La Mongolie traverse une période de crise politique profonde, suite à la démission du Premier ministre Luvsannamsrain Oyun-Erdene, suite à un vote de confiance au Parlement qui a montré un profond mécontentement de la population et des députés. Le vote, à bulletin secret, s’est soldé par 44 voix en faveur du chef du gouvernement, contre 38, alors qu’il fallait au moins 64 voix pour obtenir la confiance. Ce résultat intervient dans un contexte de controverses liées à la corruption et à la gestion des ressources naturelles, notamment du charbon, au sein du pays enclavé entre la Chine et la Russie.
Un contexte de tensions et de manifestations
Depuis plusieurs semaines, la capitale Oulan-Bator est le théâtre de manifestations massives contre la mauvaise gestion et la corruption. La population, principalement la jeunesse, dénonce une concentration des richesses minières entre les mains d’une élite restreinte, et des dépenses extravagantes du fils du Premier ministre, ce qui a ravivé des tensions sociales et politiques. Lors de ces rassemblements, les manifestants brandissaient des pancartes telles que « Il est facile de démissionner », exprimant leur volonté de changement.
Une instabilité politique palpable
Le départ de M. Oyun-Erdene, en poste depuis 2021, plonge le pays dans une situation d’incertitude. La Mongolie, dont la population avoisinant 3,4 millions d’habitants, vit depuis sa dernière élection une coalition fragile entre plusieurs partis. La crise s’est intensifiée après l’exclusion du Parti démocrate de la coalition par le Parti du peuple mongol (PPM), qui a consolidé ses divisions internes et alimenté la nervosité politique. Selon l’universitaire Julian Dierkes, cette démission pourrait faire revenir une politique plus factionnelle, sans grand changement en matière de lutte contre la corruption.
Le gouvernement par intérim, nommé pour régner jusqu’à la nomination d’un nouveau Premier ministre dans les 30 jours, devra faire face à une société divisée entre jeunes mobilisés pour la justice sociale et soutiens plus anciens du président déchu. La crise économique et la hausse du coût de la vie alimentent également le mécontentement, mettant en évidence la difficulté pour la Mongolie de répondre aux attentes d’une population exigeante et inquète quant à ses perspectives d’avenir.
Face à cette situation volatile, le pays devra rapidement trouver une stabilité politique pour éviter une aggravation des tensions sociales et préserver ses ressources naturelles face à une corruption persistante.