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Conflit en Syrie : Violence et tensions dans les gouvernorats côtiers
Le gouvernement syrien a annoncé la fin d’une opération dans les gouvernorats côtiers de Lattaquié et de Tartous après quatre jours de combats entre les forces de sécurité et des combattants armés pro-Assad.
Cette agitation survient seulement trois mois après la chute de Bachar al-Assad lors d’une offensive menée par des combattants de l’opposition.
Des rapports provenant de la région de Lattaquié font état de meurtres, d’enlèvements, de vols, de harcèlement et même de meurtres publics.
Que s’est-il passé en Syrie ?
Le 6 mars, les forces gouvernementales ont commencé à se déployer dans les villes côtières de Syrie, notamment Lattaquié, Banias, Tartous et Jableh, pour lutter contre ce qu’elles ont qualifié de « restes du régime ».
Les « restes » désignent des combattants pro-Assad qui ont annoncé leur opposition au nouveau gouvernement.
La secte religieuse aléouite, dont est issu Bachar al-Assad, est concentrée dans ces villes.
Comment cela a-t-il commencé ?
Le 6 mars, des tireurs pro-Assad ont tendu une embuscade à des militaires dans et autour de Lattaquié, au nord-ouest, tuant au moins 16 membres des forces de sécurité et du ministère de la Défense.
Selon les médias d’État, ces embuscades du 6 mars n’étaient pas les premières, plusieurs attaques passées ayant visé les forces gouvernementales depuis la chute d’al-Assad.
Combien de personnes ont été tuées ou blessées ?
Les chiffres continuent d’émerger, mais voici ce que nous savons.
- Selon un rapport du 9 mars de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 1 311 personnes ont été tuées à la date de samedi soir ; environ 830 étaient des civils, 230 des membres des forces de sécurité de diverses branches, et environ 250 des combattants armés.
Al Jazeera n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante les chiffres de l’OSDH.
Pourquoi cette zone en particulier ?
L’axe Lattaquié-Tartous se trouve le long de la côte méditerranéenne de la Syrie, avec Banias et Jableh situées entre les deux.
Ces deux gouvernorats majoritairement aléouites sont depuis longtemps considérés comme des bastions d’al-Assad, la ville natale de sa famille, al-Qerdaha, étant située à l’est de Lattaquié.
Lorsque al-Assad est tombé, des observateurs craignaient qu’il y ait des attaques de vengeance contre la communauté aléouite.
C’est peut-être pourquoi les « restes du régime » ont choisi d’attaquer ici, espérant peut-être enflammer les tensions sectaires.
Banias abrite également la plus grande raffinerie de pétrole de Syrie. Des combattants armés ont tenté d’attaquer la raffinerie, selon les forces de sécurité, mais ont été repoussés.
Qui est en train de se battre ?
Des troupes de sécurité d’État ont confronté des groupes armés dirigés par d’anciens officiers de l’armée d’al-Assad.
Il existe également des groupes non identifiés qui se sont rendus sur la côte pour « venger » les forces de sécurité embusquées, a déclaré un responsable de la sécurité non identifié à l’agence de presse d’État syrienne.
La présence de ces individus, a déclaré le responsable, a « conduit à certaines violations individuelles et nous travaillons à les arrêter ».
Des membres de la communauté aléouite ont déclaré que des groupes armés harcelaient et enlevaient des civils aléouites.
Le gouvernement syrien estime qu’il y a 5 000 individus armés dans la région côtière.
Qui sont ces ‘restes du régime’ ?
Des vidéos sur les réseaux sociaux depuis février montrent l’ancien officier de l’armée d’al-Assad, Muqdad Fteiha, déclarant la formation d’un groupe pour contrer les « violations de l’HTS » dans la région côtière.
Fteiha, qui était dans la Garde républicaine d’al-Assad, affirme dans son message que la communauté aléouite est maltraitée.
D’autres déclarations sur les réseaux sociaux, attribuées à l’ancien général de brigade de l’armée d’al-Assad, Ghiath Suleiman Dalla, ont déclaré la formation d’un « Conseil militaire pour la libération de la Syrie » pour « expulser toutes les forces terroristes d’occupation » et « démanteler l’appareil de sécurité sectaire répressif ».
Que dit le gouvernement syrien ?
La violence croissante représente un énorme défi pour le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Sharaa.
Dimanche, al-Sharaa a annoncé la création de deux nouveaux comités pour faire face à la crise.
- Le premier est un comité indépendant de juges et d’avocats chargé d’enquêter sur les attaques du 6 mars et la violence qui a suivi, et de tenir responsables ceux qui sont impliqués, dans un souci de « meilleur intérêt national et de paix civile ».
- Le second est un « Comité suprême pour la paix civile », chargé d’engager le dialogue avec les habitants des zones touchées et de garantir leur sécurité.
Plus tôt dans la journée de dimanche, il a pris la parole dans une mosquée de Damas, reconnaissant la gravité de la crise et appelant à l’unité nationale.
Vendredi 7 mars, il a réaffirmé lors d’une adresse télévisée son engagement envers la stabilité et promis de poursuivre les loyalistes du régime responsables de crimes et de consolider le contrôle de l’État sur les armes.
Comment vont les civils dans ces zones ?
Les gens ont peur, la panique s’est emparée des régions côtières.
« Je ne sors jamais et je n’ouvre même pas les fenêtres… Il n’y a pas de sécurité ici. Il n’y a pas de sécurité pour les Aléouites », a déclaré un résident de Lattaquié qui a choisi de rester anonyme à Al Jazeera.
Ceux qui restent parlent de vivre dans la terreur, redoutant que des combattants armés ne les attaquent chez eux.