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La crise des réfugiés soudanais connaît une intensification alarmante, avec environ 25 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ayant franchi la frontière vers l’est du Tchad au cours de la première semaine d’octobre 2024. Ce chiffre représente un record pour une seule semaine. Le Tchad, l’un des pays les plus pauvres du monde, accueille 681 944 réfugiés soudanais, le plus grand nombre au monde.
Conditions de vie difficiles au camp de Farchana
Les conditions de vie au camp de Farchana sont particulièrement préoccupantes, selon les réfugiés qui ont été transférés de ce camp depuis le camp d’Adré à la frontière. Les nouveaux arrivants se joignent à ceux qui résident déjà dans ce camp depuis le génocide au Darfour dans les années 2000.
Des réfugiés interviewés ont exprimé leur désespoir face aux conditions qu’ils subissent. Beaucoup envisagent de poursuivre leur voyage vers l’Italie, d’autres pays européens, l’Afrique du Sud et le Golfe, selon les déclarations de l’ONU.
Des réalités de survie extrêmes
Hatim Abdallah El-Fadil, nommé responsable du camp par ses pairs, a rapporté que certains Soudanais avaient été contraints de mendier sur le marché local pour se nourrir. Âgé de 39 ans et père de quatre enfants, il a souligné que plusieurs personnes transférées à Farchana avaient fait le choix de revenir à Adré en raison de meilleures opportunités de travail.
« Beaucoup ici ont dû vendre leurs biens pour survivre », a-t-il déclaré. « Je ne sais vraiment pas comment ils peuvent continuer à vivre ainsi. »
Les enjeux éducatifs et la jeunesse en danger
Le manque d’éducation représente également un problème majeur. Des enfants plus jeunes reçoivent des cours sporadiques de réfugiés enseignants, utilisant des livres qu’ils ont réussi à faire sortir de la ville de Geneina au Darfour. Les adolescents qui ne vont pas à l’école risquent de devenir « une génération perdue ».
Une guerre dévastatrice
Depuis avril 2023, une guerre dévastatrice oppose l’armée soudanaise, dirigée par le chef de facto Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (RSF) menées par son ancien adjoint, Mohamed Hamdan Dagalo. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment en ciblant des civils et en bloquant l’aide humanitaire, laissant des dizaines de milliers de personnes mortes et 26 millions de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire.
La situation alimentaire alarmante
La hausse du nombre de réfugiés reflète l’aggravation du conflit au Darfour, où les RSF contrôlent presque tous les grands centres de population, à l’exception d’El Fasher, assiégé depuis plusieurs mois. Des experts de l’ONU ont récemment accusé les belligérants d’utiliser des « tactiques de famine » contre 25 millions de civils, laissant 97 % de la population soudanaise confrontée à des niveaux de faim « sévères ».
Les défis du financement humanitaire
Les travailleurs d’ONG au Tchad expriment tous des préoccupations concernant le manque de financement pour les réfugiés. Un appel de l’ONU pour 1,5 milliard d’euros pour soutenir les réfugiés soudanais et leurs hôtes dans la région n’est financé qu’à hauteur de 27 %. Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique qu’il reçoit 8 000 francs CFA (10 euros) de financement par personne tous les deux mois, ce qui ne couvre que 50 % de l’assistance nécessaire.
Perspectives d’avenir
Malgré les difficultés que rencontrent les réfugiés au Tchad, la menace de violence extrême au Soudan, en particulier au Darfour, et la crise alimentaire croissante continuent de pousser un nombre toujours plus grand de personnes à fuir. Mamadou Dian Balde, coordinateur régional des réfugiés de l’ONU pour le Soudan, a affirmé qu’il serait « une grande erreur » de penser que le flux de personnes déplacées serait limité au Soudan et à la région.