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Conflit et Renouveau : Le 9e Congrès du Parti Justice et Développement au Maroc

by Sara
Conflit et Renouveau : Le 9e Congrès du Parti Justice et Développement au Maroc
Maroc

Préparatifs pour le 9e Congrès National du Parti Justice et Développement à Bouznika

Les préparatifs finaux battent leur plein au complexe Moulay Rachid à Bouznika, en périphérie de Rabat, en vue d’accueillir les activités du 9e Congrès national du Parti Justice et Développement (PJD) marocain. Cet événement se tiendra les samedi 26 et dimanche 27 avril, à un moment crucial où le parti cherche à restaurer sa cohésion interne et à retrouver sa place sur la scène politique nationale, après la sévère défaite subie lors des élections de 2021.

Après avoir dirigé le gouvernement pendant deux mandats consécutifs en 2011 et 2016, le PJD n’a obtenu que 13 sièges au Parlement en 2021, ce qui l’a privé de former un groupe parlementaire. Cette situation a conduit à la convocation d’un congrès extraordinaire qui a vu le retour d’Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement, à la tête du parti.

Entre signes de redressement interne et relations fluctuantes avec certains de ses cadres historiques, l’avenir du parti en vue des élections de 2026 dépendra de sa capacité à se renouveler tant en interne qu’à l’extérieur.

Installation des équipements son et lumière pour la séance d'ouverture

Les équipes techniques s’affairent à installer les systèmes de sonorisation et d’éclairage dans la grande salle, qui pourra accueillir environ 1700 congressistes, ainsi que des centaines de membres, sympathisants et invités.

Organisation et équipements du congrès

Sur place, plusieurs dizaines de personnes travaillent à finaliser les espaces destinés aux différentes activités du congrès. À l’extérieur, des ouvriers fixent les banderoles affichant les slogans du parti et du congrès, mettant en avant des thématiques majeures telles que le choix démocratique, la marocanité du Sahara et le refus de la normalisation avec Israël.

Le complexe comprend également une salle d’accueil pour les invités, une salle dédiée au dépouillement des votes, une salle de presse équipée d’internet, ainsi qu’un restaurant et des espaces logistiques et administratifs pour assurer un déroulement fluide de l’événement.

Idriss Azami Al Idrissi, président du comité préparatoire du congrès

Idriss Azami Al Idrissi, président du comité préparatoire, a confirmé que le congrès procédera à l’élection d’une nouvelle direction qui dirigera le parti pendant les quatre prochaines années. Il a précisé que plus de 90 % des congressistes ont confirmé leur participation, avec la présence prévue de délégations étrangères, notamment des partis islamiques de Mauritanie, Tunisie et Turquie, ainsi que des personnalités nationales issues des milieux politique, culturel et artistique.

Un débat interne intense avant le congrès

À l’approche du congrès, les débats politiques internes se sont intensifiés. Plusieurs dirigeants du PJD ont exprimé, à travers des interviews et des publications sur les réseaux sociaux, leur diagnostic sur la défaite électorale de 2021 et leur vision pour l’avenir du parti.

Selon l’analyste politique Abdelrahim Allam, le PJD doit impérativement restaurer l’harmonie interne, qui constitue la base de sa force. Le départ de plusieurs cadres fondateurs et influents a considérablement fragilisé la cohésion du parti, affectant sa performance politique et organisationnelle. Sans une résolution rapide de ces tensions, le parti risque un affaiblissement durable.

Parmi les autres défis figurent les relations du PJD avec ses branches de propagande et syndicales. La relation avec le Mouvement d’Unification et de Réforme a connu une nette détérioration, notamment après des décisions gouvernementales controversées telles que la normalisation avec Israël, la légalisation du cannabis et l’usage accru du français dans l’éducation. Cette situation a conduit certains membres du mouvement à ne plus soutenir le parti lors des scrutins.

Le syndicat proche du parti, l’Union Nationale du Travail au Maroc, a également critiqué plusieurs décisions gouvernementales jugées comme un recul des droits des travailleurs.

La relation du parti avec le pouvoir constitue un autre défi, bien que le maintien d’une certaine indépendance soit considéré comme essentiel. Toutefois, cette situation influe sur la capacité du PJD à se positionner de manière autonome.

Enfin, la perception du parti auprès des citoyens est un enjeu crucial. Sa gestion gouvernementale a entaché son image, notamment à cause de réformes impopulaires tels que celles des retraites et du fonds de compensation, ainsi que par son adoption de politiques néolibérales et les conflits internes qui ont été exposés publiquement.

Malgré cela, l’analyste souligne qu’une partie de l’opinion publique pourrait revenir vers le PJD, notamment en comparant la situation actuelle avec celle des gouvernements précédents, notamment en ce qui concerne le pouvoir d’achat et la communication politique.

Un avenir marqué par un regain de confiance

Le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, affiche un optimisme prudent. Dans une vidéo publiée récemment sur ses réseaux sociaux, il a estimé que le parti avait retrouvé une partie de sa vitalité, en s’appuyant notamment sur la victoire obtenue lors des récentes élections partielles municipales face à des candidats du parti du chef du gouvernement actuel.

Idriss Azami a souligné que ce congrès intervient dans un contexte totalement différent suite à la « défaite électorale » et que le parti a réorganisé ses priorités, en mettant l’accent sur l’encadrement des citoyens et la défense des intérêts nationaux et de la communauté.

Maintenant dans l’opposition, le parti se positionne face à un gouvernement marqué par ce qu’il qualifie de « scandales et conflits d’intérêts », incapable d’apporter des solutions efficaces aux problèmes majeurs dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation et la flambée des prix.

Un regain de confiance s’est manifesté à travers une large mobilisation pour les appels aux dons, suite à la coupe des financements publics par le ministère de l’Intérieur, ainsi qu’une forte participation des congressistes.

Installation des banderoles du parti à Bouznika en préparation du congrès

Selon Azami, la déception des citoyens vis-à-vis d’un gouvernement qui a promis de grands slogans sans résultats concrets a renforcé le lien entre le parti et la population. Malgré le recul parlementaire, le PJD maintient son engagement sur des dossiers sociaux essentiels, notamment la révision du code de la famille, les questions de vie quotidienne et la lutte contre la corruption.

Concernant les départs de certaines figures du parti, Azami a affirmé qu’aucune sanction n’a été prise à leur encontre. Ceux qui ont quitté l’organisation l’ont fait volontairement, et leur nombre reste limité. Le parti reste ouvert à tous ceux qui adhèrent à son programme politique.

Il a également reconnu que la gestion difficile de la période suivant le renvoi de Benkirane de la présidence du gouvernement en 2016, ainsi que les résultats de 2021, ont affecté les militants. Néanmoins, il estime que le travail accompli après 2021 a renforcé l’unité et la dynamique collective du parti.

Alors que certains cadres du PJD considèrent que le vote lors du congrès révélera l’identité du prochain secrétaire général, l’analyste Abdelrahim Allam prévoit un renouvellement de la confiance envers Benkirane, en raison de l’absence d’alternative prête et de son soutien interne ainsi que la sympathie d’une partie de la population.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/4/25/%d8%aa%d9%81%d8%a7%d8%b5%d9%8a%d9%84-%d8%aa%d8%ad%d8%b6%d9%8a%d8%b1%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%af%d8%a7%d9%84%d8%a9-%d9%88%d8%a7%d9%84%d8%aa%d9%86%d9%85%d9%8a%d8%a9

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