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Défis croissants pour les petites entreprises à New York face à Mamdani

by Sara
États-Unis

Ronny Jaramillo et Dana Morrissey dirigent plusieurs petits restaurants dans le sud et le centre de Brooklyn — notamment Chela, un restaurant mexicain, et Bar Chuzo, un « Latin bistro and cocktail bar ». Ces dernières années, ils font face à des obstacles croissants : loyers en forte hausse et inondations répétées perturbent leurs activités. Pour ces propriétaires, New York devient un environnement de plus en plus hostile aux petites entreprises New York, qui peinent à survivre et à se développer.

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Des commerçants inquiets à l’approche du scrutin

Le vote anticipé a déjà commencé à New York et les petits commerçants suivent de près la candidature probable de Zohran Mamdani à la mairie. Ils espèrent que ses politiques répondront aux difficultés grandissantes qui pèsent sur eux.

« New York est une ville qui vend le rêve américain. Mais en ce moment, ce n’est pas le cas. Je n’ai pas l’impression que la ville accueille les propriétaires d’entreprises ni qu’elle protège les entreprises pour qu’elles puissent croître et embaucher davantage », a déclaré Jaramillo à Al Jazeera.

Propositions de Mamdani pour les petites entreprises

Mamdani propose de réduire les amendes et les frais pour alléger la pression financière sur les petites entreprises. Il envisage aussi de nommer un responsable dédié aux commerces indépendants pour les aider à naviguer dans les démarches administratives et les problèmes quotidiens.

Zohran Mamdani a dit qu'il réduirait les amendes et frais pour les petites entreprises
Zohran Mamdani a dit qu’il réduirait les amendes et frais pour les petites entreprises — Andy Hirschfeld/Al Jazeera

Cependant, de nombreux commerçants continuent de subir des loyers écrasants et peu de protections les empêchent d’être expulsés du marché immobilier commercial.

« L’un de nos emplacements a fermé parce que le loyer est passé de 8 700 à 15 500 dollars… Il n’y a rien qui empêche un propriétaire de faire cela. Il n’y a aucune protection », explique Jaramillo.

Loyers commerciaux et protections insuffisantes

Sur le côté commercial, peu de mesures protègent les petits commerçants contre des augmentations de loyer brutales. Ni la campagne de Mamdani ni celle d’Andrew Cuomo n’ont proposé de solutions concrètes pour régler ce problème structurel.

Mark Caserta, vice-président du Small Business Support à la Brooklyn Chamber of Commerce, souligne que les entreprises investissent beaucoup dans leurs locaux, particulièrement les restaurants, puis se retrouvent soudainement expulsées par la hausse des loyers.

Mamdani a indiqué qu’il étudie toutes les mesures possibles pour apporter plus de stabilité aux locataires commerciaux, en s’inspirant d’exemples observés ailleurs dans le pays.

Impact des partenariats public-privé et pratiques des promoteurs

Les partenariats public-privé, massivement encouragés sous l’administration Bloomberg, ont favorisé de grands promoteurs qui ont acquis des biens, y compris des immeubles abritant des petites entreprises.

  • Ces pratiques ont renforcé le pouvoir des bailleurs institutionnels pour augmenter les loyers.
  • Les promoteurs laissent parfois des locaux vacants en attendant des enseignes mieux solvables.
  • Le résultat : des commerces indépendants, qui donnent leur identité aux quartiers, se retrouvent évincés.

« Les partenariats public/privé à NYC négligent souvent les petits commerçants. Les avantages fiscaux et les règles d’urbanisme favorisent les grands projets, tandis que les détaillants indépendants subissent la hausse des loyers et l’accès limité au capital », déclare Bernadette Brennan, directrice exécutive de l’agence immobilière SERHANT.

Voix des commerçants locaux

Josue Pierre, propriétaire de Rogers Burgers à Flatbush, reconnaît que le plan de Mamdani n’est pas parfait mais se montre encouragé par son écoute des préoccupations des petites entreprises.

« Entre ces deux options, je choisis le candidat qui est prêt à envisager quelque chose pour les petites entreprises », affirme Pierre.

