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Crise financière en Palestine : réduction du temps de travail des fonctionnaires

by Sara
Palestine, Israël

Face à l’incapacité de la Palestine à verser les salaires de ses fonctionnaires depuis deux mois consécutifs, le gouvernement palestinien envisage de réduire la durée de travail dans les institutions publiques. Cette mesure vise à alléger à la fois le fardeau financier du gouvernement et la pression sur les employés.

Cette décision intervient après des mobilisations syndicales, dans un contexte de blocage par Israël des fonds de compensation palestiniens. Ces fonds, composés notamment des taxes sur les importations vers le marché palestinien collectées par Israël aux points de passage qu’elle contrôle, devaient être transférés à l’Autorité palestinienne. Cependant, leur accumulation a atteint environ 2,7 milliards de dollars.

Parallèlement, la Cour administrative a émis une décision à la mi-juillet ordonnant la suspension temporaire de la réduction du temps de travail, suite à une action syndicale menée par l’Union des syndicats des professions de santé palestinienne, protestant contre le non-paiement des salaires.

Avertissements et répercussions

Le gouvernement a mis en garde contre un scénario où les institutions nationales pourraient être incapables de maintenir leurs services essentiels. Le bureau de liaison gouvernemental a donc annoncé une réduction du temps de travail des employés. Certaines administrations, notamment les directions de l’éducation, ont limité le service à deux jours par semaine, après une année où les enseignants n’accomplissaient que quatre jours de travail hebdomadaires.

Le Secrétariat général du Conseil des ministres a publié récemment des directives temporaires organisant un régime de travail flexible et transitoire pour une durée d’un mois. Ces mesures visent à garantir la continuité du travail et la fourniture des services, tout en respectant les droits des citoyens et le fonctionnement des institutions.

Les nouvelles instructions permettent aux chefs de départements gouvernementaux d’adapter les horaires de travail selon les spécificités des postes et les conditions propres à chaque service.

Situation économique critique

Selon l’économiste Samir Halila, la masse salariale de l’Autorité palestinienne s’élève à environ 8,8 milliards de shekels par an (environ 2,6 milliards de dollars). Les forces de sécurité absorbent 37 % de ces salaires, le secteur de l’éducation 33 %, et la santé 11 %. Malgré cela, la crise financière demeure sans perspective claire de résolution.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a alerté récemment les dirigeants mondiaux sur « un siège financier et économique sans précédent », destiné selon lui à affaiblir le gouvernement palestinien et à paralyser sa capacité à répondre aux besoins de la population.

Impacts sur les fonctionnaires et les services publics

Osama Al-Najjar, président de l’Union des syndicats des professions de santé, a expliqué que les employés tentent de s’adapter en réduisant leurs jours de travail tout en maintenant un service minimal pour préserver une vie digne malgré le non-paiement partiel ou total de leurs salaires depuis 45 mois.

Il a souligné que cette situation est devenue insoutenable, avec un impact direct sur la qualité des services de santé, à risque de malaise grave si la crise persiste. Al-Najjar note que certains travailleurs de la santé n’ont même plus les moyens de se déplacer au travail ni d’acheter le nécessaire pour leurs familles.

Le recours à la réduction du temps de travail existe depuis plusieurs années, initié sous le gouvernement de Mohammad Shtayyeh, notamment par divers syndicats pour que le service ne soit pas interrompu malgré la diminution des horaires à trois jours par semaine.

Analyse politique du contexte

Le politologue Suleiman Basharat estime que la prolongation de cette crise financière et salariale reflète un plan plus large affectant le rôle de l’Autorité palestinienne. Selon lui, la stratégie israélienne vise à remodeler la relation future avec la Palestine, réduisant l’Autorité à un simple rôle administratif dépourvu de toute dimension politique.

Basharat explique que cette vision, soutenue par Israël, certains pays occidentaux et quelques États arabes, pousse vers une restructuration profonde de l’Autorité palestinienne sous prétexte de réforme, ce qui pourrait la fragiliser politiquement et économiquement.

Il suggère enfin que la réduction du temps de travail pourrait être un message envoyé aux pays européens et aux bailleurs habituels pour qu’ils honorent leurs engagements financiers et aident à combler le déficit.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/7/22/%d9%81%d9%84%d8%b3%d8%b7%d9%8a%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%82%d8%af%d8%b3-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%84%d8%b7%d8%a9-%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84-%d9%85%d9%82%d8%a7%d8%b5%d8%a9

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