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Les affrontements violents entre le Cambodge et la Thaïlande ont atteint un niveau sans précédent depuis plus d’une décennie, ravivant un différend frontalier vieux de plusieurs décennies. Ce conflit, qui oppose les deux voisins sur leur frontière longue de 800 kilomètres, a connu une escalation dramatique cette semaine, impliquant désormais des avions de combat, des tanks, des tirs d’artillerie et des forces au sol, avec une intensité rarement observée depuis 2011.
Une crise humanitaire majeure et une menace d’escalade
Les combats ont forcé plus de 173 000 personnes à fuir leurs domiciles, principalement dans les régions frontalières de chaque côté. Selon le ministère cambodgien de la Défense, 13 civils cambodgiens ont été tués et 71 blessés. Du côté thaïlandais, le bilan s’élève à 20 morts (14 civils et 6 militaires). Ces chiffres dépassent ceux des précédents affrontements de 2008 à 2011, qui avaient déjà coûté la vie à 28 personnes.
Les violences ont provoqué une crise humanitaire importante, avec des milliers de déplacés des deux côtés, trouvant refuge dans des zones sécurisées. La communauté internationale, notamment via le Conseil de sécurité de l’ONU, a appelé à un désir urgent de désescalade. Lors de la réunion à huis clos, l’ambassadeur du Cambodge aux Nations unies, Chhea Keo, a déclaré que son pays réclamait un « cessez-le-feu immédiat » et « une résolution pacifique du conflit ».
Les enjeux du conflit et les accusations mutuelles
Les deux nations s’accusent mutuellement d’avoir provoqué les hostilités. La Thaïlande affirme que le Cambodge a ciblé des infrastructures civiles, notamment un hôpital et une station-service, avec des tirs d’artillerie et des armes à sous-munitions, accusation démentie par Phnom Penh. Ce dernier dénonce également l’utilisation d’armements prohibés par la Thaïlande, et affirme que son armée, plus petite, n’a pas la capacité d’attaquer le voisin de manière offensive.
Ce conflit résulte d’un différend territorial vieux de plusieurs dizaines d’années, relatif à la délimitation de la frontière, tracée à l’époque de la colonisation française. La Cour internationale de justice avait tranché en 2013 en faveur du Cambodge, mais les tensions sont ravivées par des incidents plus récents, notamment le décès d’un soldat cambodgien lors d’échanges nocturnes dans la zone du « Triangle d’émeraude » en mai dernier. La détérioration des relations s’est accentuée en mai avec la fuite d’un enregistrement compromettant, révélant une partie de discussions politiques entre la Thaïlande et ses alliés.
Perspectives diplomatiques et enjeux géopolitiques
Malgré la gravité de la situation, les positions diplomatiques restent ouvertes à la négociation. La Thaïlande, qui laisse entendre sa volonté de dialogue, a évoqué la possibilité d’intermédiaires, notamment la Malaisie, pays qui préside l’ASEAN actuellement. Les responsables thaïlandais appellent à la « sincérité » du Cambodge pour parvenir à une solution pacifique, tout en dénonçant ce qu’ils qualifient d’attaques ciblant des infrastructures civiles.
Le contexte géopolitique régional est également tendu, avec la crainte d’une escalade pouvant dégénérer en conflit ouvert. La région, historiquement marquée par ces différends territoriaux, voit ses relations parfois altérées par des fuites d’informations et des enjeux politiques internes, comme cela a été le cas récemment en Thaïlande. La communauté internationale suit de près l’évolution de la crise, qui pourrait avoir des répercussions durables sur la stabilité de la région.