Home ActualitéDébat au Royaume-Uni : vers la dépénalisation de l’IVG hors délai

Débat au Royaume-Uni : vers la dépénalisation de l’IVG hors délai

by charles
Royaume-Uni

Les députés britanniques s’apprêtent à dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse hors délai

Un débat majeur agite actuellement le Parlement britannique, alors que plusieurs organisations et députés soutiennent un amendement visant à dépénaliser l’avortement après 24 semaines et en dehors du cadre médical traditionnel. Actuellement, en Angleterre et au Pays de Galles, toute interruption de grossesse après ce délai ou sans autorisation peut entraîner des poursuites pénales, pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement, en vertu d’une législation datant de 1861.

L’affaire emblématique de Nicola Packer, une femme britannique de 45 ans innocentée en mai dernier, illustre la gravité de la situation. En 2020, lors de la pandémie de Covid-19, Nicola découvre sa grossesse, envisageant un avortement à domicile. Elle s’était fait prescrire des médicaments abortifs, pensant être enceinte de six semaines, mais elle se retrouve en réalité enceinte de 26 semaines. Après avoir accouché dans des conditions traumatisantes chez elle, elle découvre la mort du fœtus puis doit subir une opération d’urgence. Son arrestation et la procédure judiciaire qui s’en est suivie ont révélé les restrictions strictes entourant l’IVG dans le pays.

Image illustrant le débat sur l'avortement au Royaume-Uni

Un enjeu législatif et social

Bien que la loi sur l’avortement de 1967 ait assoupli la législation en permettant la pratique jusqu’à 23 semaines et six jours sous supervision médicale, au-delà de cette limite, les femmes encourent des sanctions si elles mettent fin à leur grossesse hors cadre autorisé. Plusieurs voix, notamment celles de femmes poursuivies ou arrêtées, dénoncent ces mesures qui continuent de criminaliser la décision des femmes en matière d’IVG.

Plusieurs organisations, y compris le syndicat médical BMA, des associations de défense des droits des femmes ou des cliniques, soutiennent l’amendement qui vise à dépénaliser les IVG hors délai. Elles rappellent que six femmes ont été jugées en Angleterre ces trois dernières années pour avoir aborté ou tenté d’avorter en dehors du cadre légal. Parmi elles, Carla Foster, condamnée en juin 2023 à plus de deux ans de prison pour avoir acquis des médicaments abortifs hors délai, a finalement été libérée après une mobilisation citoyenne.

« Si cet amendement est adopté, aucune femme ne pourra être poursuivie, quel que soit l’avancement de sa grossesse », insiste la députée Tonia Antoniazzi, initiatrice du projet.

Le soutien transcende les partis politiques, avec 140 députés sur 650 ayant annoncé leur intention de voter en faveur, mais aucune consigne de vote officielle n’a été donnée par les formations politiques. La société anti-avortement, représentée notamment par la Society for the Protection of Unborn Children, dénonce cette proposition comme étant une menace pour les enfants à naître, soulignant l’importance de la législation actuelle.

Perspectives et réactions

En dehors de l’Angleterre et du Pays de Galles, l’Irlande du Nord a dépénalisé l’avortement en 2019, mais le débat demeure vif au sein du Royaume-Uni. La question de la législation sur l’avortement continue de diviser l’opinion publique et politique, avec une forte mobilisation en faveur d’un changement qui pourrait transformer la manière dont la société britannique aborde la question du droit à disposer de son corps.

Les défenseurs de la dépénalisation avancent que maintenir une législation aussi rigide peut mettre en danger la vie et la santé des femmes. En réponse, certains opposants craignent une dégradation du respect de la vie dès les premiers moments de la grossesse.

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