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À moins de cinq mois des Jeux olympiques d’hiver Milan-Cortina 2026, la sécurité des pistes d’entraînement en ski alpin fait l’objet d’un débat croissant.
Les récents accidents mortels et les blessures graves chez des champions ont relancé les questions sur les normes et les ressources allouées aux sites d’entraînement.
Ce débat porte notamment sur la différence de protections entre pistes de course et pistes d’entraînement, et sur qui doit financer des améliorations.
- Accidents récents et inquiétude des athlètes.
- Inégalités de sécurité entre courses officielles et séances d’entraînement.
- Propositions pour des pistes d’entraînement dédiées et financées.
Le vécu des coureurs : peur, retour et prudence
Mikaela Shiffrin, revenue sur les skis quelques semaines après une chute traumatisante, a souligné la vigilance accrue que suscitent les pistes d’entraînement.
Blessée lors d’un géant de la Coupe du monde — plaie pénétrante à l’abdomen et atteinte sévère des muscles abdominaux —, la double championne olympique a expliqué qu’elle observait désormais les filets, les trous et la position des arbres avant chaque descente.
Alexis Pinturault a confirmé ces craintes en rappelant que de nombreux sites d’entraînement « ne sont pas vraiment sûrs ».
Pour plusieurs coureurs, l’enjeu est d’évaluer si une situation est « déraisonnablement dangereuse » ou acceptable pour s’entraîner.
Un drame qui relance la discussion
La mort du coureur italien Matteo Franzoso, percuté après avoir traversé deux couches de filets de sécurité lors d’un entraînement au Chili, a ravivé les débats sur la sécurité.
Franzoso, âgé de 25 ans, est décédé des suites d’un traumatisme crânien et d’un œdème cérébral deux jours après l’accident.
Son décès — survenu au sein d’une série d’accidents mortels récents touchant de jeunes skieurs — a poussé la Fédération italienne à demander à la FIS la création de pistes d’entraînement dotées des mêmes protections que les parcours de Coupe du monde.
Voir le compte rendu de l’accident : italian-skier-death-in-chile-prompts-rethink-on-eve-of-new-season
Pourquoi les pistes d’entraînement sont-elles moins protégées ?
Plusieurs raisons expliquent l’écart de sécurité entre courses officielles et entraînements :
- Contraintes financières limitant le nombre et la qualité des filets installés.
- Équipes réduites pour préparer et entretenir la piste, surtout après des chutes de neige nocturnes.
- Présence moindre de personnels médicaux et de moyens d’évacuation rapide comme les hélicoptères.
Sofia Goggia a rappelé que le ski de haut niveau est un sport extrême comparable à la F1 ou au MotoGP, où la vitesse et le risque demeurent constants.
Elle a aussi souligné que la simple multiplication des filets ne suffit pas si l’organisation logistique autour de la piste n’est pas adaptée.

Des filets supplémentaires suffisent-ils ?
L’argument en faveur de davantage de filets est partagé, mais plusieurs acteurs jugent la solution partielle.
Il faut aussi garantir la préparation du terrain après des chutes de neige et la remise en place des protections avant les sessions matinales.
Goggia a insisté sur le fait que responsabiliser uniquement les entraîneurs serait injuste : « un coach enseigne à skier, il ne peut pas tout sécuriser seul ».
Elle a ajouté qu’une organisation comparable à celle d’une épreuve de Coupe du monde serait nécessaire pour assurer une sécurité réelle sur une pente d’entraînement.
Pistes d’entraînement dédiées : proposition et limites
Après la tragédie de Franzoso, la Fédération italienne a proposé la création de pistes d’entraînement sécurisées, tant dans l’hémisphère Sud (Chili, Argentine, Nouvelle‑Zélande) que dans des sites américains et européens.
Ces pistes seraient équipées de filets et préparées comme des parcours de compétition.
Johan Eliasch, président de la FIS, a déclaré que l’instance travaille avec les fédérations nationales et les organisateurs locaux pour améliorer la sécurité.
Les axes cités incluent un calendrier mieux pensé pour le repos des athlètes, plus de personnel médical, davantage de filets et une meilleure préparation de la neige.
Pourtant, certains responsables nationaux restent prudents : pour l’entraîneur autrichien Roland Assinger, l’ambition de disposer d’un niveau de protection équivalent partout est limitée par les coûts.
Qui doit financer la sécurité des pistes ?
La question du financement est au cœur du débat. Eliasch affirme que la FIS a distribué près de 100 millions d’euros ces dernières années pour soutenir ses fédérations membres.
Il a souligné que les grandes nations riches comme l’Autriche et la Suisse pourraient investir davantage.
Des voix demandent une coordination accrue entre fédérations pour mutualiser les ressources et soutenir certains sites d’entraînement.
Christian Scherer, secrétaire général de Ski Austria, a précisé que la fédération autrichienne a commencé à expédier du filet supplémentaire vers ses camps à l’étranger, mais qu’une approche coordonnée est nécessaire.
En résumé, l’amélioration de la sécurité des pistes d’entraînement exige un engagement financier et organisationnel partagé entre la FIS, les fédérations nationales et les organisateurs locaux.
Perspectives et prochaines étapes
Les discussions engagées lors du début de saison visent à transformer les propositions en actions concrètes avant les Jeux de 2026.
Les options retenues devront concilier sécurité maximale, contraintes budgétaires et logistique sur des sites internationaux.
- Renforcer la préparation des pistes après intempéries.
- Standardiser les protections pour les sessions de vitesse.
- Coordonner les investissements entre fédérations et FIS.
Les prochains mois seront déterminants pour savoir si ces mesures permettront de réduire les accidents et d’améliorer la sécurité sans empêcher les athlètes de s’entraîner dans des conditions compétitives.