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Le leader dissident cubain José Daniel Ferrer a été arrêté de manière violente à son domicile de Santiago de Cuba et fait face à des conditions carcérales particulièrement dures dans la prison de haute sécurité de Mar Verde. Son état et le traitement qu’il subit suscitent une vive inquiétude au sein de l’opposition et de sa famille, alors que le régime cubain menace de le reconduire en prison pour une peine de quatre ans.
Des débuts difficiles en détention
Dans une lettre de 28 lignes envoyée anonymement depuis la prison de Mar Verde à la sœur de José Daniel Ferrer, le chef de la dissidence cubaine relate ses premières heures en détention. Il décrit une arrivée brutale : « À mon arrivée, ils m’ont frappé pour me forcer à enfiler l’uniforme. L’atmosphère est très tendue, pire que jamais. Je vais bientôt entamer une grève de la faim si cela continue ainsi », écrit-il dans un style télégraphique. Cette missive constitue pour l’instant la seule source d’information directe sur sa situation.
Ferrer précise qu’il ne reçoit aucune nourriture en prison et refuse celle du pénitencier pour des raisons qu’il ne détaille pas. Par ailleurs, sa résidence, qui fait aussi office de siège de l’Union Patriotique de Cuba (Unpacu), a été pillée par les agents gouvernementaux lors de son arrestation.
Violences et saisies lors de l’arrestation
Sa compagne, Nelva Ortega, médecin de profession, a été brièvement arrêtée avec leur enfant de cinq ans. Elle a constaté que les forces de l’ordre ont emporté plusieurs biens essentiels :
- Sacs de riz, haricots, sucre et huile
- Téléphones portables et ordinateurs
- Articles personnels comme des brosses à dents
- Stéthoscope médical et médicaments
Nelva Ortega témoigne de son angoisse face à l’état de Ferrer : « Nous ignorons dans quelles conditions il se trouve, mais nous redoutons pour sa vie, simplement parce qu’il aide le peuple, qu’il refuse de se taire ou de se soumettre, et qu’il défend ses principes et ses idées. »
Une peine de prison renouvelée malgré la liberté conditionnelle
La famille de Ferrer craint qu’il soit de nouveau placé dans la cellule disciplinaire où il avait passé une grande partie de sa précédente incarcération de trois ans et demi, suite à une arrestation arbitraire intervenant avant les manifestations du 11 juillet à Santiago de Cuba.
Le leader dissident voit désormais peser une menace de quatre années supplémentaires de détention, après la révocation de sa liberté conditionnelle par le Tribunal Suprême Populaire. Un agent de l’État a informé sa famille que la condamnation prononcée en 2020 serait appliquée à nouveau, dans ce qu’ils dénoncent comme une nouvelle injustice révolutionnaire.
Tensions diplomatiques et réactions du régime
Le gouvernement de Miguel Díaz-Canel a vigoureusement rejeté les appels de l’Union européenne demandant la libération de José Daniel Ferrer et de Félix Navarro, un autre dirigeant historique arrêté avec lui. Ces deux figures avaient été libérées en janvier, dans le cadre d’un minideshielo favorisé par l’administration de Joe Biden et négocié par le Vatican.
La décision du régime cubain intervient seulement 72 heures après les funérailles du pape François, marquant un retour en arrière. Dans un communiqué officiel, la diplomatie castriste a qualifié la déclaration européenne d’« interventionniste » et « irrespectueuse », reprenant le ton habituel de la propagande gouvernementale.