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La nouvelle coalition gouvernementale allemande fait face à ses premiers désaccords autour des réformes de la durée du travail et du système de retraites. La ministre du Travail, Bärbel Bas, membre du SPD, adopte une position prudente concernant la mise en place d’une durée hebdomadaire maximale de travail, tandis que sa proposition d’élargir les contributions aux retraites aux indépendants et fonctionnaires rencontre une forte opposition au sein de l’Union.
Crédit photo : picture alliance/dpa
Un débat tendu sur la durée hebdomadaire maximale de travail
La ministre fédérale du Travail, Bärbel Bas, a manifesté une certaine prudence face à l’idée d’instaurer une durée hebdomadaire maximale de travail, telle que prévue dans le contrat de coalition. Dans des déclarations aux médias du groupe Funke, elle a insisté sur la nécessité de consulter au préalable les partenaires sociaux avant d’adopter une loi. La ministre a également souligné les difficultés exprimées par les entreprises, notamment liées au suivi du temps de travail.
Selon le pacte gouvernemental, cette nouvelle règle devait remplacer la limitation actuelle du travail à huit heures par jour. Or, Bas a clairement indiqué que cette mesure ne correspondait pas à la vision du SPD. Elle a rappelé qu’aucun salarié ne devrait être contraint à travailler davantage contre son gré, en garantissant le respect de la protection au travail.
En réponse aux appels, notamment du ministre-président du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann, en faveur d’une augmentation du temps de travail pour faire face à la crise, la ministre a refusé cette rhétorique. Elle a déclaré : « Je connais beaucoup de personnes qui travaillent et doivent pourtant recourir aux aides sociales. Leur dire qu’ils sont paresseux et qu’ils doivent travailler plus n’est pas mon discours. »
Actuellement, la durée légale de travail est fixée à huit heures par jour, avec une possibilité exceptionnelle d’extension jusqu’à dix heures. Le gouvernement souhaite remplacer ce cadre par un plafond hebdomadaire.
Des désaccords persistants sur la réforme des retraites
Les propositions de Bärbel Bas concernant la réforme des retraites ont suscité une vive critique au sein du partenaire de coalition, l’Union. En effet, la ministre a suggéré que les politiciens, les indépendants et les fonctionnaires contribuent eux aussi au système de retraite public, afin de soulager la pression liée au vieillissement de la population.
Thorsten Frei, chef de cabinet de la chancellerie et membre de la CDU, a rejeté cette idée, estimant qu’elle ne correspond pas aux accords du contrat de coalition. Dans une intervention à la chaîne ARD, il a affirmé : « Je ne trouve pas de référence à cela dans le contrat de coalition. Ce n’est pas du sens commun au sein de la coalition. »
Frei a également critiqué le modèle financier proposé, soulignant que chaque cotisant reçoit à terme des prestations, ce qui limite la viabilité d’un simple élargissement de l’assiette contributive. Il a rappelé le problème démographique majeur : le rapport entre actifs et retraités est passé de six pour un dans les années 60 à seulement 1,5 aujourd’hui.
En réaction, les sociaux-démocrates ont défendu leur ministre. Bernd Rützel, ancien président de la commission travail et affaires sociales au Bundestag, a expliqué que la proposition de Bas s’inscrit dans la ligne politique du SPD et figure dans leurs programmes.
Une réforme jugée pertinente par des experts économiques
Bernd Rützel a évoqué l’exemple autrichien pour justifier l’inclusion des indépendants dans le régime général de retraite, une mesure déjà envisagée sous le précédent gouvernement en Allemagne. Il a insisté sur l’équité : « Il est juste que tous apportent leur contribution solidaire. » En élargissant la base des cotisants aux travailleurs indépendants et fonctionnaires, il espère une stabilisation des cotisations, même si la mise en œuvre nécessitera une longue phase de transition.
Monika Schnitzer, économiste reconnue, partage cet avis. Elle considère que faire cotiser les fonctionnaires au régime de retraite public est « judicieux », même si cela ne résout pas le problème fondamental du financement des retraites et pensions futures, qui dépendra toujours du rapport entre générations. Selon elle, la situation démographique se dégrade.
Schnitzer plaide pour une réforme du système de pensions des fonctionnaires en l’intégrant dans un régime universel, afin d’assurer une équité dans les obligations et restrictions imposées aux assurés sociaux. Elle cite notamment la nécessité de plafonner l’augmentation des droits à la retraite et de repousser l’âge de départ à la retraite.