Depuis plusieurs semaines, la question du transfert de certains détenus vers la nouvelle prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, opère un vif débat dans le secteur pénitentiaire français. Conçue pour accueillir jusqu’à 200 narcotrafiquants jugés extrêmement dangereux, cette prison, dont la mise en service est programmée pour la fin juillet, suscite autant de controverses qu’une attention particulière de la part des autorités et des familles des détenus concernés.
Les détenus, principalement impliqués dans des activités de trafic de drogue et jugés dangereux, contestent leur transfèrement, invoquant notamment leur absence de condamnation définitive et exprimant leur crainte des parloirs séparés par hygiaphone. Parmi eux, Guy B., surnommé « Mareko Scarla », récemment condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour des actes de torture et de barbarie en bande organisée sur des adolescents, en attente de son procès en appel à Nice. Son avocate, Mme May Sarah Vogelhut, indique que son client, qui n’a pas encore de vérité judiciaire le concernant, refuse le transfert en raison de ces conditions en milieu carcéral.
Un dispositif inspiré de la lutte anti-mafia italienne
Le projet de cette prison ultra-sécurisée, lancé par le gouvernement en mars dernier, fait partie des mesures phares du ministre de la Justice Gérald Darmanin. La structure a été conçue pour isoler strictement ses occupants, s’inspirant des méthodes de lutte anti-mafia en Italie. La capacité initiale prévoit 100 détenus dès la fin juillet, avec un total pouvant atteindre 200, répartis entre détenus en détention provisoire ou condamnés. La sécurité maximale, notamment par l’isolement des détenus, est à l’ordre du jour, pour limiter leur contact avec l’extérieur et entre eux.
Selon un communiqué du ministère de la Justice, tout sera « prêt le 31 juillet » pour accueillir ces premiers détenus, notamment Mohamed Amra, condamné à 25 ans pour séquestration, torture et barbarie. La mise en place de cette nouvelle structure s’inscrit en réponse à la montée de la criminalité organisée liée au trafic de drogue, qui génère de vastes réseaux et des conflits sanglants à Marseille et dans d’autres régions françaises.
Les contestations et préoccupations juridiques
Les avocats de certains détenus, dont Mme Vogelhut et Me Philippe Ohayon, dénoncent plusieurs controverses, notamment la violation potentielle des principes fondamentaux de la justice. Ils soulignent que la désignation de ces détenus pour cette prison ne repose pas toujours sur une condamnation définitive, et que leur transfert pourrait contrevenir à une décision du Conseil constitutionnel ayant validé, avec réserves, la loi encadrant ces quartiers de haute sécurité. Ces dernières prévues pour favoriser l’établissement de contacts contrôlés avec des réseaux criminels sous surveillance, ne doivent pas, selon leurs détracteurs, être appliquées de manière arbitraire ou sans garanties suffisantes.
De plus, les avocats évoquent une évolution dans la communication de l’administration pénitentiaire, qui, selon eux, affirme à tord que certains détenus « appartiennent » à des clans ou sont « extrêmement dangereux » sans preuve judiciaire définitive, ce qui pourrait porter atteinte à la présomption d’innocence. Le recours au tribunal administratif en référé est envisagé pour faire respecter le droit de leurs clients à une procédure équitable.
Ce contexte juridico-politique témoigne de l’équilibre difficile entre la nécessité de préserver la sécurité publique et le respect strict des droits fondamentaux, notamment la présomption d’innocence et la procédure judiciaire régulière.