’homélie, l’un des prêtres évoque la souffrance liée à la maladie mais évite toute allusion sensible. Les fidèles sont habitués à ce cadre, mais plusieurs estiment que l’ingérence du Parti communiste dans la vie de l’Église est devenue trop directe. « Ici, c’est l’Église clandestine », déplore une catholique. « Désormais, elle est autorisée par le gouvernement. Mais la foi et la politique ne devraient pas être mêlées ; ma foi est liée à l’Église. »
Une réalité particulièrement tangible: les églises sont interdites aux enfants. Parmi les 500 fidèles, aucun mineur ne participe à la messe. Un père de famille affirme: « Les enfants ne sont pas autorisés ici. Je voulais amener le mien, mais ils ne nous ont pas laissés entrer. Alors j’attends qu’ils soient plus grands. »
D’autres résistent à leur manière. Une retraitée, sans contester ouvertement les directives du Parti, déclare toutefois: « Je suis chrétienne. J’obéis d’abord au pape et je reste fidèle à son leadership. »
Cette scène illustre le haut niveau de contrôle pesant sur les communautés chrétiennes en Chine et le dilemme vécu par les fidèles entre pratique religieuse et surveillance étatique.