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Reporters Sans Frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme quant à une dégradation « alarmante » de la liberté de la presse aux États-Unis sous le mandat de Donald Trump, tout en soulignant des difficultés sans précédent pour les journalistes indépendants à travers le monde.
Une détérioration inédite de la liberté de la presse
Basée à Paris, RSF suit l’évolution de la liberté de la presse depuis 23 ans. Elle révèle que l’indice principal de liberté de la presse a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré. Pour la première fois dans l’histoire de cet indice, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans la moitié des pays du monde, tandis qu’elles sont seulement satisfaisantes dans moins d’un pays sur quatre.
Anne Bocande, directrice éditoriale de RSF, met en lumière l’impact des pressions économiques qui fragilisent le journalisme factuel. De nombreux médias indépendants ont dû fermer face aux difficultés de financement.
Si les dépenses en publicité en ligne continuent d’augmenter, atteignant environ 230 milliards d’euros en 2024 selon RSF, une part croissante est captée par des géants du numérique comme Facebook, Google ou Amazon, au détriment des entreprises médiatiques.
« Quand les journalistes sont appauvris, ils ne disposent plus des moyens nécessaires pour résister aux ennemis de la presse – ceux qui défendent la désinformation et la propagande », a déclaré Bocande.
Un tournant autoritaire sous Donald Trump
RSF dénonce également la responsabilité de Donald Trump dans l’aggravation de ces conditions difficiles. Durant son mandat, il a supprimé les financements américains destinés aux médias publics à l’étranger, tels que Voice of America ou Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), ainsi que l’aide au développement destinée aux médias indépendants hors des États-Unis.
Après une chute de 11 places en 2024, les États-Unis reculent encore de deux rangs, se positionnant à la 57e place dans l’Index mondial de la liberté de la presse 2025, juste derrière la Sierra Leone, un pays sortant d’une longue guerre civile.
Le classement, établi à partir du nombre d’incidents violents impliquant des journalistes et d’autres données recueillies par des experts, est dominé pour la neuvième année consécutive par la Norvège, suivie de l’Estonie et des Pays-Bas.
RSF affirme : « Aux États-Unis, le second mandat de Donald Trump a conduit à une détérioration alarmante de la liberté de la presse, signe d’un virage autoritaire du gouvernement. Son administration a instrumentalisé les institutions, réduit le soutien aux médias indépendants et marginalisé les journalistes. »
De vastes zones des États-Unis sont désormais qualifiées de « déserts médiatiques » par RSF.
Conflits juridiques et menaces multiples
Dernièrement, Donald Trump a annoncé envisager des poursuites judiciaires contre le journal The New York Times, dans le cadre de ses attaques répétées contre la presse. Il poursuit également le groupe Paramount à propos d’une interview préélectorale de sa rivale démocrate Kamala Harris diffusée sur la chaîne CBS.
Trump accuse le média d’avoir monté l’interview pour supprimer une réponse gênante, bien que de nombreux juristes considèrent cette action comme infondée, susceptible d’échouer en raison des protections constitutionnelles garantissant la liberté de la presse.
Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) a également alerté mercredi sur le recul de la liberté de la presse aux États-Unis, appelant les rédactions à s’unir face à la « montée des menaces ».
Déclin mondial de la liberté de la presse
Outre les États-Unis, d’autres pays subissent des reculs majeurs dans la liberté de la presse :
- L’Argentine, qui chute de 21 places à la 87e position, sous la présidence de Javier Milei, allié de Trump.
- La Tunisie, qui perd 11 places, se situant désormais au 129e rang.
RSF met également en lumière la situation dramatique des journalistes palestiniens couvrant le bombardement intense de Gaza. « Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a détruit des rédactions, tué près de 200 journalistes, et imposé un blocus total depuis plus de 18 mois », dénonce l’organisation.
Israël recule par ailleurs de 11 places à la 112e position et continue de réprimer ses propres médias.