Chiara Ferragni est visée par une information judiciaire en Italie pour fraude présumée liée à une opération caritative autour d’une brioche de Noël, le pandoro. Le parquet de Milan a requis une peine d’un an et huit mois de prison, et le verdict est attendu à la mi-janvier après la plaidoirie des avocats le 19 décembre. En pratique, les peines inférieures à deux ans ne conduisent pas systématiquement à l’emprisonnement en Italie.
Née à Crémone, Ferragni est devenue l’une des figures les plus suivies des réseaux sociaux en Italie et à l’étranger. À 22 ans, elle lance en 2009 son blog mode et lifestyle The Blonde Salad. En quelques années, elle transforme ce site en holding mêlant plateforme et boutique en ligne, et elle multiplie les collaborations avec des marques comme Nespresso ou Tod’s, intégrant ce dernier au conseil d’administration en 2021. Sa célébrité dépasse vite les frontières et, à Milan, sa présence est devenue centrale sur les podiums et même à Sanremo.
Les faits et les enjeux
À l’automne 2022, l’influenceuse s’associe avec Balocco pour commercialiser une édition de Noël du pandoro baptisée PinkChristmas, dont les bénéfices étaient destinés à des enfants malades de l’hôpital Regina Margherita de Turin. Un an plus tard, l’affaire éclate: Balocco affirme n’avoir reçu que 50 000 € et Ferragni est accusée d’avoir empoché environ 1 000 000 €. L’autorité de la concurrence italienne a condamné la société à une amende équivalente au bénéfice réalisé.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux, Ferragni plaide sa bonne foi et fond en larmes, sans convaincre les autorités. Par ailleurs, une seconde opération est mise au jour, autour d’œufs de Pâques vendus au profit d’une association d’aide aux autistes: seuls 36 000 € ont été reversés, laissant un bénéfice estimé à 1,2 million €.
En décembre 2023, la Première ministre Giorgia Meloni s’empare du dossier et dénonce les influenceurs qui capitalisent sur la charité pour promouvoir des produits coûteux. Le terme pandoro gate est utilisé dans les débats publics, et le sujet devient un enjeu d’État. En 2024, l’Italie adopte une loi visant à prévenir les dérives des artistes influenceurs, rapidement surnommée la Loi Ferragni.

Pour celle qui a bâti son image en business, être associée à des détournements de dons et à une réforme législative est lourd de conséquences. Ferragni perd environ 150 000 abonnés et sa société Fenice subit un manque à gagner estimé à 10 millions €; elle ne fait pas partie du conseil d’administration de Tod’s à la suite des événements. Le couple se sépare également en 2024 et des révélations sur des infidélités fragilisent l’image familiale. Un ancien associé, Pasquale Morgese, affirme publiquement que « Chiara ne pensait qu’à l’argent ».
Malgré tout, l’influenceuse continue d’occuper l’espace médiatique numérique, publiant régulièrement des contenus mode sur Instagram, où son compte totalise environ 28,1 millions de followers. Elle annonce avoir choisi le rito abbreviato, une procédure abrégée des audiences, afin de bénéficier d’un éventuel allègement de peine en cas de condamnation. Par ailleurs, elle affirme avoir effectué des dons totalisant 3,4 millions d’euros.
Les analystes estiment que le rétablissement de la confiance des marques dépendra de la solidité du lien qu’elle entretient avec sa communauté et non seulement de sa notoriété. Des agences rappellent que l’influence repose sur une relation de proximité; si celle-ci est ébranlée, le recours à des collaborations peut se raréfier.

Ce dossier est toujours en cours et, en attendant, Chiara Ferragni poursuit son activité sur les réseaux sociaux et reste une figure majeure du paysage médiatique italien, avec une présence continue auprès de ses communautés et des projets commerciaux en cours.