Anton Bondarenko, 26 ans, fixeur des équipes de TF1 et LCI en Ukraine, est mort sur le front alors qu’il venait d’embrasser l’engagement dans l’armée pour défendre son pays. Son décès a été annoncé par les chaînes françaises et a suscité une vague d’hommages à cet informateur de terrain. Le drame rappelle le rôle crucial des fixeurs dans la couverture des conflits et les risques qu’ils prennent pour permettre aux journalistes de rendre compte de la réalité sur le terrain.

Anton Bondarenko, fixeur des équipes TF1 et LCI, est mort au front
Selon TF1 et LCI, Anton Bondarenko accompagnait les reporters francophones depuis février 2022 et avait, après des mois à leurs côtés, choisi d’intégrer l’armée pour défendre son pays. Il est tombé sur le front dans une frappe de drone russe, à l’âge de 26 ans.
« Tu nous as permis de documenter cette épouvantable guerre. Tu m’as ouvert les portes de ton pays pour mieux le comprendre. Grâce à toi, nous avons pu donner la parole à tous ces habitants qui vivent avec la menace constante de la mort, faire entendre la voix de ceux qui souffrent. Montrer aussi ce que l’être humain peut endurer pour défendre son pays, sa liberté », écrit-elle, jeudi 6 novembre, dans un hommage publié sur Instagram. « Ta joie de vivre paraissait faire rempart à la mort, jusqu’à ce qu’un drone russe fauche toutes ces années que tu avais encore à vivre. [..] Tu as voulu t’engager dans ton armée pour défendre ton pays, tu ne supportais plus de voir mourir autant d’innocents. Tu étais ce soleil au milieu des ténèbres. On ne peut rien face à la guerre. Repose en paix mon Anton », conclut-elle.
En 2024, 13 journalistes ont perdu la vie en couvrant l’invasion russe à grande échelle, selon Reporters sans frontières.
Rôle des fixeurs et sécurité du travail journalistique
Les fixeurs, payés par les journalistes, jouent un rôle indispensable: ils servent de traducteurs, trouvent des contacts locaux et facilitent les échanges avec la population. En zone de conflit, ils partagent leur connaissance du terrain et permettent aux rédactions d’accéder à des histoires autrement inaccessibles.
« Tu peux t’en passer mais un fixeur, il t’apporte des sujets, il a les contacts, il traduit… Ces choses que toi, tu ne peux pas vraiment faire », expliquait notre journaliste Philippe Lobjois, en compagnie de son fixeur en Ukraine, Kirill Sirchenko. « On les appelle les journalistes invisibles », complétait ce dernier.
Selon Reporters sans frontières, « devenir fixeur, c’est s’exposer à de multiples menaces et pas seulement sur les lignes de front. Des dizaines de journalistes locaux, travaillant en tant que fixeur et correspondant pour des médias étrangers, ont été tués en Irak, en Syrie, au Yémen, et en Afghanistan. Dans ces pays, travailler pour un média étranger peut faire de vous une cible de choix pour les groupes armés, qui, selon leurs besoins, exécutent ou pratiquent l’enlèvement crapuleux. »
Plusieurs médias réclament plus de reconnaissance pour les fixeurs, en indiquant notamment leur nom dans les reportages qu’ils ont aidé à réaliser, afin de leur offrir une visibilité méritée et une meilleure protection sur le terrain.