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La Corée du Sud a reconnu pour la première fois sa responsabilité dans l’adoption abusive d’enfants envoyés à l’étranger, une étape marquante dans l’histoire des droits humains et des politiques d’adoption. L’annonce s’appuie sur des travaux récents et sur les conclusions d’une Commission vérité et réconciliation qui avaient dénoncé des violations graves dans certaines procédures d’adoption à l’étranger. Dans un communiqué, le président Lee Jae-myung a exprimé des excuses et un engagement à réparer les torts infligés à des enfants, à leurs familles et à leurs proches. Cette reconnaissance intervient dans un contexte où l’adoption internationale a joué un rôle important après la guerre de Corée et où les voix des personnes adoptées à l’étranger demandent depuis longtemps transparence et justice.
À Séoul, reconnaissance historique de la responsabilité dans les adoptions abusives
Selon l’AFP, la Corée du Sud a reconnu pour la première fois sa responsabilité dans l’adoption abusive de dizaines de milliers d’enfants envoyés à l’étranger. L’annonce repose sur des travaux qui ont mis en lumière des pratiques mal rémunérées et des procédures problématiques ayant facilité l’adoption internationale dans des cadre parfois frauduleux. Le récit public met en avant le rôle de l’État et l’obligation de répondre aux souffrances des personnes concernées et de leurs familles, avec une ouverture sur des réformes futures du système d’adoption.
Commission vérité et réconciliation et réformes annoncées
La Commission vérité et réconciliation de Corée du Sud avait rendu en mars une conclusion historique en reconnaissant le gouvernement sud-coréen coupable d’avoir facilité les adoptions par des pratiques frauduleuses, notamment des enregistrements frauduleux d’orphelins, des falsifications d’identité et un contrôle inadapté des parents adoptifs. Son rapport, publié au terme de deux ans et sept mois d’enquête, indiquait également que « de nombreux cas où les procédures légales de consentement des parents biologiques sud-coréens n’avaient pas été respectées » avaient été constatés. Ces éléments ont nourri les discussions publiques sur la nécessité de réformes structurelles et d’un renforcement du cadre juridique entourant l’adoption internationale.
Mi-juillet, la Corée du Sud s’est engagée à restructurer son système public d’adoption et à tourner le dos aux agences d’adoption privées, peu contrôlées par l’État. « L’État prend maintenant l’entière responsabilité d’assurer la sécurité et les droits de tous les enfants adoptés », a assuré un responsable du ministère de la Santé, Kim Sang-hee. Cette déclaration souligne une volonté de mettre fin à l’idée que l’adoption internationale pourrait être une industrie et de mettre en place des mécanismes plus transparents et plus protecteurs pour les enfants et les familles.
Perspectives pour les personnes adoptées et le cadre national
Selon des données officielles, plus de 140 000 enfants auraient été envoyés à l’étranger à des fins d’adoption entre 1955 et 1999. Les témoignages des Sud-Coréens adoptés à l’étranger ont longtemps mis en lumière des difficultés d’accès à l’information et à la filiation, ainsi que des doutes sur la manière dont les dossiers avaient été traités. Dans les années 2020, plus d’une centaine d’enfants par an auraient été adoptés à l’étranger, des chiffres qui, selon les autorités, n’ont pas fait l’objet d’enquêtes officielles approfondies à l’époque. L’objectif affiché est dorénavant de renforcer la transparence des procédures, de mieux encadrer les frais et d’assurer un accompagnement plus solide pour les familles, tout en réformant les mécanismes qui ont jusqu’ici alimenté des pratiques ambiguës autour de l’adoption internationale.
Les autorités et les acteurs locaux insistent sur la nécessité de protéger les droits des enfants et des parents biologiques, tout en modernisant les procédures et en réduisant les incitations économiques pouvant alimenter des pratiques abusives. L’annonce politique et les réformes en cours visent à établir un cadre plus éthique et plus humain, afin que l’adoption internationale soit avant tout un processus qui respecte les droits et l’identité de chacun.