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La Corée du Nord renforce sa puissance navale en construisant son plus grand navire militaire jamais conçu, un bâtiment d’environ 140 mètres de long, équipé de missiles guidés et de radars avancés, suscitant une vive inquiétude parmi ses voisins asiatiques.
Un navire de guerre hors norme pour la marine nord-coréenne
Situé sur le chantier naval de Nampo, ce nouveau navire impressionne par sa taille. Selon des images satellites analysées par des experts américains et diffusées par CNN, le bâtiment mesure entre 140 et 144 mètres, ce qui en fait le plus grand navire de combat de surface jamais construit par la marine populaire coréenne (KPN). Ce navire dépasse largement les corvettes et patrouilleurs traditionnels de la flotte nord-coréenne.
Classé par certains spécialistes comme une frégate lance-missiles, il symbolise les ambitions navales croissantes du régime de Kim Jong-un, renforcées depuis son rapprochement stratégique avec Moscou dans le contexte du conflit en Ukraine.
Joseph Bermudez Jr. et Jennifer Jun, analystes du Center for Strategic and International Studies, confirment la taille exceptionnelle de cette frégate. Pour mettre en perspective, les destroyers américains de la classe Arleigh Burke mesurent environ 154 mètres, tandis que les frégates de la classe Constellation, en cours de construction aux États-Unis, atteindront 151 mètres de long.
Phase d’armement et capacités envisagées
La construction a commencé en mai 2024, et le navire serait actuellement en cours d’armement. Carl Schuster, ancien capitaine de la marine américaine et analyste basé à Hawaï, rappelle que réaliser la coque et les systèmes de propulsion est une chose, mais l’intégration des communications, de l’électronique, des systèmes d’armes et des capteurs électroniques et acoustiques représente un défi technique majeur.
Les experts estiment que ce navire pourrait effectuer des missions anti-aériennes, anti-navires et anti-sous-marines grâce à des missiles guidés. Il serait notamment équipé de systèmes de lancement vertical (VLS) et de radars à balayage électronique actif (AESA), technologies modernes utilisées dans la marine de guerre.
Cette montée en puissance inquiète déjà les pays voisins. Kim Byung-kee, amiral sud-coréen à la retraite, avertit que la puissance létale de ce navire ne doit pas être sous-estimée. En particulier si Pyongyang décide de l’armer avec son missile balistique hypersonique récemment testé avec succès, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur la sécurité régionale.
Modernisation de la marine nord-coréenne
Cette construction s’inscrit dans un programme plus large de modernisation de la marine nord-coréenne. Outre ce navire, la Corée du Nord développe de nouveaux sous-marins et d’autres bâtiments de surface dans différents chantiers navals du pays.
Selon un rapport de la Defense Intelligence Agency américaine datant de 2021, la flotte nord-coréenne, bien que nombreuse avec environ 400 navires de patrouille et 70 sous-marins, reste obsolète et limitée à la défense côtière en cas de conflit majeur.
Les relations étroites avec la Russie pourraient cependant permettre à Pyongyang de contourner les sanctions internationales et d’acquérir des technologies navales avancées pour moderniser sa flotte.
Le législateur sud-coréen Yu Yong-won souligne que le chantier de Nampo n’est qu’un exemple parmi d’autres initiatives. Des sous-marins à propulsion nucléaire sont en construction à Sinpo et d’autres frégates ou destroyers sont en préparation à Chongjin, témoignant de la volonté de la Corée du Nord de renforcer sa capacité maritime.