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Comment l’islamophobie se construit-elle en occident

by Sara
Comment l'islamophobie se construit-elle en occident

Comment l’islamophobie se construit-elle en Occident

Lors d’une récente apparition en tant que « convive » sur une émission télévisée, la productrice m’a informé des règles du programme, parmi lesquelles se trouvait l’assurance qu’elle ne me couperait pas la parole, mais qu’elle jouerait le rôle d’ »avocate du diable ». Dès que l’émission a commencé, il est devenu évident qu’elle ne faisait que m’interrompre, rendant difficile l’expression fluide de mes idées. Elle n’était pas seulement une avocate du diable, mais également le porte-parole de cette entité, parfois avec enthousiasme, d’autres fois avec une attitude cachée.

Une vision biaisée du monde arabe

Parmi ses questions accusatrices, elle a affirmé que le monde arabe était responsable de sa situation et que l’islamophobie avait des justifications, ou du moins des explications. Elle a même soutenu que la question palestinienne était largement résolue. Ces propos illustrent la manière dont les victimes sont souvent dépeintes comme des coupables, un injustice qui mérite une attention particulière.

Les limites du dialogue médiatique

Il est légitime de s’interroger sur l’utilité du dialogue dans certaines émissions de télévision, lorsque le producteur est obstiné dans ses idées préconçues, souvent fondées sur une compréhension superficielle. Ces programmateurs semblent plus désireux de transformer l’échange en un monologue se basant sur des jugements d’avance, comme illustré par la discussion sur « le déluge d’al-Aqsa ».

Islamophobie et intégration

Lors de cette émission, j’ai évoqué la reconnaissance par des responsables français, suite aux attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, de l’existence d’un véritable apartheid en France. Le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, ainsi que le président Macron, ont admis que la République n’avait pas été à la hauteur envers certains de ses citoyens.

Une industrie en pleine expansion

L’islamophobie est devenue une véritable industrie, semblable à celle du Holocaust, et représente bien plus qu’un simple événement historique douloureux. Elle se traduit par un phénomène perpétuel, nourri par les médias, comme en témoigne le travail de Vincent Geisser dans son ouvrage éponyme. L’hostilité envers les musulmans dépasse les simples actes de racisme pour englober des discours institutionnalisés par des figures médiatiques et académiques.

Le phénomène de « délire islamique »

Le chercheur Thomas Guénolé évoque le « délire islamique », un concept désignant une perception omniprésente de la menace islamique, alimentée par des récits déformés. Dans son livre « Délire islamique », il explique que cette condition constitue le socle même de l’islamophobie, où la phobie évoque à la fois la peur et le mépris.

Une dynamique complexe

La relation entre islamophobie et délire islamique est marquée par une interaction entre cause et effet. L’un nourrit l’autre, créant un cycle de méfiance et de peur. Chaque forme de délire révèle une vision déformée des musulmans, souvent fondée sur des croyances erronées concernant la dangerosité de leur foi.

Les piliers du délire islamique

Selon Guénolé, quatre éléments clés soutiennent cette croyance :

  • 1. L’idée que l’islam ne s’accorde pas avec les valeurs de la République, alors que la majorité des musulmans en France adhèrent à ces valeurs, y compris la laïcité.
  • 2. L’affirmation selon laquelle les musulmans ne peuvent pas s’intégrer, alors que de nombreux descendants d’immigrés sont actifs au sein de la société.
  • 3. L’erronée conviction que les musulmans refusent l’intégration, même s’ils revendiquent des droits citoyens sans discrimination.
  • 4. L’obligation pour les musulmans de se distancier de chaque acte violent, les rendant ainsi responsables par défaut.

Des croyances infondées

Des idées absurdes comme le « fascisme islamique » ou l’idée que l’islamophobie est un stratagème des musulmans pour se présenter comme des victimes, contribuent à l’alimenter cette anxiété collective. Il est important de noter qu’il n’existe pas de communauté musulmane homogène en France ou ailleurs.

Un reflet de tensions sociétales

Le délire islamique ne peut être expliqué par un manque de volonté d’intégration, mais plutôt par des tensions sociales découlant de profondes transformations internes et globales. Guénolé se base sur les travaux de l’anthropologue René Girard pour expliquer cette condition.

La quête d’un bouc émissaire

Selon Girard, les sociétés chassent la « malédiction » qui les entoure en désignant un ennemi à vilipender. Dans ce contexte, la stigmatisation des musulmans sert de levier à des lois telles que celles sur le séparatisme en France, empruntées à des pratiques historiques de recherche de coupables.

Une réflexion nécessaire

La véritable menace réside non seulement dans le délire islamique, c’est-à-dire la conviction erronée que les musulmans représentent un danger pour les sociétés occidentales, mais aussi dans le « délire médiatique » qui accentue ce sentiment. Ce phénomène est exacerbé par une incapacité à entendre d’autres voix, laissant place à des schémas de pensée simplistes et à des généralisations.

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