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Élection présidentielle au Sri Lanka : Anura Kumara Dissanayaka, vainqueur inattendu
Le leader de la coalition de gauche, Anura Kumara Dissanayaka, a été proclamé dimanche vainqueur de l’élection présidentielle au Sri Lanka. Cette victoire survient deux ans après une grave crise financière qui a conduit le pays à adopter des mesures d’austérité impopulaires.
Résultats des élections
Après le dépouillement intégral des votes, la commission électorale a confirmé que Dissanayaka, un marxiste désormais orienté vers l’économie de marché, a obtenu 42,3 % des suffrages. Il devance ainsi Sajith Premadasa, leader de l’opposition, qui a récolté 32,7 % des voix, et le président sortant Ranil Wickremesinghe, qui en a obtenu 17,2 %.
Dans une déclaration sur le réseau social X, Dissanayaka a exprimé : « Cette victoire est celle de tous (…) ensemble nous nous tenons prêts pour réécrire l’histoire du Sri Lanka », ajoutant que son rêve s’est enfin concrétisé. Il sera officiellement investi lundi matin, selon les informations de la commission électorale.
Réactions à la défaite
Ranil Wickremesinghe, qui est resté silencieux après l’annonce des premières tendances, a finalement reconnu sa défaite dimanche soir. « Avec beaucoup d’amour et de respect pour cette nation que je chéris, je remets son avenir entre les mains du nouveau président », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a également affirmé sur X qu’il collaborerait « étroitement » avec Dissanayaka, soulignant l’importance des relations entre les deux nations.
Engagement envers le FMI
Les premiers résultats avaient été anticipés par l’entourage de Sajith Premadasa, qui a reconnu sa défaite dès dimanche matin. Avant même la validation officielle de sa victoire, Dissanayaka a annoncé qu’il ne remettrait pas en cause l’accord de 2,9 milliards de dollars signé en 2023 avec le FMI, indiquant son intention de « coopérer avec le FMI et d’introduire certains amendements ». Bimal Ratnayake, membre du bureau politique du Front de libération du peuple (JVP), a précisé que l’accord actuel serait maintenu.
Tout au long de sa campagne, Dissanayaka, surnommé ADK, a critiqué les élites qu’il considère comme « corrompues » et responsables de la crise de 2022. Il a promis de réduire les impôts et de diminuer les taxes sur les denrées alimentaires et les médicaments, allégeant ainsi le fardeau qui pèse sur la population.
Contexte économique et social
Le Sri Lanka a traversé en 2022 la pire crise économique de son histoire, entraînant la chute du président Gotabaya Rajapaksa, qui a été évincé par des manifestations populaires contre la hausse des prix et les pénuries. Ranil Wickremesinghe est ensuite arrivé au pouvoir et a mis en place une politique d’austérité sévère, augmentant les impôts et réduisant drastiquement les dépenses publiques.
Cela dit, même si l’ordre semble être revenu dans les rues et que l’économie commence lentement à se redresser, la Banque mondiale souligne une aggravation de la pauvreté, touchant désormais plus d’un quart des 22 millions d’habitants du pays.
Les attentes de la population
Lors de ce scrutin, de nombreux électeurs, notamment à Colombo, ont exprimé leur désir de changement. Mohamed Siraj Razik, un électeur de 43 ans, a résumé le sentiment général : « Il faut du changement dans ce pays » et a appelé à mettre fin à la « gabegie des fonds publics ».
Les deux principaux candidats, Dissanayaka et Premadasa, partagent des perspectives similaires quant aux négociations avec le FMI, bien que l’institution ait montré peu d’enthousiasme pour accorder des modifications significatives à l’accord en cours, prévenant que le pays reste loin d’un rétablissement complet.