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Démission d’Antonio Hodgers : Réactions mitigées à Genève

by Sara
Suisse

La démission d’Antonio Hodgers à mi-mandat provoque des réactions contrastées à Genève. Certains estiment que le conseiller d’État a trahi la confiance des électeurs, tandis que d’autres saluent son choix de ne pas s’accrocher au pouvoir.

Un départ annoncé après douze ans d’engagement

Genève, le 7 mai 2025. Lors d’une conférence de presse, Antonio Hodgers a annoncé qu’il quittera le Conseil d’État après douze ans de service. Élu en 2013, ce magistrat Vert de 49 ans a justifié sa décision par une fatigue grandissante et un désir de consacrer plus de temps à ses trois enfants.

«J’ai fait mon temps comme élu», a-t-il déclaré, expliquant que les objectifs qu’il s’était fixés pour ce mandat ont été atteints ou sont en bonne voie de l’être. Refusant de «rester pour rester» et d’«usurper» son siège, il a ainsi choisi de se retirer avant la fin de son mandat.

Antonio Hodgers lors d’une conférence de presse à Genève, annonçant sa démission du Conseil d’État, le 7 mai 2025.

Réactions mitigées au sein de la classe politique

Au sein des Verts, l’annonce a surpris et place désormais le parti face à un défi de taille : défendre ce siège lors de l’élection partielle prévue cet automne. Le conseiller national Vert Nicolas Walder, qui a annoncé sa candidature pour succéder à Hodgers, a salué cet acte de responsabilité : «Lui, qui a connu beaucoup de succès, sert et se retire plutôt que de s’accrocher. C’est une leçon.»

Le député Vert Julien Nicolet-dit-Félix a exprimé sa compréhension face à la lassitude d’Antonio Hodgers, notamment due aux attaques incessantes de la droite. «Il part, c’est son choix, je ne me sens ni trahi ni orphelin», a-t-il affirmé.

Du côté du PLR, Adrien Genecand, opposant politique fréquent d’Hodgers, a reconnu sa fatigue. Il a également mis en lumière la volonté du magistrat d’être présent pour ses enfants, rappelant que Hodgers a fui la dictature argentine et a été privé de la présence de son propre père pendant son enfance.

Cependant, Genecand a critiqué l’idée que le travail soit terminé, soulignant que plusieurs lois importantes, notamment sur le climat, les eaux et la biodiversité, restent à adopter et pourraient être modifiées ou bloquées par le Grand Conseil.

Des critiques sur l’abandon du mandat

Au sein des Verts, certains militants, tout en refusant d’être nommés, expriment l’idée qu’un engagement politique impose de tenir jusqu’au bout, «quitte à serrer les dents». Cette démission anticipée a également suscité des critiques plus virulentes.

Le conseiller national MCG Daniel Sormanni a qualifié la décision d’égoïste, estimant qu’Antonio Hodgers aurait dû se retirer avant même de se représenter il y a deux ans. Pour lui, cette démission à mi-mandat est une rupture de confiance avec l’électorat.

Un bilan reconnu mais une position délicate pour Les Verts

Le conseiller municipal Vert Omar Azzabi défend la démarche d’Hodgers, rappelant sa capacité à négocier face à la droite et à faire avancer de nombreux projets. «Son bilan de fin de mandat parle pour lui», ajoute-t-il.

Julien Nicolet-dit-Félix souligne qu’aucun autre membre du Conseil d’État n’a réalisé autant en deux ans que Hodgers. Toutefois, il estime que deux mandats suffisent généralement pour un magistrat. Avec douze ans de service, Hodgers part donc dans la norme des anciennes législatures genevoises, qui duraient quatre ans au lieu de cinq.

Un point d’inquiétude demeure sur l’impact de cette démission sur la position des Verts. Gagner une élection partielle est souvent plus compliqué que lors d’un scrutin général. Le parti traverse par ailleurs une période difficile, marquée par des défaites électorales successives et une polémique récente autour d’un voyage en avion de la députée Céline Vara.

Maryam Yunus Ebener, présidente des Verts cantonaux, reste confiante : «Nous sommes la troisième force à Genève, je n’ai aucune crainte.»

Effets en chaîne et avenir politique

Cette démission intervient moins d’un mois après les élections municipales, ce qui pourrait bouleverser les plans de certains élus communaux Verts souhaitant éventuellement succéder à Hodgers en 2028.

Maryam Yunus Ebener, récemment réélue au gouvernement d’Onex, réfléchit à une éventuelle candidature au Conseil d’État, ce qui impliquerait de quitter son poste municipal peu après sa prise de fonction, déclenchant ainsi une nouvelle élection locale.

«Je suis en pleine réflexion. L’électorat d’une commune peut être content d’avoir un conseiller administratif qui passe au Conseil d’État», explique-t-elle.

La question de la confiance électorale

Antonio Hodgers a-t-il trahi ses électeurs ? Cette interrogation n’est pas nouvelle à Genève, bien que les circonstances diffèrent. En 2019, Jocelyne Haller, élue au Conseil national sous la bannière d’Ensemble à Gauche, avait déçu certains électeurs en renonçant à son siège après avoir «tiré la liste» pour son parti.

Plus récemment, en 2023, Charles Poncet (UDC) avait aussi renoncé à siéger à Berne sans susciter de controverse. Ces précédents illustrent les tensions entre engagement électoral et choix personnel dans la vie politique genevoise.

source:https://www.tdg.ch/antonio-hodgers-sa-demission-a-mi-mandat-recoit-un-accueil-mitige-904122346724

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