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Les tensions entre la direction politique et l’état-major israélien s’accentuent autour de la stratégie de guerre à Gaza. Les désaccords portent sur l’utilité d’occuper la ville et sur l’avenir des opérations militaires, mettant en péril la cohérence des décisions gouvernementales et militaires.
Écart croissant entre politique et armée
Selon l’analyste des affaires militaires du journal Haaretz, Amos Harel, le fossé entre l’armée et le gouvernement, ainsi que le conseil restreint de sécurité, ne cesse de s’élargir. Ce désaccord n’a pas encore dégénéré en crise publique majeure : aucune vague de démissions au sein de l’institution militaire n’a été rapportée à ce stade.
Cependant, cette divergence traduit des différences stratégiques profondes sur la conduite de la guerre. Les observateurs craignent que ces tensions institutionnelles n’affectent la rapidité et l’efficacité des décisions prises en matière de sécurité et d’opérations sur le terrain.
Options politiques et lignes dures
Un courant gouvernemental prône des options militaires et politiques plus radicales, renforçant le clivage avec une armée qui adopte une approche plus pragmatique. Le ministre du Néguev et de la Galil, Ishaq Vasserlaov, a présenté une vision dure devant le cabinet et le conseil restreint.
Cette stratégie double défendue par certains responsables se décline en deux axes principaux :
- l’appropriation permanente de territoires palestiniens sans restitution ;
- le déplacement massif et définitif des habitants de Gaza hors du territoire.
Ces positions s’alignent avec les prises de parole du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir (voir fiche : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2022/11/3/%D8%A5%D9%8A%D8%AA%D9%85%D8%A7%D8%B1-%D8%A8%D9%86-%D8%BA%D9%81%D9%8A%D8%B1-%D8%B9%D8%B6%D9%88-%D8%A7%D9%84%D9%83%D9%86%D9%8A%D8%B3%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84%D9%8A), ce qui approfondit le clivage avec les chefs militaires.
La « destruction par étapes » et ses implications
La stratégie de destruction progressive adoptée par le gouvernement depuis le début du conflit vise, selon l’ex-ministre de la Défense Yoav Galant, à réduire progressivement les structures : « transformer les rochers en pierres, les pierres en gravier, et tout finir en sable ». Cette formulation illustre une visée de démantèlement systémique des capacités sur place.
Pourtant, Galant met en garde contre la durée d’un tel plan, en se référant à l’expérience prolongée en Cisjordanie où Israël combat le mouvement Hamas depuis 1987 (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/2/10/%D8%AD%D8%B1%D9%83%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%88%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%D9%8A%D8%A9-%D8%AD%D9%85%D8%A7%D8%B3). Il anticipe donc une guerre longue et réitère que la récupération des otages reste la priorité absolue.
Questions de légitimité démocratique
Au-delà des considérations militaires, la crise politique interne soulève des doutes sur la légitimité démocratique des décisions de guerre. L’avocat pénaliste Ofer Bartal souligne que le gouvernement en place n’a pas de majorité claire au sein de la Knesset.
Cette absence de majorité soulève une interrogation juridique centrale : une administration sans assise parlementaire suffisante peut-elle valablement engager des opérations militaires d’envergure aux conséquences internationales importantes ?
Coût humain et résonances politiques
Sur le plan humain, le conflit affiche déjà des chiffres lourds. Le correspondant de Haaretz, Josh Breimer, a rapporté la mort de 900 soldats israéliens, soulevant l’angoisse quant à l’éventualité d’atteindre le seuil de mille tués.
Breimer critique par ailleurs l’absence de signaux positifs du Premier ministre Benjamin Netanyahu (voir fiche : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/25/%D8%A8%D9%86%D9%8A%D8%A7%D9%85%D9%8A%D9%86-%D9%86%D8%AA%D9%86%D9%8A%D8%A7%D9%87%D9%88) — actuellement visé par des procédures à la Cour pénale internationale (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2011/1/4/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AD%D9%83%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%86%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%88%D9%84%D9%8A%D8%A9). Il décrit l’exécutif comme une « coalition de guerre et de sang », déplorant la répétition des mêmes opérations dans les mêmes zones sans gains décisifs.
Un autre point controversé souligné par Breimer est le refus du gouvernement d’ouvrir des négociations sur des échanges d’otages, interprété comme un manque d’intérêt réel pour leur libération.
Enjeux immédiats
Les désaccords stratégiques, juridiques et politiques pèsent sur la conduite future des opérations. Les tensions internes menacent de diluer la cohérence d’une stratégie dont les objectifs et la durée restent contestés.
- Les divisions risquent d’affaiblir la prise de décision militaire et politique.
- La stratégie guerre Gaza (stratégie guerre Gaza) pourrait s’enliser sur un calendrier prolongé.
- Le coût humain alimente la pression nationale et internationale sur l’exécutif.
Dans ce contexte, la trajectoire de la campagne et ses conséquences resteront étroitement surveillées, tant à l’intérieur des institutions israéliennes que par la communauté internationale.