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Cinq ans après la tempête Alex : résilience et reconstruction dans les Alpes-Maritimes

by Sara
France

Cinq ans après la tempête Alex, les Alpes-Maritimes poursuivent leur reconstruction et cherchent à renforcer leur résilience face à des épisodes climatiques plus fréquents et plus violents ; la région commémore les inondations meurtrières de 2020 tout en affrontant le coût et la complexité des travaux de remise en état.

Tempête Alex et bilan humain et matériel dans les Alpes-Maritimes

Le 2 octobre 2020, la tempête Alex a déversé un demi-mètre d’eau en quelques heures dans l’arrière-pays de Nice et Menton, transformant la Vésubie, la Tinée et la Roya, trois rivières habituelles en torrents destructeurs. Dix personnes ont été tuées et huit portées disparues. Des routes, des ponts, des habitations, des bâtiments publics, des entreprises et des cimetières ont été emportés ; quelque 13 000 habitants se sont retrouvés coupés du monde.

Maison partiellement effondrée à Saint-Martin-Vésubie en 2021
Une maison en partie effondrée à Saint-Martin-Vésubie, dans les Alpes-Maritimes, le 21 septembre 2021

Les autorités rappellent aussi le précédent dramatique : dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015, de violents orages stationnaires avaient provoqué un déluge autour de Cannes et Antibes et fait 20 morts, notamment dans des parkings souterrains de Mandelieu‑la‑Napoule, sur des routes inondées ou dans une maison de retraite à Biot. Les dégâts s’étaient chiffrés à plusieurs centaines de millions d’euros.

Face à ces désastres, l’État et les collectivités se sont mobilisés, avec des moyens financiers conséquents. Dès le départ, l’objectif a été « de reconstruire vite mais de manière durable et résiliente, en tirant les leçons de la tempête et en préparant le territoire à des événements climatiques intenses plus récurrents et plus violents » dus au changement climatique, rappelle Emmanuel Acchiardi, directeur de la mission interministérielle pour la reconstruction des vallées.

Cinq ans après, état des chantiers et enveloppes financières engagées

La stratégie a consisté à rendre davantage d’espace aux lits des rivières. Les nouveaux ponts sont plus longs et plus hauts, les berges ont été consolidées et espacées, et de nombreux bâtiments trop proches de l’eau ont été condamnés. Via le fonds Barnier, 120 000 000 € ont été alloués pour indemniser les propriétaires de 250 habitations condamnées, et beaucoup de bâtisses éventrées qui hantaient les vallées au lendemain de la tempête ont disparu, leur terrain rendu à la nature.

L’État a engagé 300 000 000 € pour des chantiers de reconstruction, au départ à parité avec les collectivités, et a dégagé 50 000 000 € pour des projets de relance de l’activité (tourisme, agriculture, habitat…). Aujourd’hui, les autorités estiment que les deux‑tiers des chantiers sont achevés : l’essentiel du réseau routier est rénové et les travaux sur les berges avancent. Reste toutefois la remise à niveau des réseaux d’eau et d’assainissement.

Pont à Breil-sur-Roya, comparaison avant et après
Combinaison d’images créée le 12 août 2021 d’un pont à Breil-sur-Roya, dans les Alpes Maritimes, en haut le 5 octobre 2020 après le passage de la tempête Alex, et en bas le 12 août 2021

La pente se raidit néanmoins pour les collectivités, car les montants alloués par l’État sont fixes alors que l’inflation et les aléas des chantiers font grimper les factures. « Il y a deux ans, on devait refaire les ponts, il y en avait pour 3 millions. Aujourd’hui, on en est à 6 millions. Les matériaux augmentent, tout augmente », explique Ivan Mottet, maire de Saint‑Martin‑Vésubie. « Après la tempête Alex, tout le monde était à notre chevet et faisait en sorte de nous aider. Aujourd’hui c’est plus compliqué », ajoute Sébastien Olharan, maire de Breil‑sur‑Roya.

Freins, préparation locale et retour des riverains

Les obstacles sont variés. Une information judiciaire est en cours sur de possibles malversations impliquant des entrepreneurs et des fonctionnaires de la métropole Nice Côte d’Azur autour des reconstructions. Sur la côte, les élus de l’agglomération Cannes‑Pays de Lérins dénoncent régulièrement des normes environnementales qui ralentissent la réalisation de bassins de rétention des eaux pluviales en amont des zones habitées. À Saint‑Martin‑Vésubie, le chantier de la nouvelle gendarmerie est bloqué par une riveraine s’inquiétant de l’obstruction partielle de sa vue sur le village.

Vagues sur la côte à Nice pendant tempête Alex
Les vagues sur la côte à Nice le 2 octobre 2020 lors du passage de la tempête Alex dans les Alpes‑Maritimes

Malgré ces difficultés, de nombreux habitants sont revenus dans les vallées, parfois accompagnés de nouveaux arrivants. Dans les écoles, les effectifs sont revenus au niveau d’avant‑Alex à Saint‑Martin‑Vésubie et ont même augmenté à Breil‑sur‑Roya. Autorités et riverains se disent aujourd’hui mieux préparés : repères de crues, téléphones satellites et radios solaires prêts à faire face à un black‑out, et réseaux de bénévoles organisés dans les vallées.

Sur la côte, la population a aussi appris les bons réflexes : ne pas se précipiter dans les sous‑sols pour sauver une voiture, et accepter la fermeture préventive des établissements scolaires décidée par le préfet à deux reprises l’automne dernier après des alertes météo.

© 2025 AFP

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source:https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20251001-cinq-ans-apr%C3%A8s-la-temp%C3%AAte-alex-les-alpes-maritimes-en-qu%C3%AAte-de-r%C3%A9silience

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