Table of Contents
La Colombie, bien que se présentant comme un champion de la biodiversité lors de la COP16, est également l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement. Les assassinats et les menaces qui pèsent sur ces activistes suscitent une inquiétude croissante sur la protection de la nature et des droits de l’homme.
Le témoignage de Jani Silva
« Toute ma vie a changé radicalement. Même ma silhouette a changé, j’ai pris 30 kilos… » Jani Silva, figure emblématique de la défense de l’environnement et des droits des populations paysannes de Putumayo, dénonce les conséquences néfastes de l’exploitation pétrolière. Sa lutte lui a valu de nombreuses menaces, et Amnesty International a alerté en 2020 sur le danger que représentent des groupes armés pour sa vie.
Le 10 septembre, elle a reçu un appel téléphonique menaçant de lui faire exploser sa voiture. Pour se protéger, Jani a dû quitter sa ferme et son village, un sacrifice douloureux pour elle : « Je n’aime pas la ville. Pour ne pas laisser gagner ceux qui exercent la violence, il faut sacrifier sa famille, son travail, ses loisirs », confie-t-elle depuis Cali, où elle participe à la COP16.
Elle souligne que, même sans violence physique immédiate, les pressions exercées par ces groupes réduisent lentement leur existence en tant que paysans, en les privant d’un lien vital avec la terre.
Un bilan alarmant
Alors que les délégations du monde entier se réunissent en Colombie, l’organisation britannique Global Witness a révélé que 2023 a été une année tragique, avec 79 assassinats de défenseurs de l’environnement, représentant 40 % du total mondial. Ce chiffre est le plus élevé enregistré depuis 2012, avec un total de 461 assassinats documentés en Colombie depuis cette date, plaçant le pays en tête des statistiques mondiales, suivi du Brésil avec 401 assassinats.
Les défenseurs de l’environnement subissent également des violences, des intimidations, et des campagnes de discrédit. Beaucoup de ces actes restent non signalés, créant un climat de peur et de silence qui complique la lutte pour la justice environnementale.
Un rapport onusien accablant
Un rapport publié par le bureau local du haut-commissaire pour les droits de l’homme de l’ONU, juste avant l’ouverture de la COP16, confirme la gravité de la situation. Les défenseurs du droit à un environnement sain et des droits fonciers s’exposent à des dangers inacceptables en Colombie, mettant ainsi en lumière l’urgence d’une intervention internationale pour protéger ces individus essentiels à la préservation de la biodiversité.
