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Le métapneumovirus, un virus respiratoire moins connu que la grippe, suscite un intérêt croissant dans le domaine de la santé, notamment en raison de ses complications cardiaques importantes. Une étude récente présentée lors du congrès européen d’infectiologie ESCMID/ECCMID à Vienne apporte de nouvelles données sur ce virus et son impact sur les patients hospitalisés, en comparaison avec la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS).
Analyse des données de l’étude FLUVAC sur dix ans
Le Pr Paul Loubet, infectiologue à Nîmes, a présenté un travail basé sur l’étude FLUVAC, promue par l’Inserm et menée depuis dix ans. Initialement destinée à évaluer l’efficacité des vaccins contre la grippe dans la prévention des hospitalisations, cette étude a permis de tester systématiquement les patients hospitalisés pour infections respiratoires pour plusieurs virus, y compris le virus de la grippe, le VRS et le métapneumovirus.
Cette large collecte de données a permis de comparer les caractéristiques et les complications intra-hospitalières de 150 patients infectés par le métapneumovirus, 200 par le VRS, et plus de 1400 par la grippe. Les résultats montrent que les patients atteints par le métapneumovirus sont généralement plus âgés et présentent davantage de comorbidités, notamment cardiovasculaires, que ceux hospitalisés pour la grippe.
En termes de complications, les infections à métapneumovirus sont associées à un taux plus élevé de décompensations cardiaques, deux fois supérieur à celui observé chez les patients grippés. Près d’un patient sur cinq hospitalisé pour métapneumovirus a présenté une décompensation cardiaque, contre seulement 10 % des patients atteints de grippe. Ces complications sont similaires à celles observées pour le VRS, virus proche et apparenté du métapneumovirus.
Un virus à surveiller de près
Le métapneumovirus circule souvent au-delà de la période traditionnelle de circulation de la grippe, pouvant même persister jusqu’au printemps. Cette différence de temporalité implique que son incidence est probablement sous-estimée, car les tests ont principalement été réalisés pendant la saison grippale.
Cette étude souligne que le métapneumovirus affecte principalement des patients âgés et fragiles et provoque autant de complications que la grippe ou le VRS, avec une prédominance de complications cardio-respiratoires. Dès lors, il apparaît essentiel d’inclure la surveillance du métapneumovirus dans les programmes de santé publique, au même titre que le COVID-19, la grippe et le VRS.
Des laboratoires travaillent d’ores et déjà au développement de vaccins combinant une protection contre le VRS et le métapneumovirus, visant principalement les populations âgées.
Défis de la surveillance et des tests diagnostiques
À l’heure actuelle, le métapneumovirus est difficile à surveiller en routine. En effet, les tests antigéniques triplex très utilisés associent la grippe, le COVID-19 et le VRS, mais n’intègrent pas le métapneumovirus, qui nécessite un test PCR multiplex spécifique.
Cette limitation complique la détection et la compréhension du fardeau réel du métapneumovirus. Comme le rappelle le proverbe, « on ne trouve que ce que l’on cherche », soulignant l’importance d’élargir les diagnostics pour mieux cerner l’impact de ce virus.
Vaccins en développement et perspectives
Le Pr Loubet évoque l’arrivée prochaine des vaccins contre le métapneumovirus, actuellement en phase 3 d’essais cliniques, utilisant des technologies innovantes telles que l’ARN messager et les particules vaccinantes légères (VLP).
Par ailleurs, trois vaccins contre le VRS sont déjà autorisés et disponibles en France : Abrysvo (Pfizer), un vaccin protéique bivalent non-adjuvanté ; Arexvy (GlaxoSmithKline), un vaccin protéique adjuvanté ; et mRESVIA (Moderna), basé sur la technologie ARN messager. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la vaccination des personnes de plus de 75 ans et des 65-75 ans présentant des comorbidités cardio-respiratoires, bien que ces vaccins ne soient pas encore remboursés.
Des données présentées lors de l’ESCMID indiquent qu’une dose unique du vaccin Arexvy confère une protection durable de 65 à 70 % contre le VRS, et ce, au-delà d’une saison, sur une période d’au moins trois ans. Cette efficacité notable contraste avec les vaccins contre la grippe, qui nécessitent une administration annuelle en raison des mutations fréquentes du virus.
Vers une stratégie globale de prévention
Face à ces avancées, la question de la mise en place d’une stratégie unifiée et efficace de prévention se pose. Le Pr Loubet insiste sur la nécessité d’améliorer la surveillance en multipliant les tests multiplex afin de mesurer précisément le fardeau de ces virus respiratoires, ce qui permettra de justifier et promouvoir la vaccination.
Il rappelle également le rôle crucial des professionnels de santé, notamment cardiologues, pneumologues et médecins généralistes, dans la sensibilisation des patients. La vaccination demeure le meilleur moyen de prévention pour diminuer les hospitalisations liées aux infections respiratoires virales et leurs complications, notamment cardiaques.
Enfin, la complexité des campagnes vaccinales et la nécessité d’une forte conviction médicale sont soulignées comme des défis importants pour atteindre une couverture vaccinale optimale.