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Dans une tente installée le long de la rue Al-Rachid, sur la côte ouest de la ville de Gaza, Karim Hamdan vit déplacé avec ses quatre filles dans des conditions de survie après avoir fui le nord du territoire il y a quatre mois. Autour de sa tente, des milliers d’autres abris précaires longent la mer à l’ouest, tandis que l’avancée de l’armée israélienne menace les habitants depuis l’est.
Fuir la mort et des déplacements répétés
La guerre, qui dure depuis plus de 700 jours, a laissé peu d’endroits sûrs dans le nord de la bande de Gaza. Karim raconte qu’il a dû se déplacer dix fois depuis le début des hostilités en quête d’un lieu plus sûr.
Chaque installation provisoire est souvent détruite par des tirs de roquettes et d’obus. L’une de ces frappes a déjà coûté une jambe à sa fillette, selon les témoignages recueillis.
La pression militaire et les menaces d’occupation ont poussé plus de 1,2 million de Palestiniens — résidents de la ville de Gaza et du nord de la bande — à se regrouper dans un espace exigu à l’ouest et au centre de la ville.
Conditions de vie désastreuses le long du littoral
Le littoral du nord de Gaza, long d’environ 13 kilomètres depuis le point de passage de Zikim jusqu’à la frontière entre la ville de Gaza et le gouvernorat central, s’est transformé en un vaste camp de fortune. Les services d’infrastructure ont disparu et les eaux usées se déversent vers la mer.
Conséquences immédiates :
- Utilisation de l’eau de mer pour des besoins quotidiens faute d’alternatives.
- Rareté presque totale d’eau potable, suite à la mise hors service de la plupart des stations de dessalement situées en zones dangereuses.
- Risque élevé d’épidémies en raison de l’insalubrité et de l’absence d’assainissement.
Les déplacements forcés et l’accumulation de populations dans des espaces restreints aggravent la vulnérabilité sanitaire des déplacés.
La bataille pour la nourriture
Sur plus de trois kilomètres le long de la route côtière, des milliers de personnes affamées se dirigent vers le point de passage de Zikim, au nord-ouest, espérant obtenir une part des convois d’aide autorisés ponctuellement à entrer.
La distribution demeure limitée : Israël a autorisé il y a environ trois mois le passage d’un nombre restreint de camions, mais leur transport jusqu’aux centres de distribution des agences internationales reste entravé.
Les Nations unies ont rejeté le plan israélien, estimant qu’il provoque davantage de déplacements forcés, met en danger des milliers de personnes et concentre l’aide dans une seule partie de Gaza, tout en subordonnant l’assistance à des objectifs politiques ou militaires.
Récits de faim et d’épuisement
Parmi les marcheurs, Samir Al-Abed, âgé d’une soixantaine d’années, tente quotidiennement d’atteindre les zones où arrivent les aides. Son âge l’empêche souvent d’aller jusqu’aux camions ; il doit compter sur la générosité de ceux qui reviennent.
Les visages des personnes revenues des points d’approvisionnement sont marqués par la poussière et l’épuisement. Beaucoup reviennent pieds nus, portant ce qu’ils ont pu arracher à la faim.
Toutefois, parmi ceux qui réussissent à rapporter des vivres, plusieurs dizaines rentrent morts, victimes des tirs intenses visant les personnes qui cherchent à se nourrir.
Des hôpitaux débordés et des trajets périlleux
À l’hôpital Sheikh Hamad pour prothèses, au nord-ouest de la ville, les équipes reçoivent quotidiennement des corps et des blessés issus des tentatives d’approvisionnement. Les ambulances empruntent des pistes difficiles, faisant des allers-retours pour évacuer les victimes vers les structures hospitalières restantes en ville.
La fragilité des circuits d’évacuation et le manque de ressources médicales signifient que de nombreuses blessures graves restent sans prise en charge adéquate.
Images de détresse et lueur d’espoir

Malgré la détresse, des scènes d’humanité persistent : des enfants jouent dans les eaux du littoral pour fuir la chaleur et le bruit des combats, offrant un bref répit à leur traumatisme quotidien.

Ces instants de vie, malgré l’ampleur de la crise humanitaire Gaza, rappellent la résilience des populations qui cherchent à survivre au cœur d’un conflit prolongé.