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Crise politique en France : le vote de confiance de Bayrou en question

by Sara
France

Invité des « 4 Vérités » mercredi 27 août, Raphaël Glucksmann a exprimé sa perplexité face au vote de confiance sollicité par François Bayrou pour le 8 septembre, estimant que la démarche du Premier ministre relève d’un « coup de poker » et traduit un défaut de méthode dans la conduite du gouvernement français.

Vote de confiance demandé par François Bayrou : les critiques de Raphaël Glucksmann

Les réactions se multiplient depuis l’annonce de François Bayrou de porter la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale le 8 septembre. Tandis que l’ensemble de la gauche s’est déclaré en majorité favorable au vote contre, Raphaël Glucksmann, coprésident du mouvement Place publique et eurodéputé, a résumé sa position en des termes très durs lors de son intervention aux « 4 Vérités ».

Interrogé sur le sort du Premier ministre, Glucksmann a répondu sans détour :

Il est scellé. Il est scellé depuis avant-hier. Vous savez, je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qu’a fait le Premier ministre. Je ne comprends pas ce coup de poker.

Il rappelle que, selon lui, Bayrou avait présenté en juillet une « copie pour le budget avec des pistes » et que Place publique, avec ses partenaires socialistes, avait clairement formulé des exigences : retrait de certains textes, refus d’efforts sur les dépenses de santé qui frapperaient l’hôpital, et questions sur la suppression des jours fériés. Glucksmann déplore l’absence, depuis, de méthode et de négociation :

Depuis, plus rien. Pas de méthode, pas de contact, pas de négociation. Et tout d’un coup, une rentrée. Personne n’est au courant. Et on a un Premier ministre qui dit : « C’est tout ou rien, faites-moi confiance ».

Pour le dirigeant de Place publique, la posture de Bayrou est une faute politique dans le contexte d’une Assemblée sans majorité claire :

Mais c’est un mal français. Vous savez, quand on est dans une situation où on n’a pas de majorité, ce dont on doit faire preuve, c’est d’humilité. … Il n’y a pas de majorité de gauche. On le sait, il n’y a pas non plus une majorité de droite, ni une majorité macroniste. Il n’y a pas de majorité.

Glucksmann critique l’appel au « courage personnel » et refuse l’idée que le geste de Bayrou relève d’une forme de bravoure solidaire : « Le courage, c’est d’essayer d’avoir un budget en faisant des comptes », dit-il, insistant sur la nécessité d’un compromis en fonction des rapports de force à l’Assemblée.

Sur la tonalité changeante observée à l’Assemblée — des propos martiaux suivis d’apparentes ouvertures vers la CFDT et des mesures ciblées sur les hauts revenus — Glucksmann s’interroge, moqueur :

Vous y comprenez quelque chose ? Sérieusement, là je vous pose une question, … Vous avez un ton martial la veille, qui dit : « C’est comme ça. Et maintenant, vous allez devoir faire un chèque en blanc et vous prononcer avant même de discuter et d’engager un rapport de force et une négociation ».

Il juge incohérent d’affirmer que le vote de confiance serait « déconnecté du budget » alors que, selon lui, les décisions budgétaires et la capacité à rassembler sont indissociables de la confiance parlementaire.

Sur l’accusation de mener au « chaos » portée par le Premier ministre contre ceux qui refusent de lui accorder leur soutien, Glucksmann répond en rappelant la posture déjà adoptée par Place publique et ses partenaires : ils ont refusé de voter la censure initiale pour privilégier la négociation et permettre l’adoption d’un budget indispensable.

Nous, on a négocié, on a obtenu des choses avec nos partenaires socialistes, et du coup, on n’a pas voté la première censure. On a fait passer le budget parce qu’on sait qu’il faut un budget. On sait que la situation est grave. On sait que la dette est un problème immense.

Glucksmann estime que François Bayrou aurait dû, dès sa première nomination, adopter une posture plus humble et davantage tournée vers la négociation, plutôt que de se placer dans une posture « verticale » et de rechercher une « splendeur » institutionnelle. Il cite Montaigne pour illustrer son propos :

« Même sur le plus haut trône du monde, vous n’êtes jamais assis que sur votre cul ».

Sur la suite des événements, et sur la probabilité que Bayrou perde la confiance le 9 septembre, Glucksmann se montre catégorique : « Il va tomber. Et il aura décidé tout seul de le faire. » Interrogé sur la possibilité d’une nomination d’une personnalité issue de la gauche par Emmanuel Macron, il répond :

Je préférerais que ce soit une personnalité issue de la gauche. Mais j’ai conscience, je l’ai dit dès le 7 juillet, qu’il n’y a pas une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas de majorité.

Il rappelle enfin que Place publique travaille depuis un an à un projet de transformations profondes pour la France — hôpital, éducation, sécurité, gouvernance — mais qu’il reconnaît l’absence de majorité pour les mettre en œuvre immédiatement. Selon lui, ces grandes orientations doivent se trancher lors des élections nationales de 2027, moment où, dit-il, « les Français choisissent les grandes orientations pour leur pays ».

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source:https://www.franceinfo.fr/politique/gouvernement-de-francois-bayrou/vote-de-confiance-je-ne-comprends-pas-ce-coup-de-poker-on-a-un-premier-ministre-qui-dit-c-est-tout-ou-rien-faites-moi-confiance-reagit-raphael-glucksmann-copresident-de-place-publique_7457209.html#xtor=RSS-3-%5Blestitres%5D

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