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Des murs d’Idleb effondrés aux rues déchirées de Gaza, l’élan de fraternité se vit entre douleur et impuissance, souvent à distance. Les façades brisées conservent les empreintes de la guerre à Idleb, tandis que la vie continue d’être étouffée à Gaza. Quand les mots semblent manquer, la palette et le pinceau prennent la parole pour dessiner les traits de la solidarité.
La peinture comme langue de solidarité
Les artistes plasticiens Aziz Al Asmar et Anis Hamdoun ont transformé les décombres en fresques qui disent l’humanité. Sur les murs fissurés, ils ont peint les visages d’enfants gazaouis et de mères en deuil, images qui tissent le récit d’une cité confrontée à la mort à chaque instant.
Ces peintures ne sont pas de simples coups de pinceau : elles sont une langue faite de larmes et d’espoir, un pont entre deux villes marquées par les mêmes blessures. Elles installent dans les rues d’Idleb un témoignage visible et durable pour que la question palestinienne reste présente.
Aziz Al Asmar explique dans un entretien accordé à Al Jazeera Net que la cause est unique, de la Syrie à Gaza : « Nous portons la même douleur que subit le peuple de Gaza, nous l’avons nous-mêmes goûtée sous les crimes du régime et de ses alliés. Nous vivons la fraternité avec notre peuple en Palestine ; ce qui les blesse nous blesse aussi. »
Anis Hamdoun précise que ces œuvres apposées sur des murs détruits veulent adresser un message au monde sur les crimes commis contre les habitants de Gaza. Il souligne que peindre sur les murs des écoles en Syrie est une manière de transmettre la réalité à la jeunesse.
Des murs-écoles pour transmettre et documenter
Les artistes expliquent que leurs peintures portent des messages clairs : dénoncer l’assassinat et le musellement des journalistes à Gaza et soutenir ceux qui risquent leur vie pour que la vérité parvienne au monde. Le pinceau devient ainsi un devoir, une arme pacifique pour soutenir la liberté d’expression.
Aziz Al Asmar insiste sur le fait qu’à Idleb la cause palestinienne est vécue comme une cause commune. Il rappelle que les droits humains sont piétinés à Gaza : « Des enfants sont tués, des journalistes sont assassinés pour les réduire au silence. »
Les fresques sont volontairement peintes sur les murs de maisons détruites par l’aviation du régime et de ses alliés. Pour ces artistes, c’est la forme de solidarité la plus accessible et la plus sincère qu’ils puissent offrir : inscrire la voix de Gaza sur les murs de leur propre ville.
L’art comme archive des crimes et de la résistance
Les peintures documentent les massacres, le bombardement des mosquées et des hôpitaux, ainsi que la faim infligée aux enfants sous le siège. Ces images deviennent des archives publiques, lisibles chaque matin par les habitants et les élèves qui passent devant les écoles.
Parmi les œuvres, les artistes ont représenté des journalistes tombés en exerçant leur métier — Anas Sharif et Maryam Abu Daqah — pour consigner ce crime et rappeler leur sacrifice. Ils ont choisi d’afficher ces portraits afin d’éduquer les plus jeunes et de préserver la mémoire collective par l’art.
- Des mosquées et des hôpitaux bombardés, peints pour témoigner de l’atteinte aux sanctuaires civils.
- Des enfants amaigris tenant un morceau de pain et une pièce, symbole de la faim imposée par le siège.
- Une évocation de la trêve survenue après 466 jours de guerre, d’abord porteuse d’espoir puis rapidement rompue.
Les artistes rappellent aussi leur effort constant pour relier les événements de la révolution syrienne à ceux de Gaza. Face aux contraintes pesant sur les journalistes et aux assassinats ciblés, leur rôle est de servir de voix alternative qui documente et transmet la réalité au monde.
À travers ces murs peints, Idleb et Gaza se répondent : l’art mural solidarité devient un acte de mémoire, de résistance et de transmission, là où la parole et les institutions font souvent défaut.