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Controverse sur la réintroduction de l’acétamipride en France

by charles
France, Europe

Débats sur la réintroduction de l’acétamipride : risques pour la santé et enjeux environnementaux

La récente adoption prochaine de la loi Duplomb, visant à lever certaines contraintes réglementaires pour les agriculteurs, soulève une vive controverse en France. Au cœur de cette polémique : l’autorisation prévue de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France depuis 2018 mais encore autorisé en Europe jusqu’en 2033.

Les risques sanitaires liés à l’exposition aux pesticides

Plusieurs études récentes mettent en lumière les effets nocifs potentiels de l’acétamipride, notamment sur le développement neurologique des enfants. Une recherche publiée en 2017 dans Environ Health Perspectives a confirmé que la proximité de résidences de femmes enceintes avec des exploitations utilisant des pesticides neurotoxiques était associée à des diminutions du QI et de la compréhension orale chez leurs enfants à 7 ans. En 2023, une autre étude rapportée dans la même revue a souligné que l’exposition prénatale à des concentrations élevées d’insecticides, y compris l’acétamipride, est liée à de faibles scores de développement cognitif chez les jeunes enfants, en particulier chez les garçons.

Selon un rapport de l’Inserm de 2021, l’exposition aux pesticides comme l’acétamipride pourrait également augmenter le risque de cancers, notamment la leucémie, le lymphome, le cancer du cerveau chez l’enfant, ainsi que diverses maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson. Ces éléments renforcent l’appel à un principe de précaution accru dans l’évaluation des risques liés à ces substances.

Une controverse alimentée par des alertes de la communauté scientifique et des associations

Face à ces risques, plusieurs experts et organisations ont dénoncé la faiblesse du système actuel d’évaluation de la toxicité des pesticides. Francelyne Marano, présidente du comité de pilotage cancer et environnement de la Ligue contre le cancer, a souligné qu’une étude de 2022 a montré que l’acétamipride pouvait provoquer le cancer du sein chez la souris. La tribune cosignée par la Société française de pédiatrie, la Fondation pour la recherche médicale ou encore le CNRS dénonce un recul majeure pour la santé publique, rappelant la tragique expérience de substances comme le lindane ou le chlordécone, qui ont été autorisées puis interdites après avoir révélé leur dangerosité.

Malgré son retrait en France, l’acétamipride demeure autorisée en Europe jusqu’en 2033. Cependant, l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) indique en 2024 que des incertitudes subsistent concernant sa neurotoxicité pour le développement et recommande de réduire la dose journalière admissible pour limiter l’exposition.

Les enjeux pour l’agriculture et la santé publique

Proposé comme une mesure facilitant la vie des agriculteurs, le projet de loi Duplomb est perçu par ses opposants comme une mesure risquant d’augmenter l’exposition de la population, notamment des enfants, à des pesticides potentiellement dangereux. Le débat soulève la question de la nécessité de renforcer les contrôles et d’améliorer l’évaluation des risques pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement.

Champ agricole avec pulvérisation de pesticides
Une image illustrant l’utilisation de pesticides dans l’agriculture.

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