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Crise des réfugiés rohingyas : éducation et sécurité menacées au Bangladesh

by Sara
Myanmar, Bangladesh, Malaisie

Des dirigeants de la minorité rohingya ont annoncé la création d’une nouvelle instance politique, le Conseil national rohingya (Arakan), visant à unifier et renforcer la lutte politique de cette population musulmane persécutée. Lancé officiellement le 13 juillet dernier, le conseil affirme représenter les Rohingyas au sein et en dehors du Myanmar, y compris les déplacés vivant dans les camps de réfugiés.

Genèse et composition du Conseil national rohingya (Arakan)

Le Conseil a été présenté comme une réponse aux décennies d’exclusion et de persécution systématique subies par les Rohingyas, culminant selon ses membres par le génocide de 2017 en Birmanie.

  • Le Conseil compte 40 membres au sein de son comité exécutif et 60 membres au comité central.
  • Il représente toutes les localités de l’État de Rakhine (Arakan) ainsi que la majorité des leaders des camps de réfugiés et des communautés rohingyas à travers le monde.

Pour un contexte historique sur les Rohingyas et la région d’Arakan, voir les archives d’Al Jazeera : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/11/2/%D8%A7%D9%84%D8%B1%D9%88%D9%87%D9%8A%D9%86%D8%BA%D8%A7 et https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/5/24/%D8%B1%D8%A7%D8%AE%D9%8A%D9%86.

Entretien avec Tun Khin : objectifs et motivations

Tun Khin, président du Conseil national rohingya (Arakan), explique que la mission principale est l’unité politique, la reconnaissance et la représentation des Rohingyas sur la scène internationale. Il affirme que le Conseil est né en réaction aux massacres et aux persécutions qui ont poussé plus de 1,3 million de Rohingyas à fuir vers le Bangladesh depuis 2017.

Il insiste sur le caractère durable de la menace : selon lui, les efforts internationaux pour mettre fin au génocide en cours ont échoué jusqu’à présent.

Relation avec l’Armée d’Arakan

Interrogé sur tout lien avec un groupe armé appelé « Armée d’Arakan », Tun Khin a nié toute affiliation. Il a précisé que l’Armée d’Arakan est une formation armée ethnique qui contrôle actuellement des pans de l’État de Rakhine et qu’elle est accusée de déplacements forcés et d’attaques massives contre des civils rohingyas.

  • Ces violences auraient entraîné la fuite d’environ 150 000 Rohingyas vers le Bangladesh au cours des derniers mois.
  • Des milliers d’autres auraient tenté des traversées maritimes ou des migrations terrestres périlleuses pour échapper aux attaques, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
  • Tun Khin affirme que l’Armée d’Arakan aurait tué plus de 2 500 Rohingyas dans les zones sous son contrôle.

Il qualifie la situation sous la domination de l’Armée d’Arakan de « génocide planifié et systématique » et appelle la communauté internationale à agir rapidement.

Situation humanitaire dans les camps (Bangladesh, Malaisie)

Le président du Conseil décrit une crise humanitaire aggravée dans les camps de réfugiés :

  • Réduction des rations alimentaires et des services essentiels en raison de la baisse des financements internationaux.
  • Accès limité à l’éducation, augmentant le sentiment de désespoir chez les enfants, majoritaires parmi les réfugiés.
  • Conditions de vie surpeuplées, insalubres et non sécurisées, sans possibilité de construire des logements durables, avec un accès insuffisant à l’eau potable et à l’électricité.

La situation en Malaisie est également évoquée comme préoccupante, avec des réfugiés confrontés à l’insécurité et à l’absence d’un statut stable.

Impact du coup d’État de 2021 et évolution de l’aide internationale

Selon Tun Khin, la détérioration depuis le coup d’État militaire de 2021 n’est pas seulement liée à la politique intérieure birmane. Elle résulte aussi d’un recentrage des priorités internationales.

La concurrence d’autres crises majeures, comme les conflits en Ukraine et en Palestine, aurait réduit l’attention et les ressources disponibles pour les Rohingyas, aggravant la crise humanitaire.

Justice internationale : lenteur et obstacles

Des efforts ont été engagés pour tenir l’armée birmane responsable, notamment devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Tun Khin juge cependant ces démarches lentes et insuffisantes.

  • La CIJ a ordonné des mesures provisoires pour prévenir le génocide, mais leur application a été largement ignorée.
  • Le Conseil de sécurité des Nations unies, selon lui, n’a pas assuré le suivi nécessaire des décisions de la CIJ.
  • Les autorités birmanes n’ont pas publié les mémoires déposés en réponse aux accusations, ce qui, d’après Tun Khin, nuit à la transparence du processus.

Face à ces blocages, le mouvement rohingya a cherché des voies alternatives, notamment en obtenant des mandats d’arrêt pour certains suspects via la compétence universelle en Argentine. Tun Khin souligne la masse de preuves collectées, mais aussi les difficultés rencontrées pour les utiliser en justice.

Retour volontaire et conditions de sécurité

Pour Tun Khin, un retour sûr et volontaire des Rohingyas au Myanmar est actuellement impossible. Il cite deux menaces principales :

  • Le risque continu de génocide.
  • La famine liée au blocus des aides et du commerce imposé par l’armée birmane.

Il met aussi en garde contre les politiques similaires appliquées par l’Armée d’Arakan dans les zones qu’elle contrôle, qui aggravent le danger pour la population rohingya.

Réinstallation et initiatives internationales

Tun Khin se montre sceptique quant aux initiatives de réinstallation menées par certains États. Il affirme que peu d’efforts concrets existent pour ramener les Rohingyas dans leur pays ou pour les intégrer durablement dans les pays d’accueil.

Avec la réduction de l’aide des pays occidentaux, la communauté rohingya se retrouve, selon lui, face à un dilemme dramatique : « mourir par génocide au Myanmar ou mourir lentement de faim dans les camps du Bangladesh ».

Appel aux pays à majorité musulmane et aux organisations humanitaires

Tun Khin adresse un message aux gouvernements de pays à majorité musulmane et aux ONG internationales :

  • Il appelle à une volonté politique pour résoudre la crise rohingya.
  • À court terme, il demande une augmentation des aides pour éviter la famine dans les camps.
  • Il demande un soutien financier aux initiatives du gouvernement bangladais permettant l’acheminement d’aide et la reprise du commerce vers l’État de Rakhine, ainsi qu’une pression sur l’Armée d’Arakan pour préparer des conditions de retour sûres.

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source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/9/7/%d8%b1%d8%a6%d9%8a%d8%b3-%d9%85%d8%ac%d9%84%d8%b3-%d8%a3%d8%b1%d9%83%d8%a7%d9%86%d8%a7-%d9%84%d8%a7%d8%ac%d8%a6%d9%88-%d8%a7%d9%84%d8%b1%d9%88%d9%87%d9%8a%d9%86%d8%ba%d8%a7

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