Pour Jaramillo et Morrissey, la diversité culturelle et commerciale de New York est menacée si rien n’est fait pour protéger ces activités de proximité.

Augmentation des salaires : atout ou risque ?

L’augmentation des salaires est au cœur de la campagne de Mamdani. Selon Lake Research Partners, 72 % des New‑Yorkais soutiennent un salaire minimum à 30 dollars de l’heure. Mamdani propose d’atteindre ce seuil d’ici 2030.

Les propriétaires comme Pierre approuvent l’idée mais soulignent la nécessité d’un équilibre entre coûts salariaux et pouvoir d’achat des consommateurs. Sans revenus disponibles, les clients achèteront moins et cela nuira aux commerces.

Jaramillo et Morrissey craignent que la hausse des salaires n’oblige certains restaurants à licencier ou à augmenter leurs prix, réduisant d’autant le revenu disponible des consommateurs.

Mamdani répond que la réduction des amendes et frais permettra aux entreprises d’être mieux placées pour verser un salaire décent à leurs employés. Il pointe aussi la hausse des factures d’eau sous l’administration actuelle comme facteur aggravant.

En 2024, les factures d’eau ont augmenté de 8,5 %, soit la plus forte hausse depuis 2011.

Risques climatiques et résilience

La résilience climatique devient une préoccupation majeure pour les commerces, notamment de détail, fortement impactés par les inondations répétées.

  • En 2023, les inondations ont endommagé 200 entreprises à Brooklyn, selon la Brooklyn Chamber of Commerce.
  • Des commerces au niveau du sol ont été submergés et des riverains logés en sous-sol ont péri.
  • Bar Crudo, fermé depuis, a subi 15 000 dollars de dégâts liés au refoulement des égouts ; seulement 5 000 dollars ont été remboursés par l’assurance.

Le National Climate Assessment a reclassé New York comme climat subtropical humide, caractérisé par des pluies fréquentes et intenses.

La politique climatique de Mamdani prévoit la rénovation de 500 écoles publiques pour en faire des abris d’urgence, un recours accru aux énergies renouvelables et une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles.

À plus court terme, sa campagne propose d’élargir les programmes de subventions pour petites entreprises afin de financer des améliorations (espaces de stockage étanches, générateurs) et de créer davantage de parcs servant de barrières naturelles contre les inondations.

Opposition des grands intérêts et rencontres privées

Mamdani fait face à une forte opposition des grands acteurs économiques, inquiets notamment par ses propositions fiscales. Il a suggéré de porter l’impôt sur les sociétés à 11,5 % contre 7,25 % actuellement, un changement nécessitant l’accord du gouverneur.

Plusieurs grands donateurs ont financé des efforts pour s’opposer à Mamdani, dont Michael Bloomberg (5 millions de dollars), Bill Ackman (1,2 million), Joe Gebbia (2 millions) et Alice Walton (200 000 dollars).

Après sa nomination démocrate en juillet, Mamdani a rencontré de nombreux dirigeants de la ville via le Partnership for New York City, où il a assuré qu’il chercherait le dialogue plutôt que la confrontation.

Dora Pekec, porte-parole de sa campagne, explique que Mamdani « ne cherchera pas à se faire des ennemis inutilement — il rencontrera les dirigeants, écoutera leurs préoccupations et travaillera de façon collaborative quand cela sera possible ».

Des discussions privées ont eu lieu avec des dirigeants comme Jamie Dimon (JPMorgan Chase), Robert Wolf (ancien président d’UBS) et Kenny Burgos, dirigeant de la New York Apartment Association, qui a signalé la détresse liée aux coûts d’exploitation et aux impôts fonciers.

Le représentant de Jamie Dimon a résumé la prise de contact ainsi : « Jamie l’a appelé et a dit qu’il aime New York et veut aider celui ou celle qui deviendra maire de la ville. C’était un appel bref mais poli. »

source:https://www.aljazeera.com/economy/2025/10/28/does-mamdani-mean-business-new-yorks-small-businesses-wonder

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