Table of Contents
Elections cruciales au Ghana : test de la démocratie en Afrique de l’Ouest
Les urnes ont ouvert au Ghana pour des élections générales qui s’annoncent déterminantes pour la stabilité démocratique du pays dans une région secouée par la violence politique et les coups d’État.
Déroulement du vote
Le vote a débuté à 7h00 GMT et se terminera à 17h00 GMT ce samedi, les premiers résultats étant attendus dimanche et les résultats complets de l’élection présidentielle probablement disponibles mardi.
Les candidats en lice
Le vice-président et ancien banquier central Mahamudu Bawumia et l’ex-président d’opposition John Mahama mènent une course serrée, marquée par une crise économique croissante. Tous deux sont originaires de la région historiquement défavorisée du nord du pays, qui pourrait bien décider de l’issue de cette élection, contrairement aux élections passées où les électeurs du sud avaient un rôle plus influent.
Contexte politique
Le président Nana Akufo-Addo se retirera après avoir exercé deux mandats consécutifs, conformément à la loi. Les électeurs éliront également le nouveau parlement du pays lors de ces élections, avec environ 18,8 millions de personnes enregistrées pour voter dans une nation de 34 millions d’habitants. Le taux de participation lors des élections précédentes était d’environ 70 %.
Mesures de sécurité
Le gouvernement ghanéen a temporairement fermé toutes les frontières terrestres de vendredi soir à dimanche pour « garantir l’intégrité » du vote, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Les enjeux économiques
Avec une histoire de stabilité politique, les deux principaux partis du Ghana, le Nouveau Parti Patriotique (NPP) et le Congrès National Démocratique (NDC), se sont alternés au pouvoir de manière presque équitable depuis 1992. Aucun des deux partis n’a réussi à « briser le huit » en remportant trois mandats présidentiels consécutifs.
Le NPP espère que leur candidat, Bawumia, pourra les mener vers un troisième mandat inédit. Cependant, le parti a du mal à se défaire des critiques concernant le bilan économique d’Akufo-Addo.
Les promesses des candidats
L’économie en difficulté du Ghana est devenue le principal enjeu électoral après que le pays, producteur d’or et de cacao en Afrique de l’Ouest, ait connu un défaut de paiement de sa dette, une inflation élevée et des négociations pour un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars du FMI.
Bawumia, économiste ayant étudié au Royaume-Uni, a promis de poursuivre les plans gouvernementaux de numérisation pour faciliter les affaires ainsi que des programmes d’éducation et de santé gratuits. « Je sais ce que je veux faire dès le premier jour de ma présidence. Donnez-moi la chance de transformer cette nation », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de clôture à Accra.
Les défis à relever
Le candidat d’opposition, Mahama, qui a été président de 2012 à 2017, a échoué à deux reprises lors de ses tentatives présidentielles depuis. Il a promis de « réinitialiser » le Ghana et d’introduire une « économie de 24 heures », en prolongeant les heures industrielles pour créer des emplois et augmenter la production, et de renégocier certaines parties du programme d’emprunt du pays avec le FMI.
La propagation de l’exploitation illégale de l’or est également devenue un enjeu électoral. Akufo-Addo avait promis d’arrêter cette pratique illégale, mais elle s’est étendue, empoisonnant les rivières et affectant les terres agricoles de cacao, une source majeure de revenus d’exportation.
Risques géopolitiques
Le Ghana fait également face à un risque croissant de débordement de conflits dans ses régions nordiques en provenance du Niger et du Burkina Faso, où des gouvernements militaires sont au pouvoir après des coups d’État.
Souvent considéré comme un modèle de stabilité politique dans une région secouée par les coups d’État et l’insécurité, le Ghana a néanmoins montré récemment des signes d’agitation au sein de son parlement.
En 2021, lors de l’inauguration du parlement, des soldats étaient intervenus pour rétablir l’ordre après une bagarre ouverte entre les membres du NPP au pouvoir et du NDC d’opposition.