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La situation au Soudan, plongé dans une guerre civile depuis deux ans, s’aggrave au point de provoquer une crise humanitaire sans précédent. Des millions d’enfants sont déplacés et la population civile subit quotidiennement les conséquences des combats, alimentant une urgence humanitaire majeure.
Appel à la paix et à l’aide internationale
Filippo Grandi, Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), a lancé un appel pressant à l’occasion du deuxième anniversaire du conflit soudanais : « Il est nécessaire de déployer tous les efforts pour rétablir la paix au Soudan. Le soutien humanitaire et la coopération au développement doivent être intensifiés. Continuer à fermer les yeux aura des conséquences catastrophiques. »
Il dénonce une crise humanitaire qui s’aggrave, la plus grave au monde en termes de personnes déplacées, aggravée par des coupes drastiques dans l’aide internationale. « Le Soudan saigne. Sa population souffre depuis trop longtemps. Les civils sont bombardés quotidiennement », a-t-il insisté, tout en dénonçant l’indifférence globale qui a marqué les deux dernières années, avec un soutien international limité tant pour la paix que pour les pays voisins accueillant des réfugiés.
De retour du Tchad, pays hébergeant près d’un million de déplacés soudanais, Filippo Grandi a souligné les difficultés croissantes rencontrées par les nations africaines accueillant ces réfugiés et a averti que « la stabilité de toute la région est menacée ».
Il a également évoqué l’impact au-delà du continent africain : « Des réfugiés soudanais arrivent en Ouganda et traversent la Libye, affrontant des voyages extrêmement dangereux pour atteindre l’Europe. Beaucoup ont déjà entrepris ce périple et d’autres suivront pour faire valoir leurs droits fondamentaux. »
Save the Children : six millions d’enfants déplacés
Selon Francesco Lavino, responsable des opérations humanitaires de Save the Children au Soudan, « six millions d’enfants ont été arrachés à leur foyer » dans ce qui est « la plus grande crise humanitaire au monde ». Près de 13 millions de personnes sont déplacées internes, soit la majorité de la population soudanaise.
Les enfants sont les principales victimes du conflit. « Ceux qui arrivent dans nos camps pour déplacés ont les yeux perdus, tristes, déprimés », témoigne Lavino. « Ils ont été témoins d’atrocités indicibles, parfois subies par eux-mêmes ou leur famille. Nous tentons de leur apporter un peu d’espoir grâce à la nourriture, l’accès à l’eau, un endroit sûr où passer la nuit ainsi que par nos programmes de santé et de nutrition. »
Les derniers arrivants proviennent principalement du Nord-Darfour, notamment de Fashir, où un récent assaut a visé un des principaux camps, le camp de Zanzam, causant la mort de centaines de personnes dont neuf travailleurs humanitaires. Save the Children s’efforce d’accueillir ces familles fuyant cette nouvelle vague d’attaques.
Francesco Lavino souligne que la capitale Khartoum reste inaccessible pour l’instant, mais que l’organisation évalue un retour prochain pour renforcer son aide dans la ville. Il dénonce une « crise oubliée » au regard de l’attention médiatique moindre comparée à d’autres conflits comme en Ukraine ou à Gaza. Il appelle la communauté internationale à pousser pour un cessez-le-feu immédiat, afin de faciliter le travail humanitaire et engager des négociations de paix.
OIM : un possible retour de plus de deux millions de déplacés à Khartoum
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que plus de 2,1 millions de déplacés internes pourraient revenir à Khartoum dans les six prochains mois, sous réserve d’une amélioration des conditions sécuritaires et de la remise en état des infrastructures.
Mohamed Refaat, chef de mission de l’OIM à Port Sudan, a précisé lors d’un briefing des Nations Unies à Genève : « Nous estimons que 31 % des déplacés sont originaires de Khartoum, et près de la moitié d’entre eux envisagent un retour dans la capitale, désormais contrôlée par les Forces armées soudanaises (SAF) après avoir été reprise aux forces paramilitaires de la Rapid Support Forces (RSF). »
Il a toutefois averti que ce retour dépendra fortement de la sécurité sur place et de la disponibilité des services essentiels. Khartoum a été partiellement détruite par les combats, et la présence d’engins non explosés constitue un danger sérieux. « Certains secteurs ont été déminés, mais le processus prendra du temps. Il ne faut pas oublier que le réseau électrique de la ville a été entièrement détruit », a-t-il ajouté.