Adoptée pour éviter une paralysie de l’État, la loi spéciale reconduisant le budget précédent a des effets immédiats : subventions suspendues, projets gelés, recrutements incertains. En attendant l’accord budgétaire, ses conséquences se font sentir.
Quinze pages : c’est la longueur de la loi spéciale adoptée hier soir pour reconduire le budget et éviter une paralysie administrative. Le texte, d’une extrême concision, ne comporte que trois articles : le premier autorise l’État à continuer de percevoir les impôts existants, le deuxième reconduit les prélèvements sur les recettes publiques et le troisième permet à l’État d’emprunter sur les marchés financiers. Elle s’applique tant que les parlementaires ne parviennent pas à un accord sur un nouveau budget et restera en vigueur jusqu’à la reprise des discussions à l’Assemblée nationale et au Sénat, prévue en janvier.
Cette loi n’est pas neutre et elle entraîne des implications concrètes pour les Françaises et les Français. Le ministre de l’Économie rappelle son caractère opérationnel dans le contexte actuel.
Parmi les secteurs susceptibles d’être touchés, le secteur associatif est évoqué comme exemple par le ministre. Le manque potentiel de subventions publiques, si les discussions budgétaires s’éternisent, inquiète fortement les acteurs du secteur.
Aujourd’hui, les associations emploient près de 11 % des salariés du privé. La diminution ou l’arrêt des subventions publiques crée un risque direct sur l’emploi, dans un contexte d’instabilité politique prolongée.
Les entreprises liées à la commande publique seront également fragilisées : l’adoption de la loi entraîne la suspension des nouveaux appels d’offres à compter du 1er janvier et la mise en pause de nombreux chantiers.
D’autres emplois seront suspendus, comme le recrutement de 1 600 agents de la Justice initialement prévu pour 2026. Des projets importants liés à la décarbonation de grands sites industriels et au soutien à la production d’hydrogène décarboné sont aussi mis en pause, précise le ministère de l’Économie. Selon Amélie de Montchalin, l’aide à la décarbonation représente près d’un milliard d’euros à engager.
La porte-parole du gouvernement indique toutefois qu’elle ne « fera pas peur aux Français ». Les fonctionnaires continueront d’être payés et les écoles ne fermeront pas leurs portes.
Cependant, la loi spéciale pourrait avoir des conséquences sur les concours de recrutement d’enseignants : à partir du printemps prochain, les concours devront être ouverts aux titulaires d’un diplôme de niveau bac+3, et non plus uniquement bac+5, à condition que les postes de professeurs stagiaires soient inscrits dans le budget de l’État. Cette incertitude inquiète enseignants et étudiants.
Autre volet : certains pourraient tirer parti de la situation. L’analyse révèle que le contexte budgétaire et la rapidité de décision pourraient influencer les équilibres politiques et économiques.
Après l’adoption de la loi, la commission des finances de l’Assemblée nationale doit se réunir pour examiner le budget de l’État, en repartant de la version adoptée par le Sénat, avec une reprise des discussions fixée au 8 janvier 2026.