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Par Bruno Jeudy, directeur délégué de la rédaction. La crise politique France s’annonce comme une semaine décisive, menaçant d’entraîner une instabilité comparable à celle de la IVe République et posant la question de la capacité des responsables politiques à trouver des compromis.

Une semaine décisive pour la crise politique France : chute probable du gouvernement
Lundi 8 septembre ne devrait offrir ni suspense ni répit pour François Bayrou : après le probable échec du vote de confiance, la France se retrouvera sans chef du gouvernement. Emmanuel Macron, qui aura usé quatre Premiers ministres en trois ans, devra identifier un successeur, une évolution qui rappelle la fragilité institutionnelle de la IVe République.
Fin diplomate habitué à gérer tensions et conflits, Henry Kissinger avait lancé cette saillie aux journalistes : « Il ne peut y avoir de crise la semaine prochaine : mon agenda est déjà plein. » Emmanuel Macron eût aimé pouvoir inverser cette boutade, tant les échéances politiques et sociales de la semaine semblent se succéder en crescendo.
Les événements annoncés dressent un calendrier serré et potentiellement périlleux : la chute inévitable du gouvernement Bayrou (lundi) ; une forte agitation sociale organisée autour du mouvement « Bloquons tout » (mercredi 10 septembre) ; et la menace d’une dégradation de la note de la France par l’agence de notation Fitch (vendredi). Ce cumul d’échéances expose les risques d’une crise financière et d’une paralysie accrue du pays.
Tractations à l’Élysée et proposition d’un Premier ministre socialiste
Plutôt que de choisir la dissolution immédiate, Emmanuel Macron a entamé des discussions en coulisses avec Olivier Faure pour explorer la nomination d’un Premier ministre issu du Parti socialiste. Le premier secrétaire du PS, qui s’est éloigné des Insoumis de Jean‑Luc Mélenchon, s’est déclaré disponible tout en posant des exigences concernant les mesures d’économie à mener.
Ces tractations se heurtent à la remise en question de la doctrine présidentielle sur la non‑augmentation des impôts et la défense de la compétitivité des entreprises, ce qui rend l’issue incertaine. Il faudra trouver un nom pour Matignon capable d’obtenir un accord de non‑censure de la gauche modérée, tout en conservant la bienveillance des Républicains et le soutien des macronistes, afin de faire adopter un budget pour 2026.
Si cette mission échoue, l’Élysée sera contraint, selon le scénario exposé, de dissoudre l’Assemblée nationale, une issue prête à satisfaire les opposants qui, ironiquement, voient la vie politique en « 3D, comme dissolution, démission, destitution ! »
La désignation d’un exécutif capable de gouverner dépendra donc d’un délicat dosage entre concessions et garanties de rigueur budgétaire. Les discussions avec le PS illustrent la nécessité, pour l’exécutif, d’accepter certaines concessions idéologiques au profit d’un accord durable susceptible d’éviter une crise ouverte.
La fragmentation du paysage politique rend cependant ces compromis plus difficiles : les partis doivent, comme l’ont fait la CDU et le SPD en Allemagne, apprendre à fonctionner en coalition et à cultiver la culture du compromis. Faute de quoi, l’instabilité politique risque de s’ancrer durablement, au détriment de la cohésion nationale et de la capacité à gouverner efficacement.
La crise que traverse le pays oblige aussi les citoyens à regarder leur responsabilité dans la durée : « Durant des décennies, ils se sont accommodés de vivre à crédit pour entretenir un État‑providence inadapté aux temps nouveaux et à la démographie du XXIe siècle. » Si l’on peut blâmer l’incurie des dirigeants successifs, la somme des égoïsmes et le goût de la facilité ont contribué aux difficultés actuelles.
Ce qu’il faut suivre dans les prochains jours
- Lundi 8 septembre : probable chute du gouvernement Bayrou et départ de Matignon.
- Mercredi 10 septembre : mobilisation nationale prévue avec le mouvement « Bloquons tout ».
- Vendredi : risque de dégradation de la note souveraine de la France par l’agence Fitch.
La réussite des tractations politiques et la capacité des acteurs à forger des compromis déterminera si la crise se résorbe dans l’arène parlementaire ou si elle débouche sur des solutions plus radicales, telles qu’une dissolution. La période reste donc une étape clé pour l’avenir institutionnel et économique du pays.