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Crise morale chez les réservistes israéliens au cœur du conflit Gaza

by Sara
Crise morale chez les réservistes israéliens au cœur du conflit Gaza
Israël, Gaza

Des réservistes israéliens témoignent d’un profond malaise face au conflit à Gaza

La revue américaine The New Yorker a recueilli les témoignages de soldats réservistes israéliens engagés dans les combats à Gaza. Ces témoignages révèlent une baisse significative du soutien aux opérations militaires parmi cette catégorie, qui représente environ 70 % des forces armées israéliennes.

Un soldat de réserve, désigné sous le nom de Nir, a expliqué que, au début de la guerre, « les gens se sont précipités, même ceux qui n’avaient pas servi en réserve depuis dix ans voulaient participer aux combats ». Cependant, avec la prolongation du conflit et l’intensification des affrontements, Nir, qui se prépare à une nouvelle convocation d’urgence, confie que « la situation est très critique, tout le monde est épuisé ».

Un soutien en déclin et une solidarité en question

Nir, qui se définit comme un sympathisant de la droite, précise que durant sa dernière mobilisation, environ 60 % des soldats convoqués se sont présentés. Ce chiffre est désormais tombé en dessous de 50 %. Il partage désormais les préoccupations exprimées par les familles des otages, insistant sur le fait que « la pression militaire met en danger les détenus et qu’un accord négocié est la seule façon de garantir leur libération ».

Il ne cache pas sa frustration face à la situation actuelle, déclarant : « Je n’ai aucune raison de servir maintenant, si ce n’est par solidarité avec mes camarades. J’ai honte de mon gouvernement et de ce que ce pays est devenu. »

Un refus croissant parmi les réservistes

À l’inverse de Nir, Eran Tamir, un fantassin ayant participé à quatre campagnes de combat en dix-huit mois, a décidé de ne pas répondre à l’appel lancé par le gouvernement de Benjamin Netanyahu pour mobiliser des dizaines de milliers de réservistes en vue d’une extension des opérations à Gaza.

Dans une lettre ouverte publiée sur le site israélien Walla, Tamir dénonce ce qu’il considère comme un mensonge : « Ils diront que c’est un effort pour libérer les otages, une guerre de survie ou de résurrection, et que cette fois, le Hamas sera vaincu. C’est une tromperie. Il est légitime de refuser une guerre dont les objectifs déclarés sont un mensonge complet. Il est légitime de refuser une guerre qui représente le plus bas niveau moral pour notre pays. »

Un dilemme moral et une perte de confiance

De retour d’un long séjour aux États-Unis juste après l’attaque du 7 octobre 2023, Tamir faisait partie des quelque 300 000 Israéliens mobilisés, lors de la plus grande mobilisation de réservistes depuis la guerre de 1973. Sa mère lui avait supplié de ne pas partir, mais il avait répondu : « Si je ne le fais pas, je ne pourrai pas me le pardonner. » Aujourd’hui, il écrit : « Je me dis que je ne me pardonnerai jamais si je continue à servir dans cette guerre. »

The New Yorker rappelle que les réservistes israéliens servent généralement jusqu’à 54 jours répartis sur trois ans. La mobilisation a toujours été élevée, car le service militaire obligatoire est profondément ancré dans la culture israélienne. Pourtant, la situation actuelle est différente : « Les soldats estiment que leur service au pays est mieux accompli en refusant de combattre. »

Un manque de troupes et une mission compromise

Un porte-parole de l’armée israélienne a récemment assuré que les forces disposent d’« une capacité humaine suffisante pour accomplir leurs missions ». Toutefois, un rapport du journal Yedioth Ahronoth révèle que le chef d’état-major, Eyal Zamir, a averti lors d’une réunion à huis clos qu’il souffre d’une grave pénurie de soldats et qu’il ne peut pas réaliser les objectifs fixés par le gouvernement à Gaza.

Yair, un réserviste ayant terminé son service, déclare avoir perdu progressivement foi dans la cause, jugeant que « les objectifs de la guerre deviennent flous, et qu’il existe un écart entre ce qui se passe sur le terrain et les slogans sur le retour des otages et la défaite du Hamas. »

Un vétéran appelle au refus

Uri Arad, un ancien éclaireur de combat âgé de 73 ans, affirme avoir entendu de nombreux jeunes comme Yair chercher conseil sur la poursuite ou non des convocations. Il ne leur donne pas de directive, mais partage ce qu’il aurait souhaité faire à leur place : « Le refus. »

Arad a été prisonnier pendant six semaines lors de la guerre de 1973, détenu par les forces égyptiennes. Il explique que ce qui lui a permis de tenir, ce n’est pas la foi mais la certitude que « le pays ferait tout pour me ramener. »

Une guerre qui divise et fragilise la société israélienne

Pour Arad, la décision d’Israël de renoncer à un accord avec le Hamas et d’étendre ses opérations militaires à Gaza constitue un abandon des otages, synonyme de « perte de l’esprit du pays ». Il souligne également le nombre croissant de Palestiniens innocents tués par Israël, une réalité difficile à expliquer ou à ignorer.

Il conclut : « Cette guerre a entraîné un déclin moral en Israël et une fragmentation de la société israélienne. »

Une opinion publique divisée

Selon The New Yorker, seulement 35 % des Israéliens pensent que la poursuite des combats à Gaza sert les intérêts du pays. Par ailleurs, 53 % estiment que cette guerre est motivée par des intérêts personnels de Netanyahu. Pourtant, les alliés nationalistes extrémistes de Netanyahu au gouvernement ont menacé de renverser l’exécutif si la guerre venait à s’achever.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/5/15/%d9%85%d9%86%d9%87%d9%83%d9%88%d9%86-%d9%88%d9%8a%d8%b4%d8%b9%d8%b1%d9%88%d9%86-%d8%a8%d8%a7%d9%84%d8%ae%d8%ac%d9%84-%d9%86%d9%8a%d9%88%d9%8a%d9%88%d8%b1%d9%83%d8%b1-%d8%aa%d9%81%d8%aa%d8%ad

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