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Comment l’enseignement de l’arabe en Corée du Sud favorise le dialogue culturel

by Sara
Comment l’enseignement de l’arabe en Corée du Sud favorise le dialogue culturel
Corée du Sud, Qatar, monde arabe

Avec une détermination solide et une passion constante, la Dre Youn Eun Kyung parcourt un chemin remarquable dans le domaine des études arabes et islamiques. Depuis la Corée du Sud jusqu’aux capitales arabes, sa participation au premier « Conférence internationale d’orientalisme » à Doha représente une occasion unique de présenter ses efforts pour renforcer le dialogue entre l’Orient et l’Occident.

Professeure à l’Université Hankuk des études étrangères et présidente de l’Association coréenne des études islamiques, elle porte une mission difficile : offrir une image objective et équilibrée des Arabes et des musulmans dans un pays où la connaissance de l’Autre est souvent façonnée par le prisme des médias occidentaux. Entre salles de cours et projets de traduction, elle s’efforce de déconstruire les stéréotypes et de corriger les idées reçues.

Une expérience enrichissante au cœur du dialogue culturel

Participer à la première édition de la « Conférence internationale d’orientalisme » à Doha a été pour la Dre Youn un privilège et une source de fierté personnelle. Elle a noté la présence de nombreux invités et chercheurs de renom venus d’Orient et d’Occident, réunis dans une ville qui s’affirme comme un véritable pont entre civilisations et un espace d’échanges culturels.

Pour elle, cet événement prestigieux contribue à renforcer la position de Doha en tant que capitale culturelle et artistique, ainsi que comme centre de dialogue entre les cultures. Elle a assisté à plusieurs sessions marquantes, appréciant particulièrement les interventions des conférenciers qui ont enrichi sa réflexion.

Les défis des arabisants coréens face aux stéréotypes

Les arabisants coréens rencontrent aujourd’hui plusieurs difficultés. Malgré plus de 15 000 livres publiés en Corée sur la langue arabe, la littérature arabe et l’islam, moins de 10 % ont été écrits par des spécialistes coréens des études arabes et islamiques. La majorité des ouvrages sont en réalité des traductions d’ouvrages occidentaux en anglais, souvent biaisés et présentant une vision occidentale qui peut manquer de justesse.

Face à cette réalité, les chercheurs coréens s’engagent à faire découvrir au grand public la culture et la civilisation arabes dans leur authenticité et avec justesse. Ils cherchent à corriger les représentations négatives ou déformées que véhiculent fréquemment les médias occidentaux, afin d’offrir un regard plus équilibré et juste.

L’héritage historique et l’influence des médias occidentaux

Le ressenti négatif des générations plus anciennes de Coréens vis-à-vis du monde arabe et islamique s’explique par le contexte historique et politique de la Corée. Sous occupation japonaise jusqu’en 1945, la Corée a ensuite été soutenue par les États-Unis et d’autres pays occidentaux lors de son indépendance, puis divisée par la guerre de Corée.

Ce climat a façonné une vision pro-occidentale majoritaire dans la population, qui s’est traduite par une dépendance à l’égard des médias occidentaux pour les connaissances, y compris celles relatives au monde arabe et musulman.

Traduction et échanges culturels : un pont essentiel

Les premiers enseignements d’arabe en Corée remontent à 1965, avec la création du premier département dédié à l’arabe et aux études du Moyen-Orient à l’Université Hankuk des études étrangères, située à Séoul. Cette année marque aussi le soixantième anniversaire de cette institution pionnière.

Depuis lors, plus de 10 000 diplômés se sont formés, jouant un rôle de premier plan dans le renforcement des liens entre la Corée et le monde arabe, en traduction comme dans d’autres domaines. Un programme de troisième cycle permet aux étudiants d’obtenir un master ou un doctorat en langue arabe et littératures, avec des recherches portant notamment sur des auteurs réputés comme Ghassan Kanafani et Naguib Mahfouz.

Plus de 60 œuvres littéraires arabes ont déjà été traduites en coréen, incluant des romans majeurs comme Les Enfants de notre quartier de Naguib Mahfouz, tandis que 20 à 30 œuvres coréennes ont été traduites en arabe. Parmi ces auteurs, Han Kang, lauréate du prix Nobel de littérature, a vu certains de ses ouvrages traduits, dont La Végétarienne, qui évoque poétiquement les traumatismes de la guerre de Corée.

Pour approfondir la compréhension culturelle mutuelle, un effort soutenu de traduction bilatérale est nécessaire, tant de l’arabe vers le coréen que l’inverse.

L’équilibre pédagogique au cœur de l’enseignement de l’arabe

Au département d’arabe de l’Université Hankuk, un équilibre est recherché entre apprentissage linguistique et exploration culturelle. Les deux premières années sont consacrées aux bases linguistiques : grammaire, écriture, lecture et expression orale, à différents niveaux.

Les années suivantes offrent des cours optionnels variés, couvrant la politique, l’économie, la littérature, l’histoire, les études diplomatiques, ainsi que la comparaison entre l’arabe classique et les dialectes. Des études coraniques font également partie des enseignements.

Cette approche équilibrée vise à ouvrir une fenêtre sur les peuples arabes et souligne l’importance de la culture et de la littérature, véritables reflets des expériences humaines des sociétés concernées. L’objectif est d’offrir aux étudiants coréens une connaissance fine, juste et objective de la civilisation arabe et islamique.

source:https://www.aljazeera.net/culture/2025/6/17/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d9%8a%d8%b3%d8%a7%d9%87%d9%85-%d8%aa%d8%b9%d9%84%d9%8a%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%b1%d8%a8%d9%8a%d8%a9-%d8%a8%d9%83%d9%88%d8%b1%d9%8a%d8%a7

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