Dette publique en Allemagne : les jeunes craignent un lourd fardeau

Plus de 60 % des citoyens allemands anticipent des répercussions négatives des plans de dette du gouvernement « noir-rouge » sur les jeunes générations. Ces derniers craignent un fardeau financier important qui pourrait peser sur leur avenir, suscitant des tensions politiques autour de la justice intergénérationnelle.

Une majorité redoute un poids trop lourd pour les jeunes

Selon une étude menée par l’institut YouGov pour WELT AM SONNTAG, 61 % des Allemands s’attendent à ce que la nouvelle coalition entre l’Union et le SPD impose une charge excessive aux jeunes générations à travers une augmentation massive de la dette publique. Parmi eux :

• 31 % jugent cette prise de crédit supplémentaire « très négative » en matière de justice entre générations.
• 30 % estiment que les effets seront « plutôt négatifs ».
• Seuls 13 % voient ces mesures de façon positive.

Par ailleurs, 16 % des sondés n’ont pas pris position, et 9 % ne savent pas.

Inquiétudes sur la charge des retraites

La question de la charge des retraites pour les jeunes alimente également les critiques. La moitié des personnes interrogées rejettent les projets des futurs partenaires de coalition :

• 31 % jugent les plans « plutôt négatifs ».
• 19 % les qualifient de « très négatifs ».

Seulement 10 % sont confiants quant à ces mesures, tandis que 28 % restent indécis et 11 % refusent de donner leur avis.

Faible confiance envers Union et SPD sur la défense des jeunes

Interrogés sur la capacité des partis à représenter au mieux les intérêts des jeunes sur les quatre prochaines années, les résultats sont décevants pour Union et SPD :

• 8 % seulement attribuent cette compétence au SPD, derrière La Gauche avec 11 %.
• L’Union recueille 14 % d’opinions favorables, devancée par l’AfD à 19 %.
• La réponse « aucun des partis mentionnés » arrive en tête avec 21 %.

Le sondage a été réalisé début avril auprès de 2 318 adultes dans toute l’Allemagne.

Les débats autour des nouvelles dettes publiques

Peu avant sa dissolution, l’ancien Bundestag a ouvert la voie à un endettement historique destiné à financer la défense, les infrastructures et la protection du climat. Le Conseil fédéral des comptes prévoit que la dette publique pourrait atteindre 2 700 milliards d’euros d’ici 2035, soit un milliard d’euros supplémentaires par rapport à aujourd’hui.

Le président du Conseil, Kay Scheller, met en garde contre un affaiblissement permanent de la règle d’or budgétaire, ce qui mettrait en péril la protection des générations futures. Selon ses estimations, les coûts d’intérêts pourraient s’élever à 37 milliards d’euros en 2035, soit plus du double des 34 milliards d’euros payés en 2024.

Les réactions politiques face à ces inquiétudes

Les Verts dénoncent vivement les projets de la coalition Union-SPD. Andreas Audretsch, député vert, estime que « noir-rouge ignore la jeune génération » et que cette coalition risque d’être « la plus injuste envers les jeunes de tous les temps ». Il souligne notamment la menace d’une explosion des cotisations sociales qui affecterait particulièrement les jeunes.

Christian Görke, responsable parlementaire du groupe de La Gauche, critique surtout l’augmentation des dépenses militaires. Il distingue les dettes investies dans les infrastructures durables (routes, voies ferrées, réseaux numériques, écoles) qui sécurisent l’avenir, de celles consacrées à l’armement, qui accroitraient les risques d’escalade et de conflits.

René Springer, porte-parole travail et social du groupe AfD, qualifie ces résultats de « réveil ». Il déplore « montagnes de dettes, question des retraites non résolue et absence de perspectives » comme l’héritage des partis traditionnels, expliquant la défiance légitime des jeunes envers eux.

La défense des projets par le SPD

Dagmar Schmidt, vice-présidente du groupe SPD, répond en soulignant que plusieurs mesures profitent particulièrement aux jeunes, telles que :

• le programme d’investissement pour la modernisation et la protection du climat,
• les projets de construction de logements étudiants,
• la prolongation du plafonnement des loyers,
• l’augmentation des aides au mérite (BAföG),
• la réduction des coûts pour passer le permis de conduire.

Elle rappelle aussi la solidité des systèmes sociaux et solidaires qui constituent un filet de sécurité important pour les jeunes en cas d’imprévus. Selon un récent rapport, les jeunes seraient prêts à payer des cotisations plus élevées en échange d’une meilleure protection sociale.