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Les élections australiennes de 2025 se déroulent dans un contexte marqué par une forte crise du logement et une hausse du coût de la vie. Ce scrutin oppose le Premier ministre Anthony Albanese à son rival Peter Dutton, alors que les électeurs australiens sont appelés aux urnes ce samedi, avec un vote qui se poursuit jusqu’à 18 heures.
Un duel décisif entre Albanese et Dutton
Le scrutin s’annonce crucial, notamment dans la ville électoralement stratégique de Melbourne où les deux leaders, Anthony Albanese pour le Parti travailliste centriste-gauche et Peter Dutton pour l’opposition conservatrice, ont commencé leur journée de campagne. Albanese se rendra à Sydney pour voter, tandis que Dutton retournera à Brisbane, sa ville natale.
Peter Dutton ambitionne de devenir le premier chef politique à renverser un gouvernement de premier mandat depuis 1931, une période où l’Australie subissait encore les effets de la Grande Dépression. Interrogé sur ses chances, il s’est montré confiant : « Absolument, je le crois ». Il a évoqué un électorat silencieux prêt à sanctionner le gouvernement sortant après trois ans au pouvoir.
De son côté, Anthony Albanese reste prudent quant à ses chances de décrocher un second mandat de trois ans. « Nous ne donnons rien pour acquis avant que les résultats ne soient connus », a-t-il déclaré lors d’une interview à la chaîne Nine Network. S’il est réélu, il deviendrait le premier Premier ministre australien à être élu consécutivement depuis 21 ans.
Une élection sous le signe de la crise du logement et du coût de la vie
Les deux camps politiques reconnaissent que le scrutin se déroule dans le cadre d’une crise du pouvoir d’achat. Les prix de l’immobilier et les loyers ont explosé, exacerbés par la faillite de nombreux constructeurs en raison d’une inflation rapide. L’inflation annuelle avait atteint un pic de 7,8% un an après l’élection du Parti travailliste en 2022.
La banque centrale australienne a fait passer son taux directeur, qui était un record historiquement bas à 0,1%, jusqu’à 4,35 % en novembre 2023, avant de le réduire légèrement à 4,1 % en février 2025, indiquant que la période la plus difficile semblait derrière. Une nouvelle baisse est attendue lors de la réunion de la banque centrale le 20 mai, en raison des incertitudes économiques internationales liées aux politiques tarifaires des États-Unis.
Vers un gouvernement minoritaire ?
Avant le vote, le Parti travailliste détenait une mince majorité avec 78 sièges sur 151 à la Chambre des représentants, qui sera réduite à 150 sièges lors du prochain parlement en raison de redistributions électorales. L’alliance conservatrice Liberal-National, dirigée par Peter Dutton, détenait 53 sièges lors de la précédente législature, tandis qu’un nombre record de 19 députés étaient indépendants ou appartenant à de petits partis.
Le politologue Zareh Ghazarian de l’Université Monash souligne que la part des voix recueillies par les grands partis diminue depuis plusieurs élections, ce qui profite aux candidats indépendants et aux partis minoritaires. Si cette tendance se confirme, l’Australie pourrait se retrouver avec un gouvernement minoritaire, une situation rare dans son histoire récente, survenue notamment durant la Seconde Guerre mondiale et après les élections de 2010.
Dans le passé, les leaders politiques annonçaient victoire ou défaite le jour même du scrutin, mais lors du dernier gouvernement minoritaire, des députés indépendants ont soutenu le gouvernement travailliste 17 jours après la clôture des votes.
Les enjeux démographiques et énergétiques
Cette élection est aussi marquée par un changement démographique important : c’est la première fois que la génération des Baby Boomers, née entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1964, est dépassée en nombre par les électeurs plus jeunes. Les deux camps proposent des mesures pour aider les primo-accédants à accéder à un marché immobilier devenu inaccessible pour beaucoup.
Un autre point de divergence majeur concerne la politique énergétique. L’opposition promet la construction de sept centrales nucléaires financées par l’État, qui commenceraient à produire de l’électricité à partir de 2035, avec une transition utilisant le gaz pour combler la fermeture progressive des centrales à charbon. Le Parti travailliste vise à ce que 82 % du réseau électrique australien soit alimenté par des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien d’ici 2030, en réduisant la dépendance au gaz.
Un soutien inattendu à Albanese
À la veille du scrutin, Anthony Albanese a reçu l’appui de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, qui a déclaré que le leader travailliste « a fait plus pour assurer ma liberté que tout autre homme politique ou personnalité publique », y compris le défunt pape François. Ces propos ont été publiés sur la plateforme sociale X par Gabriel Shipton, frère d’Assange, et constituent ses premiers commentaires sur la politique intérieure australienne depuis sa libération d’une prison britannique en juin dernier.
Assange a salué la résistance d’Albanese face aux pressions américaines dans son dossier, affirmant que son gouvernement « a montré une capacité exceptionnelle à protéger les Australiens pris dans des situations politiques sensibles ». Albanese a toutefois relativisé ce soutien, le considérant comme « une affaire personnelle de M. Assange » et se réjouissant simplement que le fondateur de WikiLeaks puisse désormais être auprès de sa famille.