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Effondrement et bâtiments en ruine, le drame urbain au Liban
La ville de Tripoli, au Liban, est le théâtre d’un drame urbain poignant où des habitants vivent dans la peur constante de voir leur logement s’effondrer sur eux. La situation est critique pour de nombreuses familles qui ne peuvent se permettre de se déplacer vers des habitations plus sûres, laissant planer la menace désastreuse de la chute imminente de leurs logements, comme l’illustre le récit poignant d’Abu Mohammad, propriétaire d’une maison menaçant de s’effondrer dans la région de Tripoli, au nord du Liban.
Des dizaines de milliers de familles libanaises sont confrontées à la tragédie de vivre dans des habitations précaires, les effondrements de bâtiments et les ruines faisant désormais partie intégrante du quotidien, tandis que le conflit armé au sud entre le Hezbollah et les forces israéliennes ajoute une dimension supplémentaire à leur angoisse.
Le cas de Shuweifat
Il y a environ une semaine, un immeuble de trois étages s’est effondré dans la région de Shuweifat, dans la province du Mont-Liban, entraînant la mort de quatre personnes de nationalité syrienne et en blessant d’autres.
Le bâtiment était attenant à une montagne qui s’était partiellement effondrée il y a environ cinq ans. Quelques jours plus tard, un autre immeuble de cinq étages s’est effondré dans le désert de Shuweifat, mais les habitants l’avaient évacué seulement dix minutes avant la catastrophe.
Hanna Chedid, intérimaire de la municipalité de Shuweifat, déclare à Al Jazeera que « la situation des bâtiments dans sa ville est similaire à celle des maisons délabrées à travers le Liban ». Il souligne que les municipalités envoient généralement des avertissements aux habitants des bâtiments menaçant de s’effondrer, reconnaissant leur incapacité à mener des études complètes en raison du manque de moyens logistiques et financiers.
D’autres exemples d’effondrements
Des effondrements partiels se multiplient dans de nombreux bâtiments à travers le Liban en raison de leur vétusté et de leur fragilité, combinés aux effets du climat. En octobre 2023, un immeuble résidentiel de sept étages s’est effondré dans le quartier de Mansourieh, à l’est de la capitale Beyrouth, causant la mort de huit femmes, blessant d’autres personnes et déplaçant environ quarante familles des bâtiments environnants.
Cet incident, connu sous le nom de « bâtiment Yezbeck », a mis en lumière le manque de supervision lors de la construction de lotissements, car il avait été construit en 1986 sur un sol non stable, selon un survivant. Les lois de construction émises depuis les années 1970 ont encouragé l’investissement, mais ont négligé la sécurité publique, provoquant de vastes destructions immobilières.
« Nous ne sommes pas en sécurité ici »
La semaine dernière, Amnesty International a publié un rapport intitulé « Nous ne sommes pas en sécurité ici… Le gouvernement abandonne les habitants des bâtiments en ruine à Tripoli », critiquant l’inaction des autorités un an après les séismes qui ont touché la Turquie et la Syrie en février 2023, menaçant Tripoli où des milliers de familles vivent dans des immeubles en péril, ne recevant que des « avis d’évacuation » des autorités.
Le ministère de l’Intérieur et des Municipalités, en collaboration avec la Direction générale de la protection civile au ministère des Travaux publics, est tenu pour responsable en matière de régulation et de sécurité publique en coordination avec le syndicat des ingénieurs. Il est également de la responsabilité du Parlement, sur le plan législatif, d’adopter des lois de construction et de rénovation plus conformes aux normes de sécurité.
La politique de démolition
Dans une interview avec Al Jazeera, Abeer Saksouk souligne les répercussions massives de la crise sur le logement social, où des dizaines de milliers de familles vivent dans des bâtiments menacés d’effondrement, sans alternatives. Elle relie les récents événements à l’état dégradé de l’environnement urbain dû aux politiques de l’État depuis les années 1950.
Saksouk évoque ce qu’elle appelle la « politique de démolition » adoptée par l’État en matière d’urbanisme, utilisée comme outil pour construire un réseau d’autoroutes, détruisant des quartiers entiers, déplaçant les habitants et segmentant les villes libanaises de manière classiste.
Les lois de construction émises depuis les années 1970 ont encouragé l’investissement aux dépens de la sécurité publique, entraînant une destruction massive des bâtiments et du tissu urbain, ainsi qu’une absence de culture de la réhabilitation